Ripailles, cliquetis d’épées et vilenies de cour : les personnages de Dumas, remis au goût du jour, enfièvrent une énième fois un blockbuster divertissant.
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Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï. Photo Julien Panié - Chapter 2 - Pathé Films
Publié le 04 avril 2023 à 12h00
Mis à jour le 30 août 2024 à 17h24
Increvables, les (super-)héros d’Alexandre Dumas virevoltent à l’écran depuis le temps du muet. Selon que l’on chérisse la version Technicolor et bondissante de George Sidney (1948), le pastiche luxueux de Richard Lester (1973) ou la mélancolie souriante de Bertrand Tavernier (1994), d’Artagnan adopte, dans le tri sélectif de la mémoire, les traits de Gene Kelly, Michael York ou Philippe Noiret — trois parmi des légions. Chez Martin Bourboulon, le cadet gascon censé convertir la jeunesse au cinéma de cape et d’épée possède la fougue et la candeur (relativement) juvénile de François Civil (Le Chant du loup, Bac Nord), bonne pioche d’un casting qui en compte d’autres : Vicky Krieps (Anne d’Autriche), Éric Ruf (Richelieu). Sans oublier Louis Garrel : d’une drôlerie irrésistible, son Louis XIII, tout en autorité maladroite et jalousie téléguidée, avec sa diction étrange, fait regretter qu’il ne s’agisse pas d’un royal biopic.
Autour de d’Artagnan, les mousquetaires composent un bouquet contrasté de masculinités contemplées depuis le XXIe siècle. Vincent Cassel campe un Athos vieillissant, accablé d’avoir trahi son grand amour et bientôt accusé de féminicide — péripétie ajoutée par les scénaristes, de même qu’un complot religieux et un attentat, carrément, au cas où on s’ennuierait avec la seule affaire des ferrets de la reine relatée par Dumas… Romain Duris, relooké en pirate des Caraïbes, s’empare de la conscience élastique d’Aramis, tandis que le Porthos de Pio Marmaï se révèle rigolard, ripailleur et bisexuel, et pourquoi pas ?
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Bizarrement, la remise au goût du jour passe à la fois par ce dépoussiérage et par le choix, assez hideux, d’une photo comme passée au brou de noix, histoire de « faire époque ». Capable du bon (Papa ou maman) comme du pire (Eiffel), Martin Bourboulon emmène cette aventure pantagruélique au pas de charge, plongeant en plan-séquence dans la mêlée agitée d’un combat à l’épée ou tenant au contraire un affrontement hors champ, appuyant les effets dans les intrigues de cour mais s’amusant, à raison, des vénéneuses vilenies de Milady. Il faut dire qu’Eva Green, sapée en héroïne de manga, semble née pour jouer l’illustre méchante. Si le grand public est au rendez-vous de ce divertissant blockbuster tricolore, il aura sûrement envie de la retrouver en majesté dans le deuxième volet, le 13 décembre. En tout cas, chez Pathé, il y en a qui croisent les doigts.
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