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- Bien

Publié le 31 janvier 2019 à 20h00
Mis à jour le 08 août 2024 à 12h11
Depuis des décennies, l’élégant Forrest Tucker (Robert Redford) dévalise tout ce que le Sud des Etats-Unis compte d’agences bancaires, sans jamais dérober de sommes extravagantes ni faire de victimes. Pour ce faire, l’intéressé a une arme infaillible. Pas son flingue – qu’il porte au revers de la veste et n’utilise jamais – mais son sourire – qu’il dégaine, lui, à tous les coups.
Et il n’y a pas que les guichetières qui tombent : Jewel (Sissi Spacek), rencontrée sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute à l’occasion d’une énième cavale, craque elle aussi (sans y laisser le moindre dollar !) devant le charme ravageur du gentleman braqueur. La séduction est telle que même John Hunt (Casey Affleck), flic chargé de l’intercepter, se révèle assez tenté de le laisser filer…
Tiré d’une histoire vraie et, surtout, de la version romancée que le journaliste et écrivain David Grann en a livré dans les colonnes du New Yorker (les anglophones et les grannophiles pourront le lire par ici), le film du cinéaste David Lowery (révélé en 2013 par Les Amants du Texas, son premier long métrage présenté à Sundance, le festival fondé par l’acteur) est, surtout, l’ultime apparition sur grand écran de l’icône Redford, 82 ans, après soixante ans de carrière sous les projecteurs. C’est à cette aune que l’on regarde, avec tendresse, amusement, et une certaine indulgence (le volet sentimental est assez raté) cette histoire à la Arrête-moi si tu peux, en version troisième âge mais avec un unique déguisement – grand chapeau et moustache postiche.
Par une succession de métaphores et clins d’œil plus ou moins appuyés (la figure du bandit séducteur, le goût du jeu, l'art de l'évasion…), c’est la carrière de Redford que l’on revit dans cet Old Man and The Gun, qu’il a produit. Derrière ce visage aujourd’hui si parcheminé que le qualificatif semble avoir été inventé pour lui, on a successivement cru voir renaître, le temps d’un instant, le « Sundance Kid », L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, ou encore l’un des Quatre Malfrats. David Lowery l’assume, qui glisse au détour d’un dossier de police épais comme trois annuaires des PTT, une collection de clichés du comédien-réalisateur-producteur à travers les âges, comme sortis d’un album de famille. On regarde avec un peu d’émotion et de nostalgie le rideau tomber sur cet acteur de légende, tout en gardant en tête que sa dernière vraie belle partition sur grand écran, Redford l’a livrée il y a quelques années, dans All Is Lost de JC Chandor.
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