I Love you Richard Jenkins
Les mégastars sont tout en haut, à se la couler douce dans le penthouse de la renommée. Will, Johnny, Brad, Scarlett, Leonardo ou Angelina peuvent par leur simple nom doper les résultats d'un film au box-office. Juste en dessous il y a la B-list pleine d'apprenties vedettes et de wannabees que nous allons vous apprendre à aimer...
Cher Richard,
Avant d'être un second rôle récurrent sur grand écran, c'est via la petite lucarne qu'on fut très nombreux, dans ce pays, à t'avoir découvert. Qui ne se souvient pas du fantômatique père de la famille Fisher dans la série Six Feet Under? Alcoolique, coureur de jupons, parfois cruel et cynique, tu y renvoyais pourtant l'image d'un père attachant trop tôt disparu et qui revenait hanter la maison des croques-mort pour les aider à se sortir de leurs tracas quotidiens.
En marge du petit écran, ce sont les frères Coen qui t'ont fait connaître aux yeux du grand public. Avec des rôles marquant dans The Barber, l'homme qui n'était pas là, Intolérable Cruauté et Burn after reading, tu as acquis très vite un statut d'homme costaud et sympathique mais pas vraiment respectable, au visage buriné sur un grand corps et parlant d'une voix rauquissime. Dans The Barber, première collaboration avec les Coen, tu interprètes le père de la mignonnette Scarlett "Birdy" Johansson, un avocat trop porté sur la bouteille pour être cohérent :
Walter extrait de The Barber : l'homme qui n'était pas là
Ce rôle de père instable, tu le perds assez rapidement pour incarner une succession de pères variés, célibataire, veuf ou remarié. Premier cas marquant : le rôle du docteur Robert Doback dans Frangins malgré eux d'Adam McKay. Père de John C. Reilly, tu rencontres Mary Steenburgen, la mère de Will Ferrell et tu deviens très rapidement dépassé par le comportement puéril et invivable des demi-frères quarantenaires et ennemis qui vont entraîner pétages de câbles et autres grosses colère. En voici une illustration, on peut au passage constater avec quel talent tu joues l'agacement à fleur de peau et l'autorité paternelle :
Punition extrait de Frangins malgré eux
L'année précédente, tu incarnais l'unique premier rôle d'un film indépendant couronné de succès à Deauville en 2007, The Visitor. Tu y joues, pour l'unique fois de ta carrière, un premier rôle : celui d'un professeur d'université également auteur et musicien, homme solitaire au quotidien morne qui rencontre un couple de squatteurs immigrés à New-York, et reprend grâce à eux goût à la vie, passant du piano au djembé... Démonstration :
Intrusion involontaire extrait de The Visitor
Cette année, deux films t'ont une fois de plus offert des rôles de patriarches. Le premier est un mélo raté signé Lasse Hallström (auteur du Chocolat entre autres) qui t'offre pourtant un rôle touchant de veuf taiseux obsédé par sa collection de pièces de monnaie. Seul élément à retenir de ce film facilement oubliable : ta prestation toute en finesse et sans trop de pathos d'une nouvelle figure paternelle vulnérable.
"J'aime bien ton père" extrait de Cher John
Enfin, depuis mercredi, à l'affiche de Laisse-moi entrer, remake de Morse dont on vous parle ici, on peut te voir en père prêt à tout pour que sa fille reste en vie malgré une maladie peu banale : c'est un vampire...
Let me close extrait de Laisse-moi entrer
Pour la suite, on t'attend vivement dans la prochaine production des frères Farrelly, une autre belle fratrie de cinéastes américains avec qui tu collabores pour de petits rôles depuis Mary à tout prix.