GRANDPA'S POWER

Indian Palace et la comédie pour seniors

Dossier | Par Cynthia Bertin | Le 15 mai 2012 à 12h12

Indian Palace, de son titre original The Best Exotic Marigold Hotel, est sorti dans les salles ce mercredi. Il met en scène un petit groupe de personnes âgées qui décident de vivre leur retraite en Inde, dans un hôtel de luxe. Cette comédie nous permet donc de nous interroger sur la place des seniors au cinéma. En effet, avec le vieillissement de la population, cette part est devenue en quelques dizaines d'années une cible cool et privilégiée des médias.

Depuis quelques années, cela n'a échappé à personne, les personnes âgées sont de plus en plus présentes au cinéma. Dans les publicités, elles ne servent plus seulement à vanter les couches pour fuites urinaires, désormais elles jouent aussi à la console de jeu et sont parfois plus au courant des nouvelles technologies que les jeunes générations. C'est aussi le cas au cinéma. Un paradoxe quand on voit que la jeunesse est prônée partout ailleurs, avec des actrices de plus en jeunes que l'on sexualise de plus en plus tôt, comme Chloë Moretz (notamment dans le prochain Hick) ou certains acteurs qu'on préfère également vieillir comme Léonardo DiCaprio au lieu d'engager un acteur déjà vieux comme on vous le disait déjà dans cet article. Pourtant les seniors et leurs histoires semblent avoir la côte. Une façon de revisiter les genres en les intégrant aux récits jadis réservés aux plus jeunes ?

Une image qui évolue

On les voyait souvent seuls, reclus, un peu grincheux, avec quelques ennuis de santé, ou même proches de la mort. Les exemples ne manquent pas : Clint Eastwood dans Gran Torino, un vieux ronchon qui révèlera finalement un coeur d'or, André Dussollier dans Cortex, vieux plutôt actif mais atteint de la maladie d'Alzheimer ou encore, dans Sans plus attendre, où Jack Nicholson et Morgan Freeman voulaient profiter de la vie avant de passer l'arme à gauche.

Mais ces derniers temps, la mode est au vieux vaillant. Gentil, plein de vie, plein d'espoir, il aime rire et passer du temps avec ses amis. Être vieux est devenu « in ». Dans une société qui a tendance à vieillir, tout a changé. On perd sa virginité plus tard (parfois pas avant 40 ans d'après le film de Judd Apatow), on a du mal à quitter ses potes et s'intaller en couple pour fonder une famille (Mes Meilleures amies par exemple). Cette vie de famille, routinière est souvent perçue comme contraignante au cinéma (comme dans Échange standard) et la vieillesse permet d'acquérir une nouvelle liberté et même une seconde jeunesse. C'est exactement ce que l'on retrouve dans Indian Palace de John Madden, le réalisateur de Shakespeare in Love, dont le casting regroupe la crème du cinéma anglais : Maggie Smith, Bill Nighty, ou encore Tom Wilkinson. Au début du film, nos petits vieux ne sont pas tous très avenants. Maggie Smith joue même les femmes craintives et racistes. Le personnage de Judi Dench n'a rien accompli de sa vie et celui de Bill Nighy se fait mener à la baguette par sa femme. Bien évidemment, à travers ce voyage, chacun entame une quête intérieure et finira par s'apaiser, trouver le bonheur. Une nouvelle jeunesse pour tous ces personnages, qui vont vivre des expériences plus ou moins inédites, bousculant ainsi leur vie morose. Une libéralisation des moeurs dont ils profitent à retardement ?


Accueil improvisé, extrait de Indian Palace

Des vieux plus djeuns que les vrais jeunes

Les vieux peuvent eux aussi retomber amoureux comme au premier jour. Aussi timides que des adolescents, ils expérimentent et se réinventent sans cesse. Indian Palace permet finalement de revisiter la comédie romantique avec un casting plus âgé qu'à l'accoutumée. Une manière de donner du renouveau à un genre qui semble en pleine décrépitude. Dans Calendar Girls, une autre comédie british, des retraitées n'hésitent pas à se montrer nues pour poser dans des calendriers. Elles n'ont pas des corps de playmates mais elles assument leur âge et leurs corps. Et si elles choquent par leur démarche au début du film elles sont finalement saluées pour leur audace. Les groupes du troisième âge sont filmés avec tendresse et cela prouve que l'âge n'a finalement pas vraiment d'importance. Tout est dans la tête et c'est ce que nous prouve la comédie d'action Red par exemple où il est encore question d'un groupe d'anciens (des espions cette fois-ci) qui ne supportent pas l'inactivité et décide de repartir pour une dernière mission. A l'inverse de tous ces jeunes qui préfèrent passer du temps chez eux pour glander devant la télévision.

Plus de tabous

Nos papys et mamies savent d'ailleurs utiliser les nouvelles technologies comme les téléphones portables ou Internet. Le personnage de Julie Dench tient même un blog où elle raconte sa vie à la manière d'un journal intime tout en partageant des photos pour que ses enfants (qui ignorent ce qu'est un blog) puissent prendre de ses nouvelles. Dans The Expendables, les gros bras des films d'action des années 1980 se regroupent pour casser la gueule aux méchants. Il ne paraît ridicule à personne que le botoxé Mickey Rourke soit toujours à la recherche d'un amour pur pendant que ses vieux copains se battent avec vigueur. Les héros ont gagné en maturité mais continuent à être surpris par la vie, ils font preuve de combativité et sont capables de mettre une raclée aux plus jeunes (comme dans le come-back de Rocky Balboa). En France, le phénomène nous a gagné nous aussi et a été exploité dans le film Et si on vivait tous ensemble ?. Un petit groupe de personnes du troisième âge décide de vivre ensemble, comme le laissait penser le titre. Amour, sexe et amitié rythment ce joyeux récit optimiste. Le sexe n'est plus un tabou pour les personnages qui lisent le Kamasutra, prennent du viagra et en parlent sans honte.

Il semble donc clair que les seniors ont de plus en plus le vent en poupe au cinéma. Ils ont l'avantage de renouveler le genre de la comédie qu'elle soit romantique ou d'action dans lesquelles ils semblent s'inviter de plus en plus pour y incarner des héros plus décomplexés que ceux de la jeune génération. Alors à quand une comédie grasse à la American Pie où l'on pourrait voir Christopher Lee, Anthony Hopkins, John Malkovich, Susan Sarandon, Meryl Streep ou Josiane Balasko nus dans des scènes un peu hot ? On va vite vous faire oublier ces images traumatisantes en vous invitant à apprécier la candeur sénile d'Indian Palace.

Image : © Twentieth Century Fox France

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4 commentaires
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Très bon article. Dans "Indian Palace" il y a même un vieux pédé, peut-être mieux accepté par ses voisins que ne le serait un jeune. Je veux dire qu'il est représenté avec tendresse, mais sans mièvrerie, avec respect, sans blague grasse. Finalement, avec in-différence, comme n'importe quel individu amoureux, ce qui est bien le mieux, non ? Cela contraste agréablement avec une certaine homophobie régnant parmi les générations les plus jeunes actuellement et qui se drape derrière l'humour pour ne pas avouer son intolérance.
    Sinon, pour finir, Judi Dench et ses "yeux de biche" ou Helen Mirren et sa silhouette de presque jeune femme, ça fait de la bonne granny quand même !
    17 mai 2012 Voir la discussion...
  • lulabeescott
    commentaire modéré Merci =), c'est vrai que les personnages sont tous représentés avec beaucoup de tendresse. J'ai d'ailleurs l'impression qu'au cinéma on ne parle jamais d'homosexualité chez les séniors, comme si cela n'existait pas. Ca clouera le bec à certains =)
    18 mai 2012 Voir la discussion...
  • Tyr4nt
    commentaire modéré Devinette :

    La différence entre un vieux pédé et un jeu pédé ?



    > Le vieux pédé peut s'asseoir sur un Yaourt sans l'écraser
    18 mai 2012 Voir la discussion...
  • lulabeescott
    commentaire modéré Je la connaissais avec la blonde =)
    18 mai 2012 Voir la discussion...
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