Connu pour...
Jules Eugène Louis Jouvet, est né en Bretagne, à Crozon (Finistère), le 24 décembre 1887. Orphelin de père à 14 ans, il part vivre avec sa mère chez son oncle qui est apothicaire à Rethel dans les Ardennes. Élève studieux et docile, sa famille l'oblige à entreprendre des études pour devenir pharmacien, à Toulouse. À partir de 1904, il étudie à la faculté de Paris, mais passe tout son temps libre dans les théâtres amateurs de l'époque: dans la troupe de Léon Noël, puis celle du Théâtre d'Action d'Art (il part alors en province jouer devant des auditoires populaires), ensuite celle du Théâtre des Arts, puis à l'Odéon, et au Châtelet. En parallèle, il se présente au concours d'entrée du Conservatoire d'Art dramatique de Paris, où il sera recalé trois fois (comme Bernard Blier, Dominique Blanc ou Antoine Vitez).
En 1912, son diplôme de pharmacien en poche, Louis Jouvet se marie avec Else Collin, avec laquelle il aura trois enfants. À cette époque il court les cachets et fera ainsi une courte apparition dans un film aux côtés de Harry Baur.
En 1913, il est engagé avec son ami Charles Dullin par Jacques Copeau directeur du Théâtre du Vieux-Colombier. C'est un véritable tournant dans sa carrière : il y est régisseur, décorateur, assistant et enfin comédien. Il masque alors son bégaiement par une diction syncopée qui le rendra célèbre par la suite .
En 1914, la Première Guerre mondiale éclate, Louis Jouvet est mobilisé comme ambulancier, puis comme médecin auxiliaire. Démobilisé en 1917, il retrouve la troupe du Vieux-Colombier.
En novembre 1917, la troupe du Vieux-Colombier s'installe à New York, au Garrick Theater, pour deux saisons. Le succès obtenu n'est pas à la hauteur des attentes ; les relations entre Jouvet et Copeau se dégradent.
En 1920, c'est le retour à Paris : le Vieux-Colombier rouvre ses portes.
En 1922, Jouvet rompt avec Jacques Copeau. Commence alors sa carrière de metteur en scène, il installe sa propre troupe au théâtre des Champs-Élysées où il remporte l'année suivante son premier grand succès avec Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains, qu'il jouera 1500 fois.
En 1928, il rencontre Jean Giraudoux dont il crée plusieurs pièces. À partir de 1935, il dirige le théâtre de l'Athénée où il donne la première de La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), d'Ondine (1939).
Gaston Baty, Charles Dullin, Georges Pitoëff et Jouvet fondent le 6 juillet 1927 une association d'entraide, le « Cartel des Quatre », qui durera jusqu'en 1940. L'objectif : faire en sorte que le théâtre crée une poésie qui lui soit propre, et faire jouer des auteurs contemporains.
On lui propose la direction de la Comédie-Française, qu'il refuse car il est trop occupé par celle de son propre théâtre. À l'Athénée, il triomphe avec des oeuvres de Molière, celles écrites par son ami Jean Giraudoux, et diverses autres issues du répertoire classique.
Il assume de juin 1940 à juin 1941 le contrôle des grands théâtres nationaux, puis part en tournée avec sa troupe en Amérique latine, accompagné pendant un temps par sa secrétaire Charlotte Delbo. Celle-ci choisit de rentrer en France le 15 novembre 1941 pour rejoindre la Résistance. En effet, le voyage de la troupe est clairement, au début, une tournée de propagande du gouvernement de Vichy : les ambassadeurs d'Allemagne et de Vichy, assistent aux représentations et du matériel de propagande est distribué lors des représentations. Durant cette période, il crée notamment L'Apollon de Bellac de Jean Giraudoux et L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel à Rio de Janeiro.
Il ne revient en France qu'en 1945. Les liens de sa tournée en Amérique latine avec Vichy ont été rompus en 1943 et le sort de Charlotte Delbo a marqué les esprits : elle a été arrêtée en 1942 et déportée à Auschwitz. Jouvet est reçu par le général de Gaulle. Les travaux de Denis Rolland sur les archives de la tournée ont insisté sur les ambiguïtés de cette tournée, au moins jusqu'en 1943..
Louis Jouvet reprend la direction du théâtre de l'Athénée qui depuis lui a accolé son nom. Là il crée La Folle de Chaillot (1945). Le 30 juillet 1950, il reçoit la Légion d'honneur. Il aide également les nouvelles figures du théâtre et de la décentralisation théâtrale, Maurice Sarrazin, André Barsacq, Jean-Louis Barrault et Jean Vilar notamment, et met en scène Le Diable et le Bon Dieu, pièce écrite par Jean-Paul Sartre en 1951 au Théâtre Antoine à Paris. Le soir de la première, il est à Toulouse, où il prodigue ses conseils au jeune directeur du nouveau Centre Dramatique, M. Sarrazin!
Malade du coeur, il meurt à la suite d'un infarctus dans son théâtre, alors qu'il dirigeait une répétition de la pièce La Puissance et la Gloire, d'après Graham Greene.