Une évocation séduisante de l’enfance de Kenneth Branagh, en 1969, sur fond de conflit religieux, et qui s’éloigne plaisamment du réalisme attendu.

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En août 1969, une véritable guerre des religions embrase l’Irlande du Nord. Les protestants, majoritaires, entendent chasser les catholiques. Des factions sèment la terreur dans les rues et veulent contraindre tout le monde à prendre parti. Le petit Buddy, double de Kenneth Branagh, enfant d’une famille protestante, voit ainsi son quotidien changer du tout au tout et la violence s’installer dans le voisinage, jusque sur le seuil de la maison : des hommes reprochent à son père sa neutralité dans le conflit et le menacent de mort, déclenchant le scénario d’un possible départ vers l’Angleterre.

Cinéaste (et acteur) populaire depuis plus de trente ans, Branagh ne peut, ne veut se contenter d’une autofiction centrée sur lui-même. Le film de sa vie est aussi le manifeste de ce rassembleur emblématique du cinéma et de la scène britanniques, avec un pied à Hollywood et un sens du divertissement grand public.

L’idéalisation assumée du passé familial culmine avec le regard porté sur les parents. Jamie Dornan (le héros de Cinquante Nuances de Grey et de la série The Fall) et Caitriona Balfe (vue dans Le Mans 66) incarnent ce couple. Leur séduction, leur perfection en tout point désignent, d’emblée, un autre horizon que l’évocation historique réaliste. Plus le film avance, plus il emprunte aux genres de cinéma populaire entraperçus dans les salles de Belfast en 1969. Un numéro de comédie musicale interprété par ces parents de rêve s’insère donc parfaitement parmi les dernières scènes, au son d’un tube éloquent de la fin des années 1960 : Everlasting Love.