Cannes 2015 : Mia Madre de Nanni Moretti
Cinquième film présenté en compétition à Cannes 2015, Mia Madre permet à Nanni Moretti de revenir une nouvelle fois sur la Croisette, pour nous parler de ce qu'il connait le mieux : le métier de réalisateur (et en l'occurrence, à travers une réalisatrice).
Film italien de 1h42. Palme d'Or en 2001 pour La Chambre du fils, Nanni Moretti revient dans la compétition avec Mia Madre. Dans ce long métrage, le réalisateur italien brosse le portrait de Margherita, cinéaste en plein tourment. Côté travail, elle doit faire face à un ingérable acteur. Côté famille, elle tente de garder le contrôle de sa vie, malgré son impuissance face à la maladie de sa mère et à la crise d’adolescence de sa fille. C'est Margherita Buy qui a été choisie pour camper le rôle de la réalisatrice. L’actrice avait auparavant collaboré avec Nanni Moretti dans Habemus Papam et Le Caïman. Mais surtout, elle donne la réplique à John Turturro, l’acteur qui a conduit les frères Coen, présidents du jury, à la Palme d’Or. Même chose avec Moretti ?
Une scène
Le film mélange régulièrement réalité et fantasme. Sur certaines scènes, le doute n'est pas permis : il ne peut s'agir que d'un rêve (une file d'attente infinie devant un cinéma, par exemple). Mais sur d'autres, le spectateur est amené à se poser la question pendant quasiment l'intégralité de la séquence. Sur une en particulier : après s'être réveillée en sursaut d'un de ces cauchemars, l'héroïne se rend compte que tout son appartement a été inondé par les eaux durant la nuit. La voilà donc qui erre lentement sur son parquet, à tenter vainement d'éponger le tout avec du papier journal. De quoi se demander si elle est bel et bien éveillée, ou s'il s'agit d'une séquence de rêve dans le rêve (on n'est pas loin des Griffes de la Nuit !). Mais là où cette scène est particulièrement intéressante, c'est qu'elle fait un écho direct à une scène de rêve similaire présente dans Amour, Palme d'Or en 2012. Une récompense qui avait été remise à Michael Haneke par nul autre que - suspense - Nanni Moretti, alors président de cette édition ! Preuve qu'une nouvelle fois, il n'y a pas de hasard dans le petit monde du cinéma.
Open Bar
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Bien souvent avec Moretti, on tombe sur des cocktails peu surprenants en bouche mais tout de même bien agréables au palais. Et c'est encore le cas ici, en prenant une bonne dose de La Nuit Américaine pour la plongée dans le quotidien d'un tournage. N'hésitez pas à verser quelques cuillères à soupe de The Big Lebowski afin d'épicer le tout d'un Turturro haut en couleurs. Mais surtout, n'oubliez pas de parfaire votre boisson à l'aide d'une oignonade de Quelques heures de printemps, pour la relation mère/enfant(s) qui fait monter les larmes.
Bruits de Croisette
A priori, le public a majoritairement bien réagi au film. Pour certains, il s'agirait même déjà de leur "Palme du coeur" (ne les jugeons sur l'utilisation d'une expression pareille). Quand d'autres ont tout simplement eu beaucoup de mal à s'en remettre : "Ça m'a terrassé. J'ai dû m'isoler sur la plage pour récupérer un peu". Et on les comprend.
Cinémojis
Pour les plus pressés, voici le film résumé en quelques émojis :
Le juste prix
Ça fait bien longtemps que l'on sait que John Turturro a un énorme potentiel comique. Ce que Moretti sait très bien lui aussi, en offrant ici au comédien italo-américain le rôle d'un acteur américain légèrement excentrique et mythomane, ayant un peu de mal à apprendre son texte. Alors quand il s'agit de lui faire conduire une voiture pour de faux, tout en débitant ses répliques en italien, ça donne forcément lieu à une scène hilarante où l'on voit un Turturro incapable de jouer correctement, et remuant son volant dans tous les sens tel Sean Connery dans son Aston Martin. Il remporte donc haut la main la Palme James Bond de l'acteur qui tourne son volant n'importe comment pour faire croire qu'il est en train de conduire.