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- Bravo

Publié le 12 août 2020 à 06h00
Mis à jour le 13 mai 2024 à 15h14
Ce fut le premier film de Xavier Dolan sans accent québécois (les acteurs sont tous français), et le fait que le style du cinéaste ait été préservé en dépit de sa signature sonore tient lieu de petit miracle. L’équilibre — le déséquilibre, plutôt — entre outrance et acuité, entre drame et comédie, est bien là, mais dans une autre « musique ». Presque une langue différente. D’emblée, il y a la force de la pièce de Jean-Luc Lagarce. L’impossibilité de la communication entre ces êtres. Le héros, 34 ans, revient dans sa famille provinciale avec le projet d’annoncer sa mort prochaine. Mais il n’arrive pas à dire. Les autres ne veulent pas, ne peuvent pas entendre. C’est un moment où toutes les névroses familiales, les jalousies, les frustrations, mais aussi les adorations, encore plus inavouables, se rejouent une dernière fois, dans le chaos. Dolan ne commet pas l’erreur de fuir le théâtre : il le revendique, comme pour Tom à la ferme. Des bouffées de lyrisme impromptues, sans paroles, viennent régulièrement suspendre la dispute. Tout se joue sur les visages en gros plan, dans les échanges de regards, d’une intensité magnifique. Faire jouer à cinq acteurs célèbres et rayonnants une partition aussi noire, radicale et minoritaire, voilà un geste artistique fort et ambitieux.
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