Né à Salt Lake City, d'une famille d'origine italienne, il est mineur dès l'âge de douze ans. Il s'enfuit de chez lui, exerce plusieurs métiers et se fait embaucher comme accessoiriste puis comme acteur à Hollywood, où il interprète des petits rôles pour Ince et les productions Bison.
À partir de 1916, il commence à diriger des films dont il écrit souvent le scénario. Son premier chef-d'oeuvre est L'Heure suprême qui ouvre la deuxième période de sa carrière, de 1927 à 1940, celle des oeuvres majeures (L'Heure suprême,
La Femme au corbeau, L'Adieu aux armes,
Secrets,
Ceux de la zone,
Trois camarades, La Tempête qui tue, ...), où se reconnaît la "Borzage's touch", une transfiguration du mélo quotidien, une exaltation de l'amour fou cher au surréalisme (L'Heure suprême), un hymne au couple que ne peuvent séparer ni la misère, ni la guerre, ni même la mort. Pour comprendre cette "Borzage's touch", il suffit de voir le traitement que fait subir à L'Adieu aux armes d'Ernest Hemingway le metteur en scène : il en fait un "poème d'amour fou" (Henri Agel). Borzage est le cinéaste du délire. Dans
La Femme au corbeau, son chef-d'oeuvre du muet, le héros, pour montrer à celle qu'il aime la force de sa volonté, sort une nuit d'orage, à demi nu. Pris de congestion, il s'écroule, inanimé. C'est l'héroïne qui, dans la scène érotique la plus célèbre du cinéma, se couchera nue sur lui pour lui communiquer sa chaleur. Le western lui-même n'est plus que prétexte :
Secrets vaut moins pour les scènes d'action, dont le siège de la cabane, que pour la peinture d'un amour qui résiste à toutes les épreuves, dont la mort d'un enfant. Cet amour transcende les milieux ; que l'on se rappelle l'ouverture de
Ceux de la zone :
Spencer Tracy n'est qu'un faux riche portant frac et chapeau-claque. Sous son plastron s'allume une réclame. Il invitera pourtant
Loretta Young, affamée, dans le restaurant dont il assure la publicité ; il la conduira ensuite, toujours éblouie, dans un campement de clochards sous un pont de Brooklyn. En fait, Borzage marie humour et mélodrame, fantaisie et mysticisme, passant sans problème de
Le destin se joue la nuit à
Le Cargo maudit, de la tragi-comédie à l'allégorie. Ses comédies sont amusantes (cf. le ballet des maîtres d'hôtel dans La Soeur de son valet). Mais il fut aussi l'un des réalisateurs les plus attentifs à suivre et à dénoncer la montée du nazisme (La Tempête qui tue).