Presque quarante après, Shining (1980) va donc voir sa suite portée à l’écran : Doctor Sleep, dans lequel l’inoubliable Danny maintenant adulte aura désormais les traits d’Ewan McGregor, sera dirigé par Mike Flanagan, réalisateur de la mini-série à succès The Haunting of Hill House. Aurait-on la nostalgie des couloirs de l'Hôtel Overlook du côté d’Hollywood ? Pas plus tard que l’an dernier, Spielberg nous y replongeait avec sa fantaisie vidéoludique (et un brin moraliste), dans une scène mémorable de Ready Player One. Aucune lassitude chez nous, mais fallait-il confier les rênes de cette suite à Mike Flanagan ? La question risque de faire débat : les thématiques à l'oeuvre chez le natif de Salem (ça ne s'invente pas) s'accordent plutôt bien à la matière du chef-d’oeuvre originel (traumas infantiles et paradoxes temporels). Citons au hasard : Ne t’endors pas, The Haunting of Hill House ou Ouija, les origines. Le cinéaste a par ailleurs montré quelques signes d’inventivité, notamment grâce à des pitchs forts, quoiqu’un peu vides (Pas un bruit, home invasion sur fond de surdité ou Jessie, survival au prétexte SM grotesque, mais amusant). Problème : à quelques plans près, Flanagan s’est surtout illustré par une tâcheronite aiguë (utilisation industrielle de filtres bleus, mise en scène impersonnelle, resucée mécanique des tics du genre) : écueils récurrents des films dont le concept trop directement brillant en borne l’ambition. Il faut probablement comprendre que la Warner a voulu profiter de l’immense succès de The Haunting of Hill House sur Netflix et son fameux plan séquence dans l’épisode 6, vaguement parent de l’audace technique kubrickienne. Reste en sus la difficile réappropriation des films cultes, qui fait florès depuis longtemps, mais de façon rarement heureuse. Si cette suite n’est par définition ni un remake (Suspiria) ni un reboot (S.O.S Fantômes), Doctor Sleep ne sera que peu protégé de la comparaison avec le monument du maître, auquel Flanagan rend par ailleurs un bien curieux hommage : non pas à l’aide d’inserts originaux, mais avec des plans filmés à l’identique, comme s’il fallait montrer qu’il n’est pas question de mieux faire. En attendant de juger le film sur pièce lors de sa sortie en octobre prochain, voici la bande-annonce, qui fait un peu peur (mais pas forcément dans le bon sens du terme) :
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