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- Très Bien

Publié le 25 octobre 2023 à 16h00
Une rue vide et calme, baignée dans une clarté rousse de fin d’après-midi. Face à face, deux gamins se figent, hésitent, rougissent. Et puis, brusquement, le garçon demande à la fille : « Entre les jours pluvieux, nuageux et ensoleillés, quel temps tu préfères ? » Silence. Attente insoutenable. Et puis elle dit : « Nuageux ! » et tout s’éclaire. Il sourit, enchanté : « Comme moi »… Et détale en courant. Première histoire d’amour, du début à la fin.
Une « goutte » de souvenir parmi d’autres, toutes aussi ténues, aussi subtiles, dans la vie de Taeko, jeune femme presque trentenaire, qui repense à l’année de ses 10 ans, dans le Japon des années 1960 : camarades de classe, grandes sœurs énervantes, parents traditionnels, grands rêves et petites déceptions… Moins connue que Le Tombeau des lucioles ou Pompoko, cette belle fresque animée, tout en rondeurs crayonnées et en introspection tendre, adaptée d’un manga de Hotaru Okamoto et Yūko Tone, porte la marque de son créateur inspiré, Isao Takahata, « l’autre » génie du studio Ghibli avec Hayao Miyazaki, dont il fut l’ami, le collaborateur et le complice jusqu’à sa mort, en avril 2018.
Dentelle délicate de moments quotidiens, entre passé et présent, ce film de 1991 en rappelle un autre, bien plus célèbre, que Takahata réalisera quelques années plus tard : Mes voisins les Yamada, ou la chronique d’une famille japonaise ordinaire. Même soin minutieux du détail, même observation douce, vivante et gentiment railleuse de la vie quotidienne. Sauf qu’ici le portrait se resserre sur une seule personne, l’enthousiaste et sensible Taeko, qui a besoin de replonger aux origines de sa vie de femme, à l’orée de l’adolescence, pour choisir son avenir.
Le film accompagne sa version adulte et citadine en vacances, dans une campagne bruissante et lumineuse, presque idéalisée, entre rizières et champs de fleurs, et observe son hésitation : se marier, ici, et changer radicalement d’existence, ou rester travailler, seule et libre, là-bas, à Tokyo ? La réponse se tisse peu à peu, une maille d’aujourd’hui, une maille d’hier, aux couleurs poudreuses d’un beau film intimiste, réaliste et rêveur.
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