Film de Jacques Rozier (France, 1976). Image : Colin Mounier. Musique : Nana Vasconcelos. 140 mn. Avec Pierre Richard, Maurice Risch, Jacques Villeret, Jean-François Balmer, Patrick Chesnais, Caroline Cartier, Tanya Lopert.

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• Bof

| Genre : aventures singulières.

Dans Les Naufragés de l'île de la Tortue, perle perdue puis retrouvée, il n'y a pas vraiment de naufrage et aucune tortue en vue. Normal, c'est un film de Jacques Rozier, une petite entreprise en liberté, qui annonce une couleur et dérive vers une autre. Une comédie qui vaut plus par ses creux que par ses vagues et où les gags sont bien trop rêveurs pour penser à être efficaces. Une aventure de cinéma incertaine, franc-tireuse, avec un budget et un scénario épais comme un ticket SNCF et une poignée de débutants (Jacques Villeret, Patrick Chesnais et Jean-François Balmer), engagés au petit bonheur la chance et l'amitié. Avec Rozier à la barre, on est loin du voyage organisé.

C'est pourtant dans une agence de... voyages que l'histoire commence. Bonaventure (Pierre Richard) et Gros Nono (Maurice Risch) ont une idée : proposer à leurs clients une formule « Robinson, démerde-toi » sur une île déserte ! Les premiers clients déchanteront rapidement... De plus en plus râleurs, de plus en plus inquiets, comme toute personne embringuée sur un tournage de Rozier !

Ce film-voilier navigue ainsi entre petites pannes (de moteurs, de montage aussi...) et pics doux dingues jusqu'à un cul-de-sac aussi prometteur que l'horizon. Les acteurs y sont libres comme nulle part ailleurs, à la fois complices et éberlués devant tant d'inconscience et d'authenticité. Il faut voir Les Naufragés de l'île de la Tortue comme on vit une expérience à part, comme on partage une fugue farceuse, comme on prend son billet pour un îlot de cinéma sans comparaison. Et, surtout, comme dans tout vrai voyage, en goûter les temps morts.