Sur les traces d’une insaisissable créature de l’Himalaya, une ode à la nature, hypnotique et mystérieuse, aux images superbes.
- r
- Très Bien

Publié le 14 décembre 2021 à 11h18
Mis à jour le 19 décembre 2023 à 14h56
L‘un aime courir les chemins de traverse et le raconter dans des livres. L’autre a fait de l’affût, immobile et silencieux, sur la piste des bêtes sauvages, une raison de vivre. L’écrivain Sylvain Tesson et le photographe animalier Vincent Munier font cette fois route commune sur les hauts plateaux du Tibet, unis par une amitié de baroudeurs et l’obsession d’une rencontre. Celle de la panthère des neiges, créature furtive et insaisissable.
Avec la ferveur de pèlerins espérant une apparition miraculeuse, filmés sobrement par Marie Amiguet, les deux hommes bravent la rigueur de l’hiver himalayen dans une longue quête des sommets. De plateaux en canyons, des steppes balayées par la poussière aux crêtes poudrées de neige, ces chasseurs tranquilles, armés seulement de paires de jumelles et d’un téléobjectif, se fondent dans le paysage à la manière des animaux qu’ils contemplent. Offrant le spectacle d’une poétique partie de cache-cache, ponctuée par les chuchotis du photographe initiant l’écrivain au déchiffrage des signaux ténus — empreintes, odeurs… —qui conduiront peut-être jusqu’à la bête fauve.
De cette quête délicate, Tesson avait déjà tiré un récit étincelant, dans lequel il célébrait l’affût comme style de vie et déplorait le lien distendu de l’homme avec la nature. Bien plus qu’une adaptation de l’ouvrage à succès, le documentaire raconte avec son propre regard, aussi épuré que subtil, cette épopée. Entre observation amoureuse du vivant et récit d’aventures introspectif, l’itinérance est rehaussée par le spectacle hypnotique de paysages à la beauté primitive, graciles estampes minérales entre ciel et terre.
Bête à fantasmes, la panthère des neiges apporte au récit son fil narratif et sert de moteur au suspense, objet d’une excitation quasi enfantine et contagieuse, qui évoque le yéti de Tintin au Tibet ou la baleine blanche de Moby Dick. Un animal de légende teintant de son aura de mystère ce manifeste de vie contemplative, qui est aussi une célébration de la beauté à l’état sauvage.
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