Scorsese surprit avec ce bel ouvrage stylisé sur une société corsetée. Mais l’histoire de Newland Archer n’est rien d’autre, comme toujours chez le cinéaste, que celle d’une victime des codes de son monde. Violence étouffée sous la dentelle de Michelle Pfeiffer.

New York, 1870. Avocat, dandy, grand bourgeois, Newland Archer se fiance sagement à May Welland, une jeune fille de son milieu, lisse et bien née. Mais c’est d’une autre, anticonformiste et mal mariée, qu’il tombe amoureux…

Apparemment, Martin Scorsese s’éloignait ici de son univers habituel. Pourtant, Archer se révèle le parent élégant de Henry Hill, héros des Affranchis. Henry, fasciné par la Mafia, s’y forge une personnalité factice. Newland, à l’inverse, tente d’échapper, grâce à la passion, à l’univers qui l’a façonné. Mais le résultat est identique : les individualités sont écrasées.

Habile, le cinéaste traite à peine l’histoire d’amour. Le décor, fastueux, prend le pouvoir. Les objets