Notre Ciné-Club, les présentations de tous les Cycles

Notre Ciné-Club, les présentations de tous les Cycles

Liste de 0 film par Arch_Stanton
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Semaine 1 : "Cycle Humphrey Bogart" programmé par @Torrebenn
-> Liste "Top Humphrey Bogart" : http://www.vodkaster...cteur-n-1-50/1059075
-> Pour faire le lien avec le Cycle de @cath44 "Liste John Huston - Humphrey Bogart" : http://www.vodkaster...phrey-bogart/1132462

Semaine 2 : "Cycle Le Nouveau Cinéma allemand" par @jolafrite
-> Liste "Jeune Cinéma allemand" : http://www.vodkaster...ema-allemand/1135591

Semaine 3 : "Cycle John Huston" par @cath44
-> Liste "Top John Huston" : http://www.vodkaster...-john-huston/1196236

Semaine 4 : "Cycle Buster Keaton" par @Bully
-> Liste "Top Buster Keaton" : http://www.vodkaster...uster-keaton/1286447

Semaine 5 : "Cycle Brit Marling" par @TrueCine

Semaine 6 : "Cycle Gregory La Cava" par @elge

Semaine 7 : "Cycle David Lean avant les fresques épiques" par @TeddyDevisme
-> Liste "David Lean" : http://www.vodkaster...r-david-lean/1307335

Semaine 8 : "Cycle Claude Chabrol" par @bredele
-> Liste "Top Claude Chabrol" : http://www.vodkaster...aude-chabrol/1303295

Semaine 9 : "Cycle Reines et impératrices" par @Theus
-> Liste "La Maison Tudor" : http://www.vodkaster...maison-tudor/1276516
-> Liste "Marie-Antoinette" : http://www.vodkaster...ie-antoinette/953874
-> Liste "Victoria" : http://www.vodkaster...lms/victoria/1271420
-> Liste "Napoléon III" : http://www.vodkaster...napoleon-iii/1221050
-> Liste "Elisabeth d'Autriche (Sissi)" : http://www.vodkaster...triche-sissi/1271442

Semaine 10 : "Cycle Michel Deville" par @wham1978
-> Son Top Deville : http://www.vodkaster...ville-n-6-50/1312929

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12 commentaires
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 2 : "Cycle Le Nouveau Cinéma allemand" par @jolafrite

    Cycle de 6 films "Le nouveau cinéma allemand", de jeunes réals nés dans les années 60, 70 ou 80 qui ont lancé une nouvelle façon de faire du cinéma. Ils connaissent leurs classiques (Nouvelle vague, Fassbinder, Wenders, Antonioni), ils sont marqués par leur histoire (terrorisme, mur de Berlin) mais ils baignent dans le contemporain. Crise politique, crise économique, crise des vocations, tout y passe. C'est pas des grands marrants. Il faut le dire.

    On les appelle parfois l'école de Berlin. Mouais, je sais pas trop pourquoi, certains ont étudiés et tournent ailleurs. La nouvelle vague allemande? Pour moi, c'est Herzog, Wenders et Fassbinder. Pas d'étiquette alors.

    Pour l'instant, ils ont très peu de budget, sont peu vus dans leurs pays et encore moins hors d'Allemagne (sauf Christian Petzold qui a connu le succès avec Barbara).

    Pour ce premier soir, je présente Contrôle d'Identité. http://www.vodkaster...ole-d-identite/99378 C'est le premier film de Christian Petzold. Peut être le premier de cette fameuse "école de Berlin" dont on va commencer à parler au début des années 2000 avec Angela Schanelec et Ulrich Köhler.
    Un premier film qui pourrait avoir la gueule d'un premier film, centré sur la figure de l'adolescence rebelle et du conflit générationnel. Oui, sauf que là, les parents sont d'anciens membres de la gauche radicale et violente (Baader et compagnie) et la rebellion de l'enfant, c'est un désir de vie normalisée, consumériste.
    L'argument de la violence politique permet surtout de proposer un superbe polar avec des longs plancs poses, des personnages toujours en cavale. L'errance devient presque fantastique, cette non-vie, cachée... on est presque dans un film de fantômes (un doute qui reste dans toute l'oeuvre de Petzold, jusqu'au dernier Phoenix).
    Un film politique, un film de famille, un polar, un film fantastique, tout ça en un seul métrage. Que demande le peuple ?

    Le film du jour au Ciné-Club, c'est Sous toi, la ville de Christoph Hochhaüsler. http://www.vodkaster...-toi-la-ville/528613 J'ai choisi celui-ci mais j'aurais pu choisir les deux autres films de Hochhaüsler, qui comme Petzold a commencé très fort direct (je vous conseille Le Bois Lacté). Pourquoi Sous-toi la ville? Déjà car c'est l'un des rares films du nouveau cinéma allemand à avoir atteint Cannes (qui ne jure que par le surestimé Fatih Akin) et aussi parce que le titre est magnifique.
    Comme Contrôle d'identité, Sous-toi la ville s'empare du genre du polar pour en faire une version étrange, qui prend le temps d'installer des ambiances malaisantes. Le film est tout entier construit autour d'une tour de bureau type La Défense. Cela a pu inspirer des fictions naturalistes assez convenus (cf Violences des échanges en milieu tempéré). Ici, on joue à fond sur le côté froid du décor et sur tout le fantasme violent et sexuel de ce gros symbole phallique.
    Vous pouvez voir Sous toi la ville sur Universciné http://www.universcine.com/films/sous-toi-la-ville en attendant le prochain film de Hochhaüsler qui sort le 18 novembre http://www.vodkaster...s-invisibles/1300935

    Aujourd'hui, je présente le film le plus noir de la sélection. L'un des films le moins aimable. Et pour cause, on y suit le destin d'un homme condamné pour violant sortant de prison et en prise avec ces démons. Un cas d'école. Une leçon de philosophie si l'on en croit le titre, le Libre arbitre. http://www.vodkaster...libre-arbitre/298965
    Mathias Glassner a un parti pris simple, coller à son héros et faire durer les plans pour une identification au forceps. Un procédé pas très original mais qui fonctionne ici pleinement. Quand plus tard, il complexifiera sa mise en scène, il se perdra un peu en chemin http://www.vodkaster...ace/786420#jolafrite L'intérêt du film est aussi sa laideur. A l'image des pulsions du héros, la lumière, le grain, les couleurs du films sont souvent repoussantes. Et pourtant, c'est bien la vie.
    Le Libre arbitre est aussi l'occasion de se rendre compte de tout le talent de Jürgen Vogel, connu en France pour son rôle dans la Vague et qui trouve là son plus beau rôle.

    Aujourd'hui, je vais parler de Pingpong. En un seul mot. http://www.vodkaster.com/films/pingpong/312606 Le premier film de Mathias Luthardt. Le jeune cinéma allemande est définitivement jeune. Il est difficile de parler de Pingpong sans parler de Théorème de Pasolini. Luthardt rejoue l'arrivée du jeune éphèbe dans la famille bourgeoise. C'est dingue comme ce schéma marche souvent. Je ne m'en lasse pas. Ici, c'est moins mystique que Pasolini. On reste dans un mode naturaliste. La variation autour de Thérème, on la sent surtout pour réussir un film à moindre frais : un nombre restreint de personnage dans un décor unique. Mais l'exercice de style est bluffant. Scénaristiquement tout d'abord. Tout est orchestré, millimétré, les dialogues sonnent juste et on ne se complaît pas dans filmer le vide, tout est plein.
    Mais en créant son petit polar, ce qui intéresse Luthardt, c'est de faire monter la tension pour mêler la violence des rapports à la sensualité des corps enfermés dans cette maison. L'égérie Urzendowsky se révèle être un très bon Terence Stamp. On ne retrouvera malheureusement pas le même talent dans son apparition en français dans Un amour de jeunesse, de Mia-Hansen Love.

    Ce soir, dans un élan mystique, je vais vous parler de Chemin de croix, le 4e film de Dietrich Brüggemman mais son premier à arriver jusqu'en France, grâce à un passage remarqué en compet à Berlin.
    Le film http://www.vodkaster...min-de-croix/1283741 dans le choix de son sujet peut faire penser au cinéma d'auteur européen classique : une jeune fille en lutte entre ses amours et sa famille, même si la plongée dans le milieu chrétien rigoriste et sectaire est saisissant et que la mère, à force d'être mauvaise, devient un monstre de cinéma assez remarquable.
    Mais la vraie originalité du film repose surtout sur le traitement formel : le film est fait de plans séquences, chacun étant introduit par les différentes stations du Christ. Le parti-prix est fort, il pourrait être ridicule mais il ne gêne pas l'évolution narrative du film, ne casse pas le rythme global, réserve quelques surprises. Une vraie belle idée de mise en scène donc. Le destin de l'héroïne prend soudain de l'ampleur quand on le compare à celui de M. de Nazareth. Fallait oser.
    A noter que Chemins de croix et Pingpong, dont j'ai parlé hier, sont disponibles sur Universcine http://www.universcine.com/films/pingpong en attendant d'être visible sur VK.

    On ne pensait pas que le skate board était un enjeu aussi politique. Sympole de la culture occidentale donc à bannir pour le régime d'Honecker. En même temps, quand des talents se découvre, le régime aura forcément envie d'en profiter. Troublante épopée d'un jeune homme obscur au prise avec un régime tout aussi obscur.
    Le film nous reconstitue ce parcours sous la forme d'un faux documentaire, la plupart du temps très crédible mais parfois assez barré (il faut voir la fausse interview d'un ancien de la Stasi). S'y mêle des destins bien réels eux, et haut en couleurs, comme les pionniers du hip hop ou un lover blond qui escalade périlleusement la tour de la télévision.
    Enfin, le documenteur s'amuse à brasser les images de différentes catégories : fausses reconstitutions super 8, interview TV quasi parodiques, animation et même un film pédagogique pour apprendre le skate. Plein de fantaisies donc qui ne parasitent pas l'émotion de ce beau portrait d'un looser magnifique.
    La fiche du film http://www.vodkaster...a-californie/1296863

    Et pour ceux qui veulent découvrir encore plus de films de ce jeune cinéma allemand, voici une petite sélection http://www.vodkaster...ema-allemand/1135591
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 3 : "Cycle John Huston" par @cath44

    Je vais d'abord expliquer pourquoi j'ai choisi Huston (bien décrit par toi @jolafrite!) et ensuite je vais vous présenter le 1er film. Je veux dire que le choix a été difficile car j'ai éliminé d'emblée les films les plus notés, les plus connus (qui pour la plupart étaient tout de même mes préférés) Pourquoi ai-je choisi Huston ?
    D’abord 1ère raison , parce qu’il a un parcours fascinant et mouvementé avant d’être l'un des plus grands cinéastes hollywoodiens ( j'ai découvert qu'il fut boxeur amateur, acteur de théâtre, écrivain, journaliste, lieutenant dans la cavalerie mexicaine, puis scénariste)Féru de littérature , il a toujours puisé son inspiration dans les livres et a adapté beaucoup d’auteurs à succès, parmi lesquels Dashiell Hammett, Rudyard Kipling , Herman Melville, Tennessee Williams. Son œuvre cinématographique est prolifique, rigoureuse et exigeante. Ensuite 2nde raison, parce qu’il n’abdiquera jamais sa personnalité, malgré les pressions Hollywoodiennes en bousculant les conventions pour traiter des thèmes qui lui sont chers. Ainsi, il fut l'un des premiers réalisateurs de cinéma à s'élever contre la « chasse aux sorcières » qui frappa Hollywood au début des années 1950. Son œuvre est donc éclectique (film noir , d’espionnage, de gangsters, western mais aussi drame contemporain) Ce qui me plait surtout c’est qu’ Huston a souvent mis en lumière dans ses films la dimension tragique des hommes et leurs conflits intérieurs.

    Le premier sera Freud Passions secrètes.
    J'ai vu "Freud, passions secrètes" la 1ère fois aux dossiers de l’écran , ensuite il était suivi d’un débat passionnant. Je sais que je m'intéressais déjà à la psychanalyse et ce film fut une révélation. Ensuite, j'ai dû le revoir plusieurs fois et il fait aujourd'hui partie de ma vidéothèque mentale (car je n’ai du film qu’une copie VHS indisponible car plus de magnétoscope) Mais par chance , il existe sur ….y …t…Pour rappel, ce film fut un échec à sa sortie car sans doute la psychanalyse au ciné où l'on parlait de sexualité était encore un sujet tabou). John Huston nous fait pénétrer dans la découverte de la psychanalyse comme le ferait un détective de l’inconscient dans un film noir. Pour l’anecdote, Sartre que Huston avait sollicité pour l’écriture du scénario JP Sartre qui a refusé d’apparaître au générique, et c'est Huston lui-même qui va s’y consacrer. Il écrit d’ailleurs un prologue et un épilogue où il met en évidence comme Freud l’avait lui-même écrit dans une de ses œuvres, sa découverte aussi scandaleuse que furent celles de Copernic ou Darwin à leur époque. Huston évoque " la solitude d’un génie en quête de vérité" Je vais vous donner le lien de ma MCoù j'analyse certains passages , ainsi que le lien pour voir le film. http://www.vodkaster...secretes/6727#cath44 .

    Pour le second film , ce soir j'ai envie de vous faire découvrir ce film réalisé en 1952 par Huston, alors qu'il était exilé en Irlande, en pleine chasse aux sorcières à Hollywood. "Moulin Rouge" permet de découvrir un fascinant "biopic" de Toulouse Lautrec., peintre célèbre né à Albi en 1864, mort à 37 ans. J'ai vu ce film aux dossiers de l'écran (encore! ) et revu une ou deux fois. Pas un grand film certes mais un film parfois truculent mais le plus souvent désespéré et même tragique avec un étonnant José Ferrer ,qui à une époque où les trucages numériques n’existaient pas , a dû tourner la totalité du film sur les genoux pour rendre plus réaliste l’infirmité du peintre (un accident dans l’enfance avait interrompu la croissance des os de ses membres inférieurs, il mesurait 1m52.) Huston nous emmène dans le monde coloré et animé du French Can Can , avec ces personnages célèbres ( La Goulue , Jane Avril,Aristide Bruant, des personnages qui ont été dessinés et peints sur le vif. Ce qui m’a fascinée est que l’on croirait voir les personnages descendre des affiches et prendre vie .On a écrit que ce film sans doute mineur dans sa carrière s'il « échoue à exprimer du côté narratif, il y réussira avec brio sur la facette esthétique » Pour ce faire, le réalisateur a engagé Eliot Elisofon, photographe à Life Magazine, afin d’expérimenter un filtre apte à rapprocher les couleurs de la gamme chromatique des tableaux de Toulouse-Lautrec et demandé à son directeur photo , Oswald Morris une texture laissant à penser que « Toulouse-Lautrec avait réalisé le film. » Moulin Rouge fut ainsi tourné en Technicolor trichrome. Je vous donne un lien pour découvrir ce procédé (sur ciné club de Caen) http://www.cineclubdecaen.com/analyse/couleur.htm
    Sinon, je n'ai pas trouvé de lien pour voir le film en français. J'ai laissé un lien pour découvrir un extrait .
    http://www.vodkaster.com/films/moulin-rouge/59034

    Ce soir je vous présenterais "Dieu seul le sait "
    Je viens de revoir quelques scènes de ce film .Dans "Dieu seul le sait", il s'agit d'une rencontre improbable entre un Marine et une bonne sœur sur une île déserte du Pacifique occupée par les Japonais. En mai 1970, dans une interview John Huston a déclaré à propos de "Heaven Knows", « Ils pensaient qu’on allait leur montrer une pièce sexuelle sur les rapports d’un marine et d’une nonne. Moi j’avais fait le contraire. Je voulais obtenir des rapports purs, virginaux et extrêmement sensibles. » . Rencontre sensible d'un homme séduisant en diable, et une femme d’une grande beauté et d'une délicatesse incroyable (sensuelle et belle à damner si elle n’était bonne sœur) Chacun d’eux semble soumis à des ordres qui les dépasse (elle, c’est sa foi , son engagement religieux et lui, sa mission de soldat et l’armée) Vous imaginez nous sommes sur l’île de la tentation et le duo qui oscille entre devoir et attirance est d’une tendresse, d’une délicatesse absolument inouïes ;Il y a là une vraie profondeur dans ce film qui reste sur la question de cette relation qui va devenir très forte, très belle, allant même jusqu'à ébranler leurs engagements Bien évidemment, à l'époque la censure empêchera Huston de franchir ce pas , mais la fin, offre néanmoins une piste de lecture « Peu importe le nombre de kilomètres qui nous séparera, et même si je ne dois jamais vous revoir, vous resterez mon très cher compagnon toujours, toujours... »
    Un lien pour découvrir tellement mieux que je ne peux le faire http://www.dvdclassi...-seul-le-sait-huston
    Et sous ma MC les liens pour le voir (en version française)

    Bonsoir, voilà la présentation du 4eme film de ce cycle Huston "Le vent de la plaine" Un western qui plaira donc à @vincelluelles . En résumé, c'est un peu la situation inverse de la "prisonnière du désert".Une jeune fille (Rachel , sublime Audrey Hepburn) a été recueillie bébé dans une famille du Texas. Elle grandit autour de ses 3 frères sans histoire jusqu'au jour où la rencontre avec un mystérieux et lugubre cavalier va provoquer un drame (il lui révèle ses origines indiennes qui si elles étaient mises à jour pourraient attirer le malheur sur la région. Un jour des Indiens Kiowas viennent demander à échanger Rachel contre quelques uns de leurs chevaux car elle serait en fait la sœur d'un des guerriers de la tribu... la communauté des Blancs,qui pressent un danger commence à rejeter Rachel avec hostilité souhaitant qu'elle soit chassée afin qu'il n'y ait aucun risque de conflit avec les "peaux rouges"...je n'en dis pas plus. Sur ce film, Huston a dit qu’il voulait faire une œuvre sur les différents types de fanatismes (qu’ils soient religieux, raciaux ou familiaux) Curieusement il fut très critique pour son propre film qu’il a déclaré un jour "être le pire" ! Il aurait voulu faire un vrai plaidoyer contre l’intolérance et le racisme mais les producteurs voulaient en atténuer la charge idéologique, en faire un « film d’action » Huston ne le trouve donc pas à la hauteur de ce qu’il avait voulu faire Pourtant je trouve que c’est un film passionnant , un western psychologique au style très « Hustonien » (à savoir dans les conflits intérieurs de personnages, et sans aucun manichéisme .) Il décrit bien les liens complexes entre deux cultures si différentes et le dilemme vécu par cette jeune fille Indienne d’origine adoptée par des blancs qui est tiraillée entre ses deux familles. C’est un film sur la tolérance justement. Pour en savoir plus un excellent article http://www.dvdclassi...-de-la-plaine-huston

    Huston réalise en 1964 La Nuit de l’iguane d’après une pièce de Tennessee Williams. C'est l'immersion dans un climat trouble, pesant , au Mexique. En résumé, l'histoire d’un pasteur (le révérend Shannon joué par Richard Burton qui doit quitter l’Église à cause de sa conduite) . Il devient guide touristique pour pèlerins dans la jungle mexicaine et lors d'un de ses voyages avec un groupe de femmes, il est escorté par une vieille fille puritaine .Ils s’installent dans un hôtel proche de la mer qui est tenu par un couple dont la femme (superbe Ava Garner) n’est pas insensible à son charme… Il y fait d’autres rencontres féminines sur lesquelles je resterais discrète dont la séduction par une jolie Lolita qui n’est autre que Sue Lyon la Lolita célèbre de Kubrick ) Très vite les passions , conflits et rivalités se déchaînent au cours d’une nuit très éprouvante dans un vrai huis clos jusqu'au matin , où enfin ,comme après un psychodrame, chacun va retrouver une forme de sérénité et sans doute, une réponse à ses questions. Si Huston décrit des personnages solitaires, conflictuels, en mal être existentiel le film est assez optimiste (contrairement à la pièce, tu as raison @bredele ) . Richard Burton est absolument parfait Ava Gardner toujours aussi belle tout comme D Kerr !

    Bonsoir , cette fois je vous présente "reflets dans un œil d'or"
    c’est un film adapté du roman du même nom paru en 1941 de Carson McCullers. Un film sous tension et assez "Freudien" finalement , avec une atmosphère vénéneuse qui narre en fait « un mariage à trois » ....( dans un fort militaire un gradé (Brando) qui n’a plus de rapports conjugaux avec son épouse (E Taylor) est secrètement attiré par un de ses soldats , soldat qui lui-même est secrètement attiré par Liz Taylor .Cette dernière avec la complaisance de son époux entretient une liaison avec un autre gradé. Cela pourrait être trivial , or la question autour de la sexualité , du couple, des normes sociales est abordée sur le mode du drame, de l’étude psychologique . Cela parle de névroses, de solitude, de mensonges de frustrations qui amènent ces êtres à ne plus communiquer , à ne pas véritablement se rencontrer …D’où le titre Reflets dans un oeil d'or..." car " ils ne sont que les reflets de quelque chose de minuscule et de grotesque » et ne parviennent, au mieux, qu’à sauver les apparences. Marlon Brando et Elizabeth Taylor, font de ce film très pessimiste l’une des plus grandes réussites de John Huston .
    Quelques anecdotes :
    Le film a été réalisé en deux versions : une version Director’s Cut voulue par Huston où l’image est traitée par d’une certaine manière pour donner une « image sépia » aux reflets dorés. L’effet est visuellement très réussi et donne le sentiment d'une légère altération de la réalité. Certains critiques parlent d’une volonté de restituer la vision d’un observateur neutre, en l’occurrence le cheval ou le paon…C’est cette version que Huston aimait. Découragée par les réactions du public, la Warner retira les copies dorées et exploita le film dans un format Technicolor classique . C’est seulement au début des années 2000 qu’un travail de restauration permit au film de retrouver ses couleurs d’origine
    Montgomery Clift devait initialement interpréter le major Penderton. Mais les assurances doutaient de sa santé physique dont la solidité était nécessaire au rôle. Son amie Elizabeth Taylor renonça même à son salaire pour lui assurer le rôle. Âgé de 45 ans, affaibli par de longues années de maladie, il mourut d'une crise cardiaque peu de temps avant que ne débute le tournage.
    Des photographies de Marlon Brando habillé en Major Penderton furent utilisées plus tard par les producteurs d'Apocalypse Now, qui avaient besoin de photos de Brando plus jeune pour les inclure dans les états de services du jeune colonel Walter Kurtz.

    Il est un peu tard , je suis fatiguée mais j'avais envie de vous faire partager ce film et je vous incite à le voir C'est un film qui est une adaptation d'une nouvelle de James Joyce, Les Morts, du recueil Gens de Dublin .Un film d' Huston que j'aime vraiment beaucoup car Huston a sans doute réalisé là, une sorte de film testament, avec ces thèmes sur la vie, l'amour et la mort .Je vous ai parlé de cette scène sublime où Anjelica Huston descend cet escalier , s'arrête en écoutant une complainte irlandaise. Je vous la mets en lien https://www.youtube.com/watch?v=SVJc9fzqAcI Tout se joue dans son regard
    C’est un film qui m’a émue, laissée dans la mélancolie pourtant on y retrouve de la chaleur ...tout est si bien filmé, les moindres regards, les mouvements, les objets, et ces scènes d’une beauté fulgurante, comme ce superbe monologue final,
    Cette fois, je laisse le ciné club , merci @Torrebenn de nous donner cette faveur! Et c'est un immense plaisir que je passe les clefs à @Bully pour le plus grand plaisir d'accueillir Buster Keaton ! merci à vous.
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 4 : "Cycle Buster Keaton" par @Bully

    Cette semaine, j'ai l'honneur de vous présenter un cycle sur Buster Keaton (1895-1966), personnalité incontournable du cinéma burlesque. En voici, sa propre définition : « La surprise en est l'élément principal, l'insolite notre but, et l'originalité notre idéal.»
    Élevé dans le music hall, la famille Keaton parcourt les États-Unis. Leur spectacle met en scène le très jeune Joseph Keaton que son père porte et lance d'un bout à l'autre de la scène. http://i.giphy.com/95J8WZy7TRune.gif
    Son surnom de Buster, il le doit au célèbre magicien Houdini qui le voyant dégringoler des escaliers sans une égratignure s'écria : « That's some buster ! »
    « L'homme qui ne rit jamais » a de multiples casquettes : acteur, réalisateur, scénariste, cascadeur, monteur et producteur.
    Sa figure semble impassible, alors qu'il ne cesse de se mouvoir en cascades. Ses personnages sont souvent introvertis, modestes, mais téméraires, lorsqu'il s'agit de prouver et de sauver leur amour.
    Inventif, poète et athlète averti, il manie la mécanique du rire comme personne.
    L'une des principales caractéristiques de ses films est de filmer en plan large. Le but est de voir le corps en entier, car la psychologie de son personnage passe par le mouvement de son corps.
    Dans ses films, il tente d'explorer tout les possibles de l’espace contre vents et marées et sous l’aspect de l’affect : « Tous les gags sont tirés des lois de l’espace et du temps…Une bonne scène comique comporte souvent plus de calculs mathématiques qu’un ouvrage de mécanique. » Buster Keaton.

    Jour 1 :Sherlock Junior : (1924)
    Sherlock Junior est un film particulier pour moi, car il est le premier que j'ai vu de lui. Les premières fois sont parfois les plus belles et ce moyen métrage reste mon préféré.
    Un film dans le film, poétique où l'onirisme se mêle parfaitement avec l'univers burlesque de Buster Keaton.
    Le héros, projectionniste s'échappe dans le rêve, car la réalité lui est trop difficile. Lui, l'amoureux maladroit qui se voudrait détective. S'ensuit une scène d'anthologie où il rentre dans le film pour en devenir l'acteur principal. Woody Allen réutilisera cette idée en l'inversant dans « La rose pourpre du Caire ». Cette fois-ci, c'est l'acteur qui sort du film projeté.
    Le film est une comédie burlesque, où le génie Keaton invente son propre langage, celui du rêve, du rire et de l'émotion.
    A l'origine, sous l'impulsion de Buster Keaton, le film devait être réalisé par Roscoe 'Fatty' Arbuckle http://i.giphy.com/tLGh8sRstSd3O.gif (ex star comique); avec l'équipe de tournage, l'essai fut catastrophique. Buster Keaton intercède donc en sa faveur auprès de l'actrice Marion Davies et la Metro-Goldwyn-Mayer pour que lui soit confié la réalisation d'un autre film « The Red Mill » (http://www.vodkaster...the-red-mill/1301783).
    B. Keaton réalise toutes les cascades. Lorsqu'il est sur le guidon d'une moto de police et que le policier tombe, c'est Buster Keaton lui-même qui sert de doublure. Il est réellement resté assis sur le guidon de la moto sans avoir accès aux freins ! Il a été éjecté à de nombreuses reprises et serait même tombé sur le toit d'une voiture !
    http://i.giphy.com/UyiNMrufmKcw.gif
    Un film drôle, touchant et impressionnant que ce soit au niveau des cascades, de la mise en scène, mais aussi du montage et des trucages. Je ne vous révélerai pas la fin mais c'est le cinéma qui aura le dernier mot.

    Jour 2 :Sportif par amour : (1927)
    Ce film a été produit avec peu de moyens, suite à l'échec cuisant de « la Mécano de la Général. »
    On lui impose le thème du film et le réalisateur James W. Horne qui selon ses dires n'aurait pratiquement rien fait !
    « Sportif par amour » est une œuvre modeste mais fait la part belle à son interprète principal qui tente tous les sports pour impressionner sa belle. On peut aussi considérer la trame de « Sportif par amour » comme un ancêtre des films de campus avec son lot de stéréotype assumé et réutilisé à maintes reprises dans le cinéma américain.
    Buster Keaton, grand athlète et sportif accompli arrive à nous faire croire à ses maladresses physiques ! Son personnage obstiné touche au cœur.
    Une scène sur le football américain a été coupée, car jugé trop ressemblante à un film de Harold Lloyd (Star du cinéma burlesque aussi) http://i.giphy.com/X1gS3zj40BiFO.gif « Vive le sport », grand succès sur le même thème, sorti quelques années auparavant. ( J'ai pu visionner les deux films et à part le cadre universitaire et le thème sur le sport, ils ne se ressemblent pas).
    Fait extrêmement rare, pour la première fois de sa carrière, Buster Keaton s'est fait doublé. Ainsi, il ne joue pas la scène du saut à la perche, dans laquelle le personnage doit traverser une fenêtre où sa dulcinée est retenue prisonnière. Seulement, il n'est pas remplacé par n'importe qui ! Ni plus ni moins que le médaillé d'or aux Jeux Olympiques de 1924 !
    On ne loue pas ce film pour la qualité de sa mise en scène, mais il s'avère charmant et amusant. La fin est réussie et le sourire est aux lèvres. Comment résister à une vedette au corps si élastique ?

    Jour 3 :Les lois de l'hospitalité : (1923)
    Inspiré de faits réels, ce film est un bijou de drôlerie, d'inventivité et de virtuosité physique où l'amour combat des décennies de haine. Le film s'inspire de deux familles américaines du XIXe siècle ennemies jurées : les Hatfield et les McCoy.
    Pour toucher un héritage, un jeune homme rentre dans son village natal. Lors du voyage, il tombe sous le charme d'une jeune fille, dont la famille est rivale de la sienne.
    Un grand soin a été apporté pour la reconstitution du milieu du XIXe siècle dans le choix des décors, avec une vraie locomotive d'époque. Les scènes sont spectaculaires aussi bien au niveau des cascades que des moyens techniques.
    « Les lois de l'hospitalité » est le second long métrage de Buster Keaton. Le prologue s'ouvre comme une tragédie qui met en scène des décennies de malheurs. Il y a un vrai travail sur le scénario et l'intrigue qui alternent drame et comédie en un tour de main. D'un rythme lent au début, le film s’accélère progressivement pour finalement nous en mettre plein la vue dans la dernière partie.
    Ce film s'avère à la fois touchant, drôle, inventif et intelligent. Le rôle féminin est tenue par la première femme de Buster Keaton : Nathalie Talmadge http://i.giphy.com/sTtzIc2oVWHkY.gif et l'on peut apercevoir son père Joe Keaton dans le rôle du conducteur de train. Hélas, ce sera le dernier film de son comparse acteur Joe Roberts http://i.giphy.com/3DBbaSyuPIUeI.gif qui décédera prématurément après le tournage.
    Buster Keaton n'a pas peur de prendre des risques et a failli se noyer lors du tournage, demandant à ses techniciens de continuer à filmer !La scène a été gardée. Tournée en décor naturel, il a réellement été emporté par les rapides !
    Comme disait Michel Mardore dans les Cahiers du Cinéma : « C’est la tendresse sous le muscle, la main de velours dans un gant de fer. »
    Pour la petite histoire, les deux familles dont il s'est inspiré ont réellement existé. Les 2 familles vivaient dans la région des Appalaches: Les Hatfield ", et les McCoy.
    Lors de la Guerre de sécession ( 1861-1865) chaque famille choisit un camp adverse.
    Les Hatfield vont auprès des Confédérés (Sudistes) et Les McCoy choisissent l'armée de l'Union (Nord).
    Un des fils McCoy est blessé au front et retourne chez lui, mais suite à une embuscade, il est assassiné par les confédérés. Les Hatfield sont soupçonnés, les McCoy crient vengeance.
    S'ensuit des années de haine, et contre toute attente une histoire d'amour fleurit lors d'une fête où la toute jeune Roseanna McCoy (14-15ans) piquée par un frelon est secourue par Johnse Hatfield (18 ans). Elle est rejetée de la part des 2 clans.
    N'y tenant plus, elle retourne auprès de ses parents avec le jeune Hatfield que sa famille emprisonne pour mieux le pendre. Roseanna prévient alors la famille de son amant qui le sauve.
    Johnse lassé de Roseanna l'a laisse tomber, enceinte, et en épouse une autre. Hébergée par une tante, elle fait une fausse couche, et finira par mourir de la rougeole.
    Le paroxysme sera le massacre de la Saint-Sylvestre où la famille Hatfield encercle la maison des McCoy et tuent tous ceux qui veulent s'enfuir.
    Des dizaines de morts de chaque côté témoignent de la violence de cette vendetta.

    Jour4 : Cadet d'eau douce :(1928)
    A la fin de ses études, un jeune homme retrouve son père, marin, qu'il n'a pas vu depuis des années. Au grand dam de son père, il tombe amoureux de la fille du concurrent, jusqu'au jour où une terrible tempête frappe la ville.
    Le film met en scène un homme solitaire, luttant dans un monde en état de catastrophe. http://i.giphy.com/I59ixUfM2MHAY.gif
    Cadet d'eau douce est une tornade de cascades et de tendresse où Buster Keaton jongle avec les éléments.Toutes les conséquences liées à la catastrophe s’enchaînent et s'assemblent avec une grande précision. Certaines scènes sont mêmes devenues cultes, comme lorsque la façade d'une maison s'effondre sur lui et qu'il arrive à s'en sortir de manière étonnante !
    Le vent était produit par des moteurs d'avion et les maisons étaient soulevées par des grues. http://i.giphy.com/bOOp0Ubl44dHy.gif
    Cadet d'eau douce est son dernier film indépendant.
    Au départ, la catastrophe naturelle du film devait être une inondation, mais les producteurs refusèrent. En 1927, La crue du Mississippi fut l'inondation la plus catastrophique de l'histoire des États-Unis et il serait malvenu de faire rire sur une telle catastrophe.
    A la place, ce fut un ouragan. Ils ont dû changer tous les décors, initialement prévus pour une inondation. Ce qui coûta 35 000 dollars. Durant le tournage, il apparut à Buster Keaton que les ouragans tuaient chaque année plus que les inondations ! Il fit des recherches : « En 1925, les tempêtes avaient fait 796 victimes contre 36 pour les inondations ! »Buster Keaton.
    L'alliance d'une réalisation techniquement impressionnante et l'ingéniosité des gags de Buster Keaton font de cette œuvre un classique du cinéma américain.

    Jour 5 : Fiancées en folie :(1925)
    Jimmie est un garçon introverti qui n'ose déclarer sa flamme à celle qu'il aime. Sa vie est chamboulée lorsqu'on l'avertit qu'il peut être l'héritier d'une grosse fortune à condition de se marier le jour même !
    A l'origine, le film est tiré d'une pièce à succès de Roi Cooper Megrue. Une commande que Buster Keaton ne voulait pas tourner, mais il réussit à adapter la pièce à son univers.
    Film au rythme endiablé où le héros court, saute, chancelle pour fuir des fiancées en furie dans une scénographie inspirée et mémorable. La dernière publicité de Guerlain semble s'en être fortement inspirée : https://www.youtube.com/watch?v=qTWLK3sqVeo
    Les courses-poursuites dans ce film sont impressionnantes et drôles à la fois. Elles confirment son désir d'explorer les possibles de l'espace. Par peur d'être rattrapé par la foule féminine, il répond par l'agilité physique et par des ressources souvent inattendues. http://i.giphy.com/7BUXgQObi5gzK.gif
    En dévalant une colline pour fuir ses prétendantes, plus de 1000 rochers en papier mâché sont lancés sur lui. Lors de cette scène, ne pouvant prévoir où tomberaient les rochers, il a dû improviser ses gags, se blessant au passage.

    Je vais vous dresser ici les cascades les plus populaires de Buster Keaton qui ont failli lui coûter la vie :
    Dans une scène de Sherlock Junior, il se retrouve sous un château d'eau et un torrent d'eau se déverse sur lui. Il s'est fracturé le cou.
    Dans Cadet d'eau, la scène où la façade d'une maison de 2 étages tombe sur lui, était très risquée. Le poids de la maison aurait pu le tuer, et l'espace qu'offre la fenêtre est très réduit. Une scène calculée au millimètre près.
    Je l'ai déjà dit, mais je le répète. Une scène tournée en décor naturel dans Les lois de l'hospitalité, il a failli se noyer, étant emporté par les rapides. Il demande à ses techniciens de continuer à filmer !

    Jour 6 : Le cameraman : (1928)
    Photographe de profession, le héros s'éprend d'une jeune femme travaillant aux côtés de reporters. Pour la conquérir et se rapprocher d'elle, il tente de changer de voie et commet de nombreuses maladresses.
    Passage d'une vie statique et terne où le personnage semble triste à une vie mouvementée de reporter prêt à tout pour un scoop dans le but de séduire l'être aimé et d'être reconnu.
    Buster Keaton nous prouve une fois encore toute l'étendue de ses prouesses physiques et comiques aux prises avec le réel.
    Le film a une scénographie et une structure d'anthologie qui ricochent d’un élément scénaristique à un autre révélant une partie de la mécanique du rire de Keaton.
    Le film montre comment les reporters s'arrangent parfois avec la réalité pour la rendre plus spectaculaire.
    La mise en scène de la guerre des clans dans le quartier chinois est brillante ! A voir et à revoir avec délectation.
    A l'origine, la dernière scène du film devait nous montrer « l'homme qui ne rit jamais » souriant ! Inconcevable pour le public qui lors d'une pré-projection a fortement rejeté cette fin.
    En 1928, « Le cameraman » est un film particulier dans la carrière de Buster Keaton. En signant avec la MGM, débute alors la fin de sa liberté artistique qui coïncide avec l'émergence du cinéma parlant. Il doit renoncer à ses propres studios pour travailler avec eux.
    Il expliquera à de nombreuses reprises que c'était la plus grande erreur de sa carrière. Pour ce film, la MGM lui envoie 22 scénaristes, ce qui trouble Buster Keaton habitué à travailler plus librement et en plus petit comité.
    Il parvient à imposer le réalisateur, mais consent à ne pas choisir sa partenaire de jeu. Progressivement, il réussit à convaincre la MGM et finit par avoir l'autorisation de remanier le scénario comme bon lui semble. Hélas, ce sera la dernière fois.
    Ses deux premiers films avec la MGM (Le cameraman et Le figurant) seront des succès commerciaux ! (En 1960, la MGM tentera même d'en faire un remake « Amour et caméra » de (watch the birdie) de Jack Donohue , en vain.)
    Pourtant, tout lui sera imposé. Ses fameuses improvisations seront refoulées ! L'arrivée du parlant ne lui sera pas fatal, mais, par la suite, il lui fut difficile de revenir au premier plan. Sa voix ne serait soit disant pas en adéquation avec son corps, son personnage !
    Ironie du sort, sombrant dans l'alcoolisme, son dernier film avec la MGM (première période) est le « roi de la bière !(1932) ».

    Conclusion :
    Pour conclure cette semaine dédiée à Buster Keaton, j'espère vous avoir donné envie de le découvrir ou redécouvrir via ses nombreux courts et longs métrages.
    Malgré son indépendance artistique perdue dans les années 1930 et ses problèmes d'ordre privé (divorce, alcool, dépression), Buster Keaton ne cessa de travailler : il fit de nombreux petits rôles au cinéma et à la télévision, conseiller en gags et notamment en lancer de tarte à la crème, puis vedette au cirque Médrano de Paris.
    (Voici une publicité tourné avec Buster Keaton :https://www.youtube.com/watch?v=-KIP_w4Sjoo)
    De 1944 à 1949, il ne tourne aucun film. C’est la télévision qui va le remettre au devant de la scène.
    Avec la ressortie internationale de ses films début 1960, il est reconnu et admiré à nouveau dans la dernière partie de sa vie. Il est engagé pour travailler sur son propre biopic : The Buster Keaton Story : http://www.vodkaster...-a-jamais-ri/1301343. En 1959, il reçut un oscar pour l'ensemble de sa carrière.
    En sa présence, en 1962, la Cinémathèque française lui rend hommage, provoquant une standing-ovation de 20 minutes.
    « Keaton avait traversé la salle de la rue d’Ulm, bourrée de monde, électrisée de ferveur et de reconnaissance, au milieu d’un tonnerre (véritable) d’applaudissements sans fin. Keaton était monté sur l’estrade, avait laissé tomber son manteau. Les applaudissements ne cessaient pas. Keaton pleurait doucement. » (Jean-André Fieschi, dans La Voix de Jacques Tati).
    A l'instar de ses personnages au cinéma qui cherchent sans cesse leur place, lui l'a trouvé , au panthéon des génies du comique.


    ** Interview écrite de Serge Bromberg par Alexis Lormeau, le 18 mars 2015 sur la place et l’apport de Buster Keaton au cinéma : http://camira.org/im...avec-serge-bromberg/
    *** Interview vidéo très intéressante du réalisateur Pierre Etaix qui parle de Buster Keaton, le personnage https://vimeo.com/125137826

    Ps : Conseil de lecture : Pour en savoir plus sur sa vie, je vous conseille son autobiographie « La mécanique du rire » par Buster Keaton & Charles Samuels. Une œuvre où il ne s'épargne rien (ses déboires avec l'alcool) mais qui révèle, au final, un homme modeste et généreux. Un témoignage intéressant sur un monde du cinéma en pleine mutation avec le passage du muet au parlant.

    ********************Sur vodkaster, seulement 87 personnes se déclarent fans de Buster Keaton; si c'est aussi votre cas, n'hésitez pas à mettre un « j'aime» sur sa page. http://www.vodkaster...es/buster-keaton/618 *******************************
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 5 : "Cycle Brit Marling" par @TrueCine

    JOUR 1 : Brit Marling, qui est-ce ?
    Figure multi-facette d’un nouveau cinéma indépendant Américain, Brit Marling est une actrice qui avec assez peu de film à son actif à su ce créer une personnalité propre, un style. Tantôt gourou, jeune diplômée prise de remords, infiltrée dans une organisation éco-terroriste, ou encore scientifique étudiant les yeux. Une courte carrière, pour le moment, mais déjà éclectique et parsemée de rôles passionnants.
    Cette actrice américaine de 32 ans est également scénariste et productrice. Durant ses études elle rencontre Zal Batmangjil et Mike Cahill, tous deux futurs cinéastes, auxquels elle se lie d’amitié. Elle co-écrit et co-réalise tout d’abord un premier documentaire avec Mike Cahill, « Boxers and Ballerinas » qui lui permet de lancer sa carrière et de commencer à se faire connaître dans le milieu du 7ème art. Après un longue période durant laquelle elle refuse de nombreux rôles qui l’auraient fait entrée dans le cinéma grand public elle décide de continuer de découvrir l’industrie du cinéma avec ses deux amis. Elle dira vouloir être capable de se caster elle-même, c’est-à-dire de créer elle-même des personnages qu’elle pourrait interpréter.
    Sa carrière explose véritablement. Elle co-écrit, produit et joue dans Sound of my Life et Another Earth, respectivement de Zal Batmangjil et Mike Cahill, ses acolytes de toujours. Le succès est au rendez-vous, les deux films sont présentés au festival de Sundance en 2011. Ces deux films feront le tour des festivals cette année et seront souvent récompensés, surtout Another Earth. Remarquée, elle se fait approcher par Robert Redford qui lui offre notamment un rôle secondaire dans Sous Surveillance, pour une première incursion dans le monde d’Hollywood. Elle reviendra en force en 2013 dans le nouveau film de Batmangjil, The East, film qu’elle co-écrit et produit encore une fois, Ellen Page et Alexander Skarsgard participe au film, preuve de la crédibilité acquise par Marling dans le cinéma Américain. Le nouveau film de Mike Cahill, I Origins, sera également rejoint par des acteurs influents comme Michael Pitt.
    En à peine 4 ans Brit Marling est donc devenue une actrice, productrice, influente dans le cinéma indépendant américain, multi récompensée avec ses deux amis réalisateurs elle forme avec eux un trio prometteur, produisant des films à la fois envoûtant, poétique et émouvants.
    Les quatre films qui nous verrons cette semaine seront les quatre films les plus représentatifs de la carrière de Brit Marling, « Sound of my Life », « Another Earth », « The East » et « I Origins » ceux qui ont fait d’elle une figure importante et acclamé dans le monde des festivals, peut-être l’actrice de demain, accompagnée par les réalisateurs de demain.

    JOUR 2&3 : "Sound of my Voice" de Zal Batmangjil
    Ce premier film de Zal Batmangjil est probablement un des meilleurs films de secte qui m’ait été donné de voir.
    On suit Lorna et Peter, deux reporters qui décident d’infiltrer une étrange secte. Ils doivent se soumettent à une multitude d’étapes avant d’entrer définitivement dans la secte, lorsque leur préparation est terminée ils sont emmené, les yeux bandés, dans un sous-sol et peuvent enfin rencontrer le gourou de la secte, une femme nommée Maggie. D’abord venu pour dénoncer la supercherie de cette femme clamant venir du futur, les reporters seront rapidement désarçonnés par la personnalité de Maggie…
    Un synopsis intriguant donc, et le film l’est tout autant, dès le début, où l’on suit les personnages principaux dans des activités étranges pour entrer dans la secte, nous sommes immergés dans une ambiance glaciale, clause et oppressante. Mais si les deux reporters sont bien interprétés, respectivement par Christopher Dunham et Nicole Vicius, c’est bien le personnage de Maggie, interprété par Brit Marling qui porte le film sur ses épaules, dans un rôle d’une complexité qui n’a d’égal que son ambigüité. Si vous regardez ce film (et je l’espère ;) )vous ferez probablement le rapprochement entre l’ambiance de ce film et celle de « K-Pax » avec Kevin Spacey, ou encore « The Man from Earth ». Dans ces trois films nous avons affaire à trois personnages aux témoignages qui paraissent extravagants au début mais qui s’avèrent bien plus complexe que prévu… « The Sound of my Life », avec son début oppressant ne nous lâche jamais pendant 87 minutes jusqu’à un final tout simplement parfait et magnifique.
    Mais pour que ce genre de films fonctionne il faut absolument un grand acteur où une grande actrice. Kevin Spacey dans « K-Pax », « The Man from Earth » n’en avait pas besoin, son sujet se suffisant à lui-même. Brit Marling est tout simplement parfaite dans ce rôle détonnant, d’un pouvoir de fascination parfois hallucinant sur certaines scènes, mais également souvent émouvante, surtout vers la fin, elle donne au personnage une opacité impressionnante, ce qui fait qu’il est très dur de la cerner, et malgré cela elle parvient à nous faire ressentir de l’empathie, vers la fin encore, ce qui en soit est un petit exploit.
    Je vous conseille donc fortement ce petit film, au budget minuscule de 135 000 $, qui grâce à sa mise en scène minimaliste et méticuleuse et à Brit Marling, nous font passer par pas mal d’états émotionnels et marque bien après le visionnage du film.

    JOUR 4, 5 & 6 : « Another Earth » de Mike Cahill
    Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Cette question, vous vous l’êtes déjà certainement déjà posée, les yeux fixés vers le ciel étoilé. Au-delà des théories du complot, la possibilité de la présence d’une planète telle que la nôtre, quelque part dans l’Univers, fascine depuis toujours. Mais cette présence, qui semblerait miraculeuse et magnifique, dans l’idéal, pourrait impliquer sur chacun de nous des réactions différentes, allant de la fascination donc, mais aussi de la peur. Cette présence ferait surtout l’objet d’une grosse remise en question de l’Humanité et de notre monde, et de notre place dans l’Univers. L’Humanité a déjà était soumis à ce genre de remise en question, lors des premières révolutions coperniciennes pour ne citer qu’elles, lorsque le modèle héliocentrique devint une hypothèse bien plus valable que le modèle géocentrique imposé. « Une blessure narcissique de l’humanité » comme dira Freud. Ce profond bouleversement provoquera surtout une avalanche d’émotions chez chacun de nous.
    Un sujet proprement fascinant, à ma connaissance assez peu traité au cinéma, et c’est pourtant l’un des sujets principaux du film du jour, le premier film de Mike Cahill, avec Brit Marling, « Another Earth »
    Nous suivons Rhoda Williams, jeune diplômée, rentrant de soirée et responsable d’un accident de voiture alors qu’à la radio la découverte d’une autre planète semblable à la Terre est annoncée. Dans la voiture d’en face, John Burroughs, compositeur avec sa femme enceinte et son fils. John plonge dans le coma alors que sa femme et son fils meurent sur le coup. Rhoda passe 4 ans en prison et, ravagée par les remords, tente de se racheter au près du père sortit du coma mais en état de profonde dépression. Pendant ce temps-là, la mystérieuse planète se rapproche de la Terre…
    Nous sommes ici devant de la science-fiction intimiste, au sujet semble au « Melancholia » de Lars Von Trier (sorti à peine 2 mois avant « Another Earth »). Brit Marling interprète magistralement le personnage principal, en quête de rédemption. John Burroughs est interprété par William Mapother (qui jouait Ethan dans Lost pour les fans de la série). Another Earth dépeint les tréfonds de l’âme et de nos sentiments. Comme dans « Melancholia » il est ici sujet du spleen et de la dépression mais également de culpabilité et d’impuissance face aux évènements. Le scénario grouille d’allégories, la plus flagrante étant l’allégorie de cette planète, identique à la Terre, s’approchant peu à peu de la planète sur laquelle vivent les personnages, et nous sommes petit à petit amenés à suivre des débats durant le film qui, la plupart du temps, donnent littéralement le tournis. Si cette autre planète est identique à la Terre, les erreurs que l’on a fait ce sont elles également réalisées sur cette autre planète, autrement, les vies suivent-elle le même destin que sur la Terre ? Cette autre Terre est-elle au final un paradis où règne la paix, un monde parfait et si c’est le cas, la Terre ne serait-elle pas l’enfer, où règnent les guerres et les malheurs ? A mi-chemin entre la science-fiction et le drame intimiste, « Another Earth » est fascinant, l’ambiance qui y règne est tout simplement unique, une atmosphère à la fois triste et joyeuse sur certaines scènes, mais aussi profondément dépressive mais où il suffit de lever la tête en direction du ciel pour, peut-être, entrevoir l’espoir, et attendre passivement la rencontre avec son autre-soi, se confronter avec ce que nous aurions pu être, si notre vie avait été différente. Mike Cahill nous propose, lorsqu’il n’y a plus d’espoir, lorsque plus rien ne nous retient sur Terre, de s’envoler, pour croire en nouveau en quelque chose et recommencer sa vie, sans regarder en arrière.
    Dans ce film visuellement magnifique, Brit Marling explose littéralement, on peut voir dans ses yeux toute la douleur qui imprègne son personnage, son impuissance face à ce qui lui arrive et la volonté de se racheter d’un évènement dramatique dont elle a été la cause. En cela, « Another Earth » est avant tout un grand film sur la culpabilité. Captivant, très émouvant et poignant, « Another Earth » témoigne de la volonté du réalisateur d’étudier la condition humaine et les émotions par le prisme d’un postulat de SF fascinant.
    Je vous invite à vous ce film au pouvoir de fascination assez subjuguant, Brit Marling y est parfaite, dans un rôle complexe, un film à la fois troublant et émouvant.
    J’aimerais, pour terminer cette critique sur ce film si poétique, citer Marcel Proust, « Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus ».

    JOUR 7 : « I Origins » de Mike Cahill
    La Science et la religion sont depuis toujours en conflit. En effet, chez le scientifique la preuve est reine, or où sont les preuves lorsque le parle de croyance et foi, deux concepts qui en peuvent être quantifiés ? La religion a longtemps été la seule réponse aux questions existentielles ou qui avaient attrait avec le Monde qui nous entoure. L’obscurantisme religieux a régné en maître sur le Monde durant des siècles, jusqu’à l’arrivée de scientifiques tels qui Galilée, durant la fameuse période des Lumières. Ces premiers scientifiques commencèrent rapidement à réfuter des thèses jusque-là qui ne souffraient d’aucune contestation. Au fil des années l’obscurantisme religieux a décliné et laissé sa place en une croyance aveugle aux sciences et en la raison. Malgré des siècles de recherches scientifiques, cependant, certaines choses restent inexpliquées par la science, d’où le fait qu’aujourd’hui la religion reste très présente dans notre société. Les individus ayant, probablement, l’envie de croire en quelque chose, d’avoir foi en quelque chose dans un Monde dans lequel il est parfois dur de vivre.
    En cette période troublée nous avons besoin de films qui nous invitent à rêver, le film du jour, « I Origins », fait partie de ces films.
    « I Origins » est le deuxième film de Mike Cahill, le réalisateur de « Another Earth ». Il réunit cette fois un casting excellent, avec Michael Pitt, Brit Marling, la française Astrid Bergès-Frisbey et Steven Yeung.
    Nous suivons l’histoire d’Ian Gray, étudiant doctorant en biologie moléculaire et qui étudie plus précisément l’évolution de l’œil, pour cela il photographie les personnes qu’il rencontre. Il effectue ses recherches avec deux collègues, Karen et Kenny. Un jour, alors qu’il marche dans la rue il tombe sur une affiche publicitaire et tombe amoureux du mannequin, et plus précisément de ses yeux. Dès lors il recherche ce mannequin et finit par la retrouver. Elle est spiritualiste, lui scientifique, mais ils tombent follement amoureux l’un de l’autre. Un évènement tragique va malheureusement arriver qui mettra brutalement un terme à cette relation fusionnelle. Quelques années plus tard, Ian s’est marié avec Karen, ils ont un enfant. Une nouvelle technologie est apparu qui scan l’iris de toute les personnes sur Terre. Ian retrouve alors en Inde une personne ayant le même Iris que le mannequin défunt qu’il avait tant aimé…
    Ian Gray, le personnage principal, est joué par Michael Pitt, impeccable de bout en bout. Brit Marling joue la femme d’Ian, Karen. Si elle joue cette fois un rôle plus secondaire que dans « Another Earth », elle reste absolument parfaite dans le rôle d’un personnage passionnée, qui poussera Ian à aller jusqu’en Inde.
    Plus qu’une simple histoire d’amour, « I Origins » est un film magnifique qui confronte la science a la foi. La foi que certaines lois de la nature ne peuvent peut-être pas être prouvées, la foi en quelque chose plus grand que l’homme, quelque chose qui nous dépasse. Ce n’est cependant pas un film fanatique, qui voudra absolument vous faire croire qu’un vieux barbu sur son nuage contrôle nos vies. C’est un film qui vous fait croire, que, si vous ouvrez votre esprit, si vous ouvrez les yeux et que vous êtes prêts à croire en l’impossible, alors l’impossible devient possible. Une œuvre où la religion est impuissante face aux lois complexes de la nature, la métaphore de l’œil est ici fascinante, un organe d’une complexité qui défi l’entendement.
    En vérité il y a peu de choses à dire sur « I Origins », le film étant quasiment parfait en tout, point, des acteurs, à la photo en passant par une mise en scène à l’intelligence rare et au scénario génial qui nous fait passer par toutes les émotions jusqu’à un final beau à en pleurer.
    « I Origins » est donc un magnifique film qu’il est urgent de découvrir si vous ne l’avez pas encore vu, incroyablement fascinant, il illustre parfaitement Kant, disant qu’une croyance est le « milieu entre l’opinion et le savoir ».

    JOUR 8 : « The East » de Zal Batmanglij :
    L’écologie tient aujourd’hui une place importante dans notre société. Depuis que nous nous sommes rendus compte que nous influençons les écosystèmes, détruisons l’environnement et modifions le climat de nouvelles organisations ont vu le jour, des organisations à but écologique. Ces organisations, telles que Greenpeace, souhaite principalement sensibiliser aux désastres environnement que crées notre société et de protéger l’environnement par tous les moyens. Des mouvements écologistes sont également apparus en politique pour pouvoir lutter activement. Leurs revendications sont diverses, l’une des principales étant la gestion des déchets dans l’industrie. Aujourd’hui les industries tiennent une part si importante dans la société, on peut presque dire qu’elles dominent le Monde, qu’il est impossible de les attaquer sans voir venir des protestations venue des plus hautes sphères du Pouvoir. L’une des solutions est de mener des actions coup de poing, proches du terrorisme. Si la plupart de leurs revendications sont défendables, d’autres peuvent être ridicules comme le fait de vouloir revenir à un mode de vie aujourd’hui dépassé. Si ce genre d’idées paraissent intéressantes, elles sont totalement utopistes.
    Dans « The East », nous suivons Sarah Moss, ancien agent du FBI qui travaille dans une agence de renseignement privée qui protège les intérêts de riches hommes d’affaire. On lui demande d’infiltrer un étrange corpuscule nommé The East qui s’attaque aux multinationales qui dissimulent leurs crimes envers l’environnement ou envers leurs clients. Pour s’intégrer elle participe avec le groupe une première action, mais elle devient de plus en plus fascinée par les membres du groupe, surtout le chef, Benjie. Au fur et à mesure elle se trouve dans une impasse, écartelée entre son attachement de plus en plus croissant au groupe et son réel métier.
    Si je devais donner objectivement mon avis, « The East » est certainement le moins bon film de ce cycle Brit Marling, si « The East » n’est pas exempt de défauts il a également de grande quantité. Etant le deuxième film de Zal Batmanglij, on retrouve la même ambiance que dans son premier film, « Sound of my Voice », un début lancinant et imerssif dans lequel on voit le parcourt du personnage principal pour d’abord trouver les membres d’un groupuscule mystérieux dont personne ne semble vouloir parler, puis ensuite pour gagner la confiance des membres de ce groupe, tout en essayant de les comprendre, eux et leurs étranges coutumes. La mise en scène est d’une précision chirurgicale, comme dans « Sound of My Voice » on découvre le groupe en même temps que le personnage principal. Les scènes de groupe sont souvent magnifique, on ressent vraiment les liens puissants et fraternels qui unissent cette bande de paumés, que la société a déçu. Les personnages sont extrêmement bien écrits, le personnage de Sarah est fascinant, constamment tiraillée entre sa volonté d’aider et de d’exécuter la mission qu’on lui a assignée.
    Malheureusement, si le début du film est parfait, magnifiquement monté et réalisé, Batmanglij fait par la suite d’étranges choix et tombe un peu dans ce qu’il veut dénoncer. Des clichés sont disséminés dans son film, le plus flagrant étant la manière de vivre des activistes écologistes, qui vivent dans les bois, dorment par terre et mangent dans les poubelles, too much. En voulant humaniser des terroristes, Batmanglij non en montre une caricature. Les motivations du groupe restent étranges pendant le film malgré un pré-générique évoquant, non ne voyons que deux actions du groupe sur des lobbyistes industriels, alors que quelque chose de bien plus important aurait été préférable pour appuyer un propos puissant, au final le film dénonce mollement.
    Encore une fois, le grand point positif du film est son actrice principale, l’inénarrable Brit Marling, absolument magnifique. Son talent est encore plus perceptible dans ce film, plus faible que les autres dans lesquels elle a joué, elle est habitée par son personnage et porte le film sur ses épaules. L’autre point positif du film est sa BO, magnifique, d’Harry Gregson-Williams dans laquelle on trouve notamment un magnifique thème au piano composé par Rostam Batmanglij, frère du réalisateur, une musique qui accompagne magnifiquement le film et qui le grandit sur certaines scènes.
    Un film vraiment intéressant donc, dans la lignée de « Sound of my Voice » malgré quelques défauts, un film qu’il faut avoir vu.

    Conclusion :
    Cette jeune actrice a probablement un grand avenir devant elle. Sa petite filmographie témoigne déjà d’un certain talent pour nous faire ressentir les émotions des personnages qu’elle incarne. Accompagnée de ses deux amis d’enfance, aujourd’hui réalisateurs très prometteurs, elle a déjà brassée une multitude de thématiques, la croyance et la force des mots dans « Sound of my Voice », le spleen dans « Another Earth », le spiritualisme et la science dans « I Origins » et enfin l’activisme dans « The East ». Une carrière déjà riche donc malgré peu de films. Brit Marling a également jouée quelques seconds rôles dans « Sous surveillance » de Robert Redford et « Arbitrage » de Nicholas Jarecki, deux films assez peu représentatifs du cinéma qu’elle incarne, c’est pourquoi je ne les ai pas inclus dans cette présentation. Prochainement, nous la verrons dans « The Better Angels » de A.J Angels, toujours pas sorti en France, il retrace l’enfance d’Abraham Lincoln. Vous aurez également l’occasion de la voir dans « The Keeping Room » de Daniel Barber dans lequel elle joue le rôle principal.
    Pour finir ce cycle j’aimerais tous vous remercier d’avoir lu ce que j’avais à dire sur cette actrice que j’adore et de m’avoir donné votre avis, en effet c’était vraiment la première fois que j’écrivais longuement sur des films et que j’exprimais mon ressenti de manière plus ou moins construite. Merci à @Torrebenn , toujours à l’origine de bons concepts sur ce site dans lesquels on peut partager librement son avis sur des artistes, ou en découvrir, cette liste est vraiment une superbe idée et c’est grâce à des gens comme cela que ce site est, selon moi, parfait pour parler cinéma.
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 6 : "Cycle Gregory La Cava" par @elge

    Au début de « La Comtesse aux pieds nus », Maria Vargas (Ava Gardner) dit à Harry Dawes (Humphrey Bogart), le cinéaste vieillissant chargé de la recruter pour Hollywood, qu’elle avait vu ses films avec Carole Lombard et Jean Harlow. Il est étonné : « Vous étiez très jeune pour aller au cinéma ». Elle rajoute alors : « Je peux vous citer Lubitsch et Fleming, Van Dyke et La Cava »
    Le film date de 1954, Gregory La Cava venait de mourir, à 60 ans, plutôt seul. Mankiewcicz voulait qu’on ne l’oublie pas…
    Comment résumer ce qu’était La Cava ?
    On pourrait dire que Lubitsch n’était pas le seul à voir la « touch ».
    On pourrait dire que Mc Carey n’était pas le seul roi de la comédie loufoque.
    On pourrait dire que Cukor n’était pas le seul à filmer l’éternel féminin.
    On pourrait dire que Capra n’était pas le seul à faire du social une comédie grinçante.
    La Cava c’était tout ça : la sophistication, la folie, la femme, le politique…
    Demain je raconterai rapidement son histoire (il a commencé sa carrière en 1910, et il la finit en 1948) puis dans les 5 jours qui suivront, je parlerai des 5 films majeurs qu’il a tourné entre 1935 et 1940 : « Mon mari le patron », « Mon homme Godfrey », « Pension d’artiste », « La fille de 5ème avenue », « Primrose path ».

    Gregory La Cava est né en Pensylvannie, dans une famille d’immigrés Calabrais.
    Il fut d’abord dessinateur humoristique à New York, puis dessinateur dans le studio de dessins animés de Walter Lantz.
    A partir de 1920, il devient réalisateur, en particulier de films de W.C. Fields, dont il devint plus qu’un ami : un compagnon de beuveries… et de sanatorium !
    On connait la « sale blague » de W.C Fields : « Un homme qui déteste les enfants et les chiens ne peut pas être tout à fait mauvais ». Dans « mon mari le patron », La Cava s’en fait l’écho, quand la jeune Annabel dit soudain à l’acariâtre Martha : « Je ne vous aime pas ! ». Et Martha de répondre : « Je pense que, moi, je pourrais t’aimer … bien grillée ! »
    Dès les débuts du parlant, La Cava peaufine son style, où la femme est souveraine au centre des tourments comme des joies de la vie Dans « Smart woman » (1931), Mary Astor incarne une femme trompée mais encore amoureuse. Elle feint l’indifférence et invite son mari et sa maitresse et la mère de sa maitresse chez eux. Mais elle invite également quelqu’un qui se fait passer pour son amant. Qui ne tarde pas à s’intéresser à la rivale… tandis que le mari, bien sûr rendu jaloux, revient vers sa femme…
    On parlera en détail des thèmes de prédilection de La Cava avec les 5 films de sa période faste.
    Arrêtons d’abord sur la « La Cava touch ».
    La Cava n’est pas un formaliste aussi visiblement formaliste qu’un Sternberg ou un Ophuls. Il use des cadrages, éclairages, angles de prise de vue toujours au service des personnages. Il est pourtant capable d’une grande virtuosité comme dans la scène du suicide dans « Pension d’artiste » par exemple. Et les rares gros plans sont chargés d’émotion forte.
    La Cava, même s’il est un peu oublié maintenant travaillait avec les plus grands acteurs des années 20 : Richard Dix, Bebe Daniels, W.C. Fields… puis des années 30 : Claudette Cobert, Mary Astor, Ginger Rogers, William Powell, Joel McCrea… Il était reconnu pour savoir créer des hits qui enchantaient également la critique. Sa « touche » était un mélange de forte personnalité et de méthode de travail atypique : il lui était quasi impossible de suivre le script ce qui rendait fou tout le monde, du producteur exécutif à la script girl. Récritures constantes et improvisations étaient par contre adorées des acteurs qui voyaient là un moyen de montrer leurs performances.
    A force d’improvisations et de contributions des acteurs, les dialogues type « screwball comedy » peuvent ainsi devenir chez la Cava de véritables règlements de compte entre artistes tout à fait irrésistibles, comme dans « Pension d’artiste » : “Tu vas à la première ce soir ?” ¬ “Non, j’irai demain, à la dernière !”.
    La femme de comédie romantique de ces années est souvent une « gold digger » (une jeune femme pauvre qui cherche un mari riche). Leurs bas (et jarretières) sont leurs armes. Comme celle-ci, qui, après une nuit d’ivresse, ses bas à la main mais l’air d’une sainte-nitouche, fait croire à celui-ci qu’il a abusé d’elle, et s’incruste. Les bas chez La Cava sont comme les portes fermés chez Lubitsch, ils contiennent la tension sexuelle des personnages…
    L’alcoolisme de La Cava lui fit interrompre sa carrière en 1947, après un musical avec Gene Kelly. Son dernier projet devait être produit par Mary Pickford, mais quand elle s’aperçut qu’il ne suivait pas le script, elle le vira immédiatement. Il y eut procès que Pickford gagna. La Cava disparut des plateaux, et sombra dans l’alcool.
    L’influence de La Cava fut tout de même grande, même si on ne put y mettre un nom dessus… On retrouve du La Cava chez Frank Tashlin, Robert Altman, jusqu’à Woody Allen. « Tout le monde dit I love you » peut être vu comme un hommage à « La fille de la 5ème avenue »….
    La Cava meurt en 1952, quelques jours après l’anniversaire de ses 60 ans.
    Demain, nous parlerons de son film de 1935 : « Mon mari le patron », avec Claudette Colbert et Melvyn Douglas.

    « Mon mari le patron » (« She married her boss »), 1935.
    Julia Scott (Claudette Colbert), secrétaire de direction d'un grand magasin new-yorkais, est amoureuse de son patron, Richard Barclay (Melvyn Douglas), mais celui-ci fait à peine attention à elle. Un soir, il lui demande de rester un peu plus tard. Profitant de cette occasion, elle lui propose de continuer le travail chez lui. Elle débarque alors littéralement dans une famille de fous : une sœur écervelée, une nièce capricieuse, des domestiques voleurs… S’imposant tout de même d’emblée, Julia finit par « passer un contrat » avec Richard : ils se marient pour qu’elle rétablisse l’ordre au foyer. Contrat pas vraiment romantique ni de tout repos. Julia y parvient mais toujours sans le bonheur conjugal auquel elle aspire. IL faudra qu’elle menace de partir avec un séducteur professionnel pour que Richard ouvre enfin les yeux…
    Le film est fourmille de répliques spirituelles autant que vachardes. Le summum de l’humour vachard estampillé La Cava sera atteint dans «Pension d’artiste », avec le débit à la mitraillette typique de la « screwball comedy ». Ici, bien que le rythme soit soutenu, point de surenchère verbale, pour la bonne raison qu’il n’y a qu’une femme qui soit maitresse du jeu (alors que dans « Pension d’artiste », il y en a au moins deux, sinon une demi-douzaine qui peut prétendre).
    Car chez La Cava, ce sont les femmes qui ont l’initiative alors que les hommes sont de dérisoires spectateurs de leur vie…
    Une réplique acerbe parmi d’autres : « Why do grandparents and grandchildren get along so well? They have the same enemy - the mother”. Et quand Julia finit par donner une fessée à la jeune nièce (hors champ bien sûr), Richard, le che de famille bafoué depuis des années, marmonne: « The first music I’ve heard in this house in months ».
    Il y a cette scène magistrale au 2/3 du film, où Julia, à bout d’énergie, désespérée de se faire aimer lâche son trop plein de ressentiments. Elle vient de terminer l’arrangement d’une grande vitrine du grand magasin de son patron de mari. Cette vitrine est remplie de mannequins. Elle entre et présente son prétendant aux mannequins, sa famille dit-elle, comme un « city slicker » (un bobo). Puis, elle lui présente sa sœur Abigail (un mannequin assis au piano), sa tante Gertrud, qui a un bras articulé pour fermer les rideaux, puis Grandma Scott :« She knitted the Dred Scott decision on a piece of old burlap. » (« Elle broda la déclaration des esclavagistes sur un morceau de toile de jute »)… Ensuite elle se lance dans un discours, vitupérant contre cette exténuante famille, un discours qui, dans cet endroit artificiel, avec ces figures artificielles, avec ce mélange d’humour, d’amertume et de désespoir, touche au plus haut point…
    Un peu plus tard, le même séducteur, invité chez elle, chante, susurre, à la belle « parlez-moi d’amour » au piano. La petite nièce se met alors au piano, et en guise de réponse (à la place de Julia) chantonne une petite comptine : « "I don’t want to go to bed, I’m having too much fun!".
    Ça pourrait d’ailleurs être le credo des femmes chez La Cava : « "I don’t want to go to bed, I’m having too much fun!".
    si vous voulez voir le film (en VO) c'est là : https://www.youtube.com/watch?v=xN6BU4ahIzY

    « Mon homme Godfrey » (« My man Godfrey »), 1936

    Voici une fable drôlement désespérée !
    Pendant la grande dépression, le fossé a grandi entre les pauvres et les riches : pendant que les bidonvilles croissent, la haute société fait la fête, avec des jeux autant excentriques qu’inconsciemment cruels …
    Au début du film, au sein de la « high society », une chasse aux trésors est engagée : les concurrents doivent rapporter un « homme perdu ». Irene et Cornelia Bullock (Carole Lombard et Gail Patrick, magnifiques toutes deux) se battent pour faire venir « Godfrey » devant le jury (excellent William Powell). Comme dans un théâtre de la comédie classique (Beaumarchais, Molière), Godfrey devient alors le majordome de cette famille totalement cinglée, le père de famille étant joué par le fameux Eugene Palette (qui avait la particularité physique d’avoir les caractéristiques physiques d’un cube presque parfait !). Cornelia, éprouve rapidement une véritable aversion pour Godfrey, et lorsqu'un collier de perle disparaît, elle tente de le faire accuser du vol…
    Cette famille Bullock fait irrésistiblement penser à la famille Sycamore de « You can’t take it with you » de Lubitsch (d’ailleurs, Mischa Auer joue le parasite de l'une et de l’autre). La Cava et Capra partagent la même thématique sociale. Mais La Cava, au milieu des rires, diffuse un bon gros malaise...

    L’héroïne du film, jouée par Carole Lombard, n’est pas une femme "foldingue-mais-spirituelle" typique de la « screwball comedy », mais une crétine intégrale.
    C’est sa sœur Cornelia qui endosse (un peu) ce rôle à la Katherine Hepburn : la scène où elle accepte la « leçon », car bien sûr, « leçon » il y aura, est très émouvante…

    Carole Lombard est étourdissante face à son ex compagnon, William Powell. Elle atteint un niveau de dinguerie hallucinée qui finit même par amener un brin d’inquiétude .
    Une anecdote : pour faire rire Powell durant les prises, elle s’amusait à finir ses répliques par des « fuck »… tellement souvent, qu’il y aurait encore, parait-il, des scènes, où, malgré le travail des monteurs, on pourrait les déceler (essayez ! ).

    Cette famille Bullock est donc dégénérée. Le peuple s’est sacrifié pour cette poignée de nantis, repliée sur elle-même, inconsciente de la réalité du monde…
    On sent vaguement la tentation anarchique de La Cava.
    Mais la dernière scène est un faux happy-end. Elle donne l’impression d’être bâclée. Comme si La Cava voulait nous laisser une impression amère, avec peu d’espoir d’un futur viable, avec un gout de cruauté : la comédie sociale va continuer…
    Godfrey, c’est le cousin du Deeds de Frank Capra : l’argent qui lui tombe entre les mains, il le réutilise au bénéfice des clochards de la décharge de New York, au pied du Queensboro Bridge.
    Bien sûr, il serait osé d’écrire que La Cava réalisait des films sur la lutte des classes. Cependant, le rire qu’il génère est terriblement chargé de conscience : « Pourquoi vivez-vous dans ce dépotoir alors que c'est plus joli ailleurs ?". Comme Capra, La Cava est un moraliste américain, adepte du Thoreauisme : la recherche du bonheur, c’est vivre avec attention… avec attention les uns aux autres (message qui résonne bien ces jours)
    le film est visible en HD et VO ici : https://www.youtube.com/watch?v=pQXK35jrzgM

    « Pension d’artistes » (« Stage door »), 1937.

    Ce film est un diamant !

    Ce film, on peut le voir et le revoir comme on voit et revoit son meilleur ami.

    Il y a tout le cinéma dans ce film : des jolies filles qui font de jolies choses (sic), des dialogues sublimes, une histoire qui parle du jeu d’acteur, un « climax », du rire, de l’intelligence, de l’émotion, des leçons données, des leçons apprises…

    A « Footlights Club », une pension de jeunes femmes artistes, cohabitent Jean Maitland une danseuse blonde sarcastique (Ginger Rogers, brillantissime), Linda Shaw, une brune prétentieuse (Gail Patrick, qui jouait déjà la prétentieuse dans « Mon homme Godfrey), Kaye Hamilton, une jeune comédienne possédée par son art (fragile et douce Andrea Leeds), Catherine Luther, une ancienne vedette (Constance Collier, qu’on a l’impression d’avoir toujours vue âgée et dans ce rôle d’ancienne actrice), Judy Canfield, une rousse exubérante (Lucille Ball, déjà irrésistiblement charmante et drôle), Eve (Eve Arden), Annie (Ann Miler) et bien d'autres encore…
    Terry Randall (Katharine Hepburn, dans son rôle fétiche, mi-séduisante mi-éagaçante), une riche héritière souhaitant faire ses preuves sur scène, s'intègre au groupe et partage sa chambre avec Jean…

    Bien sûr Jean et Terry commencent par se détester… et au milieu du fracas des saillies que toutes ses jeunes femmes se lancent (un vrai maelstrom de mots… il faut probablement revoir le film aussi pour les saisir tous), il y a celles que s’échangent Jean et Terry (avec un avantage pour la caustique Jean, jugeons-en un peu) :

    Jean: “We started off on the wrong foot. Let's stay that way.”

    Jean: “When I get back to my room, you're the only thing I want to find missing.”

    Terry (entrant dans la pension après avoir essayé d’ouvrir la mauvaise porte) : « How many doors are there to this place?
    Jean: Well, there's the trap door, the humidor, and the cuspidor. How many doors would you like?”
    (Je traduirais « humidor » par cellier et « cupsidor » par crachoir)

    Terry: “I see that, in addition to your other charms, you have that insolence generated by an inferior upbringing.
    Jean: Hmm! Fancy clothes, fancy language and everything!
    Terry: Unfortunately, I learned to speak English correctly.
    Jean: That won't be of much use to you here. We all talk pig latin.”
    (“pig latin” = verlan)

    La Cava avait une idée très précise de ce qu’était un acteur, a fortiori une actrice. Il y avait celles qui avaient des difficultés à être « réelles » (ils les appelaient les « dressed-up puppets », et les vraies actrices, celles qui « s’oublient » dans leur jeu.
    Andrea Leeds, qui joue Kaye, dans le film raconte : « Gregory La Cava nous a fait toutes venir au studio 2 semaines avant le tournage pour y vivre comme si nous habitions la pension. Il récrivit les scènes jour après jour pour se rapprocher des vraies sensations que nous partagions. Au final, cala donna un effet de spontanéité et d’intimité. ».
    Et d’ailleurs, Kaye, le personnage que joue Andrea Leeds, incarne cela : la véritable actrice. Tandis que Katharine Hepburn incarne celle qui passe de la « puppet » à la vérité.

    D’autant plus que, sur le plateau, Hepburn a dû travailler dur pour se faire accepter alors qu’elle était vue au départ comme le « box-office poison » de la troupe…
    Il serait trop de dire que ce film est du cinéma-vérité, mais La Cava s’est vraiment nourri de son monde pour emplir son film de réalité…
    C’est Ginger Rogers qui étonne le plus ici, alors qu’elle n’était connue presque qu’associée à Fred Astaire. Elle a d’ailleurs, dans le film, un tout petit numéro, qui, étonnamment (sciemment ?), ne met vraiment en valeur son talent de danseuse… Sa palette d’émotions est admirable et son naturel pour sortir des vacheries spirituelles à mourir de rire…

    Ce chaos d’où sort une grande humanité, cette communauté équitable, chaleureuse, artistique, est-ce le monde idéal dont rêve Gregory La Cava ? Dans « The half-naked truth », un de ses premiers films, la communauté du cirque est déjà perçue comme un refuge, comme un moyen de « lutter pour la vie » (« struggle for life »… c’est presque intraduisible en français). Décidément, les penchants gentiment anarchistes de La Cava se précisent…

    Le film commence comme une comédie loufoque et se termine en tragédie.
    La scène qui fait basculer le film est celle du suicide de Kaye. Il y a très peu de scènes visiblement virtuoses chez La Cava, c’est pourquoi celle-ci est vraiment bouleversante. Kaye est d’abord cadrée en plan moyen dans l’escalier et de face. Puis elle monte les escaliers et la caméra (probablement sur une grue) la suit en panoramique, son ombre visible sur le mur. Elle a le regard fixe. Elle monte lentement. On entend les voix joyeuses de la communauté, assourdies, presque déformées, comme si on entrait dans la conscience perturbée de Kaye. La caméra opère un mouvement pour la reprendre de face. Elle continue d’avancer, regard-caméra déterminé et tourmenté. Le cadrage devient un très gros plan, puis elle passe hors champ comme si elle traversait la caméra. Cut.

    Frissonnant…

    Plus tard, dans la scène dite des « Calla Lillies » (ce sont des fleurs), on voit Terry, devenir une actrice et Jean et Terry se rapprocher (joli photogramme du film, très connu : https://crystalkalya...rn-ginger-rogers.jpg) : definitely, the show must go on !

    Demain, le show continue donc, avec « La fille de la cinquième avenue », dans un thème qui, schématiquement, mixe celui de « Mon mari le patron » avec celui « Mon homme Godfrey », et avec l’actrice de « Pension d’artistes » : Ginger Rogers.

    « La fille de la 5ème avenue » (« The 5th ave girl »), 1939.

    Alfred Borden (Walter Conelly), millionnaire habitant la 5ème avenue de NUC, est déprimé, il se sent délaissé par sa famille qui le néglige oubliant même son anniversaire. Il rencontre sur un bac une jeune femme au chômage, Mary Grey (Ginger Rogers). Il l’invite à dîner dans un night-club à la mode pour fêter son anniversaire. Charmé par la joie de vivre de Mary, il lui propose de venir vivre chez lui afin d’attiser la jalousie de sa famille…

    La première question qu’on se pose est : mais pourquoi Mary accepte ?
    Parce que Mary est une vraie stoïque (je veux dire : adepte du stoïcisme). Elle est sans travail, sur le point de devenir SDF. Elle prend la vie au jour le jour.

    La deuxième question est : pourquoi Alfred propose cette transaction ?
    Il est le vrai héros de l’histoire, Alfred. C’est lui qui a une leçon à donner. C’est lui qui n’est pas reconnu à sa juste valeur par sa famille. Sauf comme un robinet à fric. C’est le jour de son anniversaire, personne ne fait attention à lui, à ce qu’il est…

    Du coup, c’est Alfred qui déroule un plan, et Mary a peu à gagner. Elle peut même tout perdre y compris on stoïcisme. Car la seule issue, c’est de retourner dans la rue après avoir passé un certain temps à vivre dans la 5ème avenue…

    Il est inconcevable que notre Cendrillon convole réellement avec le sieur Alfred. D’où une histoire d’amour collatérale qui vient sauver in extremis le statut de comédie romantique du film. Ceci étant dit, en très peu de scènes, la mécanique du cheminement romantique (du « je te déteste » au « je t’aime ») est superbement établie. C’est d’ailleurs emblématique du savoir-faire de La Cava.

    On voit comment le script reprend partiellement la thématique de ses 2 films « Mon mari le patron » (un homme riche fait entrer une femme dans sa famille riche et chaotique) et « Mon homme Godfrey » (un personnage pauvre vient apporter le salut dans une famille riche et chaotique).
    Durant ces mêmes années (1935 à 40), un autre grand oublié de la comédie romantique sophistiquée, Mitchell Leisen, a tourné également 2 films sur ce même thème : « La vie facile » et « La baronne de minuit ».

    Dans le même temps, des cinéastes du pur comique comme McCarey se révèlent dans le drame : son « Place aux jeunes » est un pur joyau. La Cava avait le don de nous faire passer du rire aux larmes tout en en brisant les barrières de classes. Ces lignes bougent aussi chez Cukor, et bien sûr chez Lubitsch, qui prônent, il est vrai, plus une révolution libertaire que sociale.
    L’humanisme de La Cava passe par une certaine amertume (la réussite vient forcément de compromissions, le travail anoblit-il vraiment l’humain ? l’amour est-il une négociation ?). Cet humanisme se déploie sur tous ses personnages : bien sûr, nous aimons les personnages piquants et séduisants qu’il attribue à la merveilleuse Ginger Rogers, mais on perçoit également sa sympathie pour tous les autres personnages, même les plus soi-disant antipathiques.
    C’est pour cela que j’aimerais vivre dans un film de La Cava…

    aujourd'hui "Primrose path" (1940)

    Primrose Path, c'est bien !










    ;-)

    @Torrebenn donc 3 phrases pour terminer. J'espère avoir incité un peu à voir ces films de Gregory La Cava. “Primrose Path”, même s’il est un peu sombre, est l’exemple le plus fort de son monde centré sur la femme.
    « She Married Her Boss”, “My Man Godfrey”, “Stage Door”, “Fifth Avenue Girl,” et “Primrose Path” restent modernes comme ils l’étaient il y a 80 ans. Le rire, les larmes et l’esprit sont de tous temps et de tous lieux… A ciao et bises à l’œil !

    @cath44 je n'ai rien dit sur Primrose Path en effet... je vous invite à le voir à l'aune de ce que vous savez des autres films... vous verrez l'aboutissement surprenant d'une œuvre magnifique (cette année-là, Ginger Rogers a eu l'oscar pour un autre film probablement plus médiocre que "Primrose Path", dans lequel elle est... je ne sais pas ... sublimissime ! :-)
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 7 : "Cycle David Lean avant les fresques épiques" par @TeddyDevisme

    DAVID LEAN AVANT LES FRESQUES ÉPIQUES

    J'ai initié ce cycle car David Lean est un cinéaste majeur dans l'histoire du cinéma britannique. Mais je ne parle pas ici de ses réalisations les plus connues, tels THE BRIDGE ON THE RIVER KWAI ou LAWRENCE OF ARABIA (etc). S'il est considéré comme un cinéaste majeur, qui en a influencé de multiples après lui, c'est pour ses réalisations précédentes.
    Il faut déjà savoir que David Lean a commencé comme monteur (cela explique pas mal de choses quand on voit ses propres films), notamment pour Alexander Korda, Michael Powell, ...
    C'est en pleine Seconde Guerre Mondiale, en plein cinéma de propagande, que David Lean passera à la réalisation. En 1942, il co-réalise avec Noel Coward le film IN WHICH WE SERVE (Ceux qui servent en mer).
    La collaboration avec le dramaturge ne s'arrêtera pas là. Parce qu'ensuite, David Lean sera seul à la réalisation de ses films. Et surtout, ses deux premiers films sont des adaptations de pièces de Noel Coward.

    THIS HAPPY BREED (Heureux Mortels) - 1944
    David Lean fait d'une pierre trois coups avec ce premier film en étant seul à la réalisation. Le premier coup est la continuité de la collaboration avec Noel Coward, et le respect total envers son oeuvre théâtrale. Le deuxième coup est l'utilisation du Technicolor, qu'il affectionne beaucoup. Le troisième coup est la première collaboration avec John Mills, qui deviendra rapidement l'un de ses comédiens fétiches.
    Ce film, comme le sera le suivant, ne sortait pas sous le nom de David Lean, qui n'était pas vraiment connu. Il s'agit plutôt d'un film qui va le lancer, tout en conservant le nom de Noël Coward par rapport à sa réputation de haut vol.
    Le titre, toute une référence à Shakespeare, évoque une grande tendresse et une certaine ironie envers la génération explorée dans le film. Car il s'agit avant tout d'une chronique, où la temporalité est fluidifiée pour en garder les meilleurs moments. En effet, le récit se déroule sur plusieurs années. Ainsi, David Lean et Noël Coward explorent la société britannique dans son ensemble et sous plusieurs époques : des personnages aveuglés par leurs statuts, toujours dans l'excès. Le Technicolor du film en est la preuve évidente : bien qu'assez discret, il permet de considérer l'excentricité des personnages créés par Noël Coward. D'un autre côté, le Technicolor permet d'apporter ce côté attrayant pour voir une adaptation de pièce théâtrale.
    Et petit plus à savoir : la voix off qui ouvre le film est celle de Laurence Olivier, autre grande figure de la culture britannique de l'époque.

    BLITHE SPIRIT (L'esprit s'amuse) – 1945
    Un après le succès de « This Happy Breed », il s'agit ici de la troisième collaboration entre David Lean et Noel Coward. Un long-métrage qui respecte une nouvelle fois complètement l'oeuvre de Coward, avec un retour du Technicolor.
    Davantage que dans le précédent, il y a ici un ton beaucoup plus désinvolte et ironique. L'excentricité de Coward ne connait ici aucune limite, et s'expose surtout au mélange entre le mélodrame et le fantastique. Le Technicolor sert également avec beauté la fantaisie de la mise en scène de David Lean, ainsi que le jeu de la séduction. Parce que les attitudes sont à nouveau très encrées British, le réalisateur fait déjà apparaître son penchant pour les belles femmes et son plaisir à cadrer les comédiennes.
    Pourtant, David Lean ne se reconnaissait pas dans ce genre de frivolité et de satire sur la bourgeoisie. Parce que le mépris et la désinvolture de Noël Coward finiront par ne plus l'inspirer, le réalisateur ira voir ailleurs. En effet, David Lean prônait un cinéma populaire et accessible de tous, même si le genre de la comédie lui échappe et qu'il ne parviendra pas à s'en satisfaire. Après ce film, David Lean abandonnera la couleur pour repartir sur le Noir & Blanc.

    BRIEF ENCOUNTER (Brève Rencontre) – 1945
    Je n'ai pas inclus ce film dans mon cycle, car il est très connu. Même s'il y aurait beaucoup de choses à raconter dessus.

    GREAT EXPECTATIONS (Les grandes espérances) – 1946
    Dans « Brief Encounter », le Noir & Blanc mettait en évidence un romantisme instantané avec une caméra captant la beauté simultanée de l'amour et des espaces. L'élégance de ce long-métrage se retrouve dans « Great Expectations ». Il s'agit de la première adaptation de Charles Dickens par David Lean, dont il était fan.
    Lean a toujours cette tendance à respecter l'oeuvre originale. De ce fait, la lumière dans ce N&B traduit tout le romanesque qui s'empare des relations amicales et passionnées entre les personnages. En parallèle, le fantasme et la poésie se mêlent dans le cadre qui explore des décors victoriens fascinants. Que ce soit ce cimetière angoissant, cette ferme austère, ce château mystérieux ou ce Londres excentrique et snob. David Lean développe également un faux-semblant, puisque l'esthétique travaille une dimension gothique qui se veut à la fois la tragédie des émotions et l'absurdité d'une condition sociale.
    Avec un casting en or : John Mills (vu dans « This Happy Breed »), Jean Simmons et Alec Guinness. A voir absolument pour la beauté et la grâce de Jean Simmons, puis pour le rare et éclatant duo entre Mills et Guinness !
    Produit par Ronald Neame, qui suivra de près David Lean et en deviendra un collaborateur régulier.
    A mon goût, le meilleur film de David Lean avant qu'il ne réalise ses fresques.

    OLIVER TWIST – 1948
    Après « Great Expectations », David Lean adapte un nouveau roman de Charles Dickens. Il y trouve une nouvelle fois un portrait à effectuer sur la société britannique. Encore une fois sous l'époque victorienne, le réalisateur prend ici quelques libertés : l'ironie de Dickens est abandonnée, pour se concentrer sur la cruauté et la misère.
    Dans le précédent, David Lean s'évertuait à respecter l'oeuvre par un aspect gothique. Ici, le réalisateur souligne le récit par un expressionnisme sensoriel. De cette manière, sa mise en scène peut épurer le texte et se concentrer sur le comportement des corps et l'ambiance. Ce film peut se voir comme un opéra de la violence, à tel point qu'il amplifie la souffrance et l'angoisse de ses personnages.
    L'une des histoires les plus intéressantes à raconter sur ce film, c'est surement les coulisses concernant Alec Guinness. Encore jeune à l'époque, il jouait le jeune homme blond de la ville dans « Great Expectations ». Ici, l'acteur est venu directement voir David Lean pour demander à incarner le fameux Fagin. D'abord réticent, le réalisateur a fait ressortir son goût pour les déguisements, et ainsi Alec Guinness est devenu Fagin avec un look méconnaissable. Et c'est, à mon goût, son meilleur rôle.
    Produit par Ronald Neame.

    THE PASSIONNATE FRIENDS (Les amants passionnés) – 1949
    Après s'être attaqué à Charles Dickens, David Lean et Ronald Neame se sont penchés sur un roman de H.G Wells. « The passionnate friends » est pourtant un roman parmi les plus méconnus de l'érivain. Partenaire créatif de Lean, Neame devait (à l'origine) réaliser ce long-métrage. Mais David Lean trouvera la première version du scénario de Neame imparfait. Il va suggérer plusieurs changements, avec Ronald Neame qui va commencer le tournage. Mais Lean trouvera les premiers résultats pas assez convaincants. Il faut savoir que le réalisateur de « Doctor Zhivago » était un artiste très rigoureux et strict envers les œuvres auxquelles il participait. Il arrivait même à engueuler sévèrement ses comédiens lors du tournage, les pousser à bout pour réussir un plan de quelques secondes.
    David Lean écarte Ronald Neame et Eric Ambler (écrivain associé au scénario qui n'aimait pas Lean) et s'empare du projet. En résulte un prolongement de « Brief Encounter » mais moins dans le spontané et plus exacerbé. Tel un dyptique, où Trevor Howard revient sous les ordres de Lean (protagoniste de « Brief Encounter ») pour prendre le rôle que devait incarner Marius Golring (« The Red Shoes » et « Intelligence Service » de Powell et Pressburger). Ce qui fait que ce film se démarque de la précédente romance avec T.Howard, c'est l'inversement des approches. Ici, le baroque est dans les sentiments et le romantisme est surtout incarné par les espaces (comme une dimension exotique).
    Avec Ann Todd, troisième femme de David Lean.

    MADELEINE – 1950
    '' Madeleine, elle aime bien ça … '' pourrait-on dire après avoir vu ce film. Deuxième film de David Lean où il dirige sa troisième femme Ann Todd. En effet, ils tourneront trois films ensemble (avec « The sound barrier » en 1952) et qui formera comme une trilogie Ann Todd. C'est d'ailleurs elle qui est à l'origine de ce projet, dont David Lean n'était pas partant. En vérité, l'actrice était une amatrice de faits divers, qu'elle dévorait à longueur de temps. Ainsi, elle s'est penchée sur l'affaire Madeleine Smith, qui s'est retrouvée accusée pour avoir peut-être assassiné son amant Emile L'Angelier (un français). Le cas restera non résolu.
    Ann Todd avait interprété le rôle au théâtre et voulait reprendre cela au cinéma. Cependant, David Lean ne voulait pas partir de la pièce pour écrire le film (souvenir de ses débuts avec Noël Coward ?) mais fit écrire un tout nouveau scénario. Ce rôle féminin est une vraie femme fatale qui oppose tout de même des caractéristiques de la jeune femme victorienne. Pour filmer cela, Lean utilise les ellipses au montage pour exprimer la longévité de l'incertitude et les remords au fil que les émotions évoluent. Même si le long-métrage tourne autour de la performance de Ann Todd, il en reste qu'un film mineur dans la carrière de David Lean, notamment à cause du cadre qui n'arrive pas à créer l'élan nécessaire au romantisme tant apprécié par le réalisateur.

    SUMMER MADNESS (Vacances à Venise) – 1955
    Après tous ces films mêlant une époque contemporaine à la sienne, David Lean estimait être arrivé au bout de ses idées sur le romantisme. « Summer Madness » pourrait se voir comme la conclusion de David Lean avant de partir vers de gros budgets. Retour du Technicolor, pour explorer un exotisme et la chaleur d'une Venise voluptueuse. Encore une fois, une femme est au centre d'un film romantique de David Lean : il s'agit ici de Katharine Hepburn. Elle est intéressante au sein de tout cet impressionnisme qui peut s'apparenter à un catalogue de cartes postales. Accompagnées d'une musique assez mélancolique, David Lean signe ici un opéra tragico-romantique où il se garde de laisser quelques facilités. Surement le moins bon film du réalisateur, mais ce n'est pas grave, car 2 ans après, il nous offre THE BRIDGE ON THE RIVER KWAI avec un Alec Guinness épatant.
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 8 : "Cycle Claude Chabrol" par @bredele

    CHABROL, J'ADORE
    Midi, pour faire sa présentation, l'horaire lui aurait plu.
    Chabrol est un homme que l'on aurait aimé fréquenter. Drôle, sympathique, bon vivant, cultivé, fin connaisseur de l'âme humaine et curieux de tout ( il adorait la télé.)
    Il fut l'un des chefs de file de La Nouvelle Vague avec Truffaut et Godard ainsi que critique aux Cahiers du Cinéma et à Arts.
    Moins nombriliste que Truffaut et moins expérimentateur que Godard, aimant avant tout le film de genre. Il est un fin connaisseur de Fritz Lang, de Renoir, de Hitchcock et de Hawks.
    Ses débuts furent fracassants, il fit grincer les rouages d'un cinéma bien pépère. Exemple, Les Cousins et les Bonnes Femmes que je vous présenterai.
    Sa filmo., plus de 50 films, présentent un spectre large, allant de chefs-d'oeuvre ( Que la Bête Meure) à de sublimes nanars (Marie-Chantal contre Dr Kha), de films politiques (l'Ivresse du Pouvoir) à de magnifiques adaptations littéraire ( La Cérémonie). Si celle-ci parait dispersée, elle possède néanmoins une ligne commune : La dénonciation du mensonge et un portrait acide de la société française où les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on imagine.En admirateur de Balzac, dont les références parsèment son oeuvre, il aura lui aussi fait sa Comédie Humaine. Son seul mot d'ordre : Méfions-nous des apparences, et un grand principe : NE PAS EMMERDER LE PUBLIC.

    Les 2 premiers films que je vous présenterai seront ce que je nomme des Thrillers Bourgeois. Grand spécialiste de la bourgeoisie de province, il dénonce les conventions sociale et morale ainsi que sa misère intellectuelle, avec un regard particulièrement féroce.Pourtant, il ne juge jamais. L'amour en soi est jouissif, car l'amour est sexuel et aussi ludique.
    Chabrol dit de cette bourgeoisie: " C'est une société en dérive qui se fabrique des problèmes de cul, car elle n'a pas de problèmes de fric".
    Ces films figurent parmi les raes témoignages de ce que fut la vie politique de la Vème République.
    Il suffit de suivre Michel Bouquet, d'un film à l'autre, pour mesurer ce qu'était un bourgeois dans les années 1970. Il restera l'image du bourgeois Pompidolien.

    Dans les 2 suivants, datant de 1959 et 1960 nous sommes presque dans le documentaire. Les portraits de la jeunesse parisienne y sont particulièrement ciselés.
    Le dernier est d'une sensualité torride et particulièrement pervers et cruel.

    1. LES NOCES ROUGES -1979-
    Pierre ( Piccoli), conseiller municipal d'une petite ville de province est l'époux d'une femme toujours malade. Il éprouve un désir fou pour Lucienne (Audran), la femme de Paul (Pieplu), le député-maire riche et impuissant. Pierre tue sa femme et sa liaison est découverte par Paul, qui va le faire chanter en l'entraînant dans dans des affaires frauduleuses. Les amants l'élimine.
    S'inspirant d'un fait divers authentique, Chabrol continue à disséquer notre belle province. Ce qui compte dans les Noces Rouges, c'est moins l'histoire d'adultère bourgeois et d'un double crime passionnel, que le regard méprisant dont il accable victimes et bourreaux.
    Claude Piéplu, magistral dans son rôle de député-maire cocu, complaisant, cynique et prêt à tirer parti de son "cocufiage".Il est le symbole de l'autosatisfaction, mais avec quelques zones d'ombre.
    Piccoli et Audran sont excellents également, en amants meurtriers. Dévorés par leur attraction sexuelle, déshabillages frénétiques, en tous lieux et toutes circonstances, étreintes rugissantes, ils sont si bêtes qu'ils ne pensent pas une seconde à fuir.
    Mais pour que la tragédie commence, il faut que la propre fille de Lucienne, veuille que sa mère soit irréprochable et pour cela donne la vérité sur un plateau à la police......
    Ce film fut censuré à sa sortie par Le Ministre Duhamel. Il peignait d'une manière fort déplaisante un député de la majorité....
    Précisons pour cerner l'hérésie de cette position, qu'en France la Censure ne peut intervenir que lorsque l'ordre public ou les bonnes moeurs sont concernés.
    Cerise sur le Gâteau, il est visible sur You tube : https://www.youtube.com/watch?v=LghV7kmOcmI

    2.JUSTE AVANT LA NUIT -1971-
    Ici toutes les conditions requises à la bourgeoisie sont en place :
    a- Les conditions financières : belle maison, domestique, tranquillité.
    b- L'enfermement des valeurs et de la famille
    c- Un certain vide intellectuel. Comme pour les apparences tout est superficiel.
    Au cours de jeux sado-maso, Charles Masson ( Bouquet)étrangle sa maitresse, la femme de son ami François (F.Perrier). Crime non crapuleux, mais crime parfait. Tout pourrait en rester là, mais c'est Noël, et de vieux remords judéo-chrétiens l'assaillent. Ne pouvant plus supporter son secret, il avoue son crime à sa femme (Audran) et à son ami.Et, surprise, tous deux trouvent de nonnes raisons de l'absoudre. Il décide malgré tout de se dénoncer à la police....
    Ici tout est parfait, maison, femme, enfants, travail (publicités hilarantes et publicitaire caricaturaux). C'est là que Chabrol rentre en jeu et nous fissure avec délectation ce bel édifice.
    Bouquet et Audran reforme ce couple bourgeois de La Femme Infidèle, et comme les apparences, ils sont parfaits.
    et voici le lien qui vous permettra de le découvrir https://www.youtube.com/watch?v=vml5USXTlyU

    @cath44 tu fais bien de citer Brahms, parceque toute sa filmo. Reflète ses gouts musicaux. Brahms justement dans Que la bête meure, on entendra Mozart et Wagner dans Les Cousins . Berlioz dans à Double Tour, Rimski-korsakov dans les Godelureaux....la liste est longue

    3- LES COUSINS -1959-
    Charles ( Gérard Blain), provincial, sérieux et travailleur débarque à Neuilly chez son cousin Paul (Brialy), un garçon cynique et jouisseur. Tous deux préparent une licence en Droit. Charles tombe amoureux de Florence que peut Paul se dépëche de lui voler. Malgré le zèle qu'il déploie à étudier, il rate son examen, alors que Paul, grâce au sinistre Clovis (qu'il rémunère), l'obtient. Allant d'échec en échec, il lui reste la roulette russe...
    Ce film est le second réalisé par Chabrol. Il fut grand Prix du Festival de Berlin en 1959.
    Dans Les Cousins il y a l'étude de 2 caractères : l'homme honnête qui ne triche pas, qui croit au travail et à l'amour et l'autre non. Mais c'est aussi un regard pointu sur la solitude des êtres.
    Peinture extrêmement vivante d'une certaine jeunesse, dont Chabrol connait tous les codes puisqu'il les a pratiqué. Comme dans Les Tricheurs de Carné, les étudiants sont beaux parleurs et bons à rien et les filles toujours prêtent à coucher. Les surprises- parties sont sans surprises, tout ceci baignant dans une fausse désinvolture.
    L'inventaire est brillant, jamais vulgaire, mais déprimant.
    Brialy et Blain sont plus vrai que nature, d'ailleurs le rôle a été écrit pour lui.
    Encore un petit lien qui vous permettra de le voir :https://www.youtube.com/watch?v=F9-2wFP7of4
    Voir le Paris de 1959 est toujours plaisant.
    Ce film n'a rien à voir avec les deux premiers, c'est plus une étude de la jeunesse estudiantine parisienne de l'époque. Nous découvrons nos parents.....

    @elge dit : Je recopie un article du point de 2010, tout à fait réjouissant (enfin... je trouve qu'il est réjouissant !) :
    À la question des journalistes "Vous sentez-vous bourgeois ? ", Claude Chabrol répondait "Oui. Hélas, c'est le drame !" Tout au long de son oeuvre, le cinéaste, décédé dimanche à l'âge de 80 ans, s'est attaché à peindre avec cruauté et gourmandise les moeurs de la bourgeoisie de province, notamment ses scandales étouffés par une respectabilité de façade. Et il n'hésitait pas à forcer le trait jusqu'à la limite de la noirceur absolue. Morceaux choisis.

    "J'adore les bourgeois. De toutes les ethnies, la bourgeoisie est la plus marrante [...]. Ce qui me ravit, c'est qu'ils ont fait la révolution pour rien [...]. Je trouve cela très amusant. En plus, ils peuvent être très méchants. C'est épatant. Et ils sont encore plus drôles quand ils sont malades." (Mardi Cinéma, 1987)

    "J'ai cherché à ce que la famille bourgeoise soit extrêmement sympathique, car plus elle est telle, plus l'inéluctable de la lutte est rendue atroce." (L'Humanité, 1995, à propos de son film La Cérémonie)

    "J'ai eu peur toute ma vie d'être un bourgeois, mais je m'aperçois que je n'en suis pas un ; car si je dîne avec eux, je réalise que je n'aime pas ce qu'ils aiment : l'argent, les décorations [...]. Un bourgeois, c'est un être pour qui possession vaut titre. Ça implique une volonté de paraître, des tas de choses absolument immondes [...]. J'ai toujours eu plaisir à prouver et à me prouver que la position bourgeoise était stupide." (Libération, 1995)
    La bourgeoisie "n'est pas une obsession. Mais c'est la seule classe qui nous reste, qui nous dirige, la plus ridicule, la plus intéressante. On peut taper dessus... On a l'impression de taper dans le vide, mais pas complètement." (La Dépêche, 2003)

    "La bourgeoisie, c'est l'air que nous respirons. Le fait qu'il n'y ait plus de classe sociale rassure les bourgeois. La bourgeoisie est tellement dominante qu'on est obligé de créer des sous-groupes." (Le Point, 2007)

    Il y a un truc intéressant dans les propos de Chabrol, c'est que, malgré ses propos féroces, il semble faire de "l'under statement"... Et ses films sont comme ça également.

    @elge j'adore ces propos, et je l'imagine , sans problème, les prononcer. Ma conclusion sur ce cycle ira dans ce sens. Heureusement, que tu n'as pas trouvé exactement les mêmes que moi... Tu as raison de dire qu'il fait de l'understatement, mais c'est tout son art. Certains de ces films paraissent assez lisses, mais en fait ne le sont jamais. Aucun de ces films, même Docteur Popaul, c'est un exemple, ne peut se réduire à un dimple divertissement.

    4- LES BONNES FEMMES -1960-
    L'histoire de 4 demoiselles qui après s'être fermement ennuyées toute la journée en vendant des appareils ménagers, partent le soir à la découverte de la vie et à la recherche du bonheur. Chacune à son mystère, Jane ( Bernadette Lafont) fait la noce, Ginette ( Stéphane Audran) chante, Rita (Lucile Saint-Simon) rêve d'épouser un crémier et Jacqueline (Clotilde Joano) veut vivre le grand amour.
    Chabrol exprime particulièrement bien l'ennui pesant de ces jeunes femmes, de milieu modeste (pas si souvent). Une vie morose animée de rêves de quatre sous quand vient la nuit. Leur naïveté et leur stupidité sont particulièrement bien exprimées dans la scène du racolage, dans celle de la piscine et de leur triste fête, accompagnés de messieurs particulièrement libidineux. La patte de Chabrol est déjà là, il ne les plaint pas, bien que ce soit sidérant de bêtise, il les regarde avec un humour diabolique. La dernière image du film atténuera cette vision froide, laissant place à une profonde amertume.
    Ce film fut qualifié à sa sortie de misogyne et vulgaire. La sociologue Evelyne Sallerot le qualifia d'immonde. Ce fut un échec commercial, pourtant il fut défendu par Françoise Sagan, qui apprécia son scénario corrosif et la modernité de sa forme.

    5- LES BICHES -1968-
    Frédérique (S. Audran), femme très riche, entraîne Why (J. Sassard), une jeune femme sans argent dans des amours lesbiennes. Mais Why tombe amoureuse de Paul(Trintignant). Frédérique joue alors de sa séduction pour l'accaparer. Why délaissée, perd peu à peu la raison.
    Encore une peinture cruelle et dure d'une petite classe sociale dépravée, et drame de l'aliénation par l'argent et la volonté de puissance. Ici, l'on assiste à l'affrontement de deux classes sociales inévitablement antagonistes.
    Il faut retenir la haute tension érotique de ce film éminemment troublant. Comment résister à l'allure de Stéphane Audran, à la beauté de Jacqueline Sassard et au charme et à la voix de Jean-Louis Trintignant. Chabrol n'oublie pas pour autant de se moquer des faux intellectuels mais vrais parasites qui vivent dans la demeure tropézienne de Frédérique. Et comme toujours avec Chabrol, rien ne se passe comme on l'attend.
    Preuve de la perversité du bonhomme, il fait tourner S.Audran qui est son épouse depuis peu, avec Trintignant qui fut son époux juste avant....
    le lien qui vous permettra de suer de désir et d'effroi https://www.youtube.com/watch?v=pWeo7HPjjKs

    Avant de laisser Chabrol conclure, je voulais remercier tous les participants qui m'ont permis d'animer ce Ciné-club. Les échanges furent passionnants, aussi savoureux qu'enrichissants.
    Mais pour conclure je laisserai la parole à Claude Chabrol avec quelques unes de ses réflexions :
    "De toutes les ethnies, la bourgeoise est la plus marrante et ce qui la caractérise, outre le goût de la possession, c'est le refoulement de la bestialité sous des dehors policés"
    "Je ne comprends pas le MLF qui voudrait que les femmes soient les égales des hommes. Je ne comprends pas qu'on ait envie de devenir l'égale d'un porc".
    Je ne pouvais trouver meilleur relais pour le cycle qui suit Reines et Impératrices.
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré @jolafrite @cath44 @Bully @TrueCine @elge @TeddyDevisme @bredele @Theus
    Les ami(e)s, j'ai recopié ici l'intégralité de vos présentations de Cycles, ainsi que parfois les commentaires les plus complets.
    Je ne peux pas être exhaustif, mais c'est déjà pas mal, car nous pouvons accéder beaucoup plus facilement à la quintessence de vos propos.
    J'ajoute en intro' de cette liste les liens vers toutes vos propres listes liées à vos Cycles, je vous laisse découvrir ça et surtout si j'ai oublié des listes liées à vos thèmes, signalez-les-moi ;)
    Merci de votre participation en tout cas !
    14 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 9 : "Cycle Reines et impératrices" par @Theus

    Pour cette semaine je vais tenter de vous emmener dans un monde qui mélange le cinéma et l’histoire avec l’aide de 7 films qui seront centrés à chaque fois sur une reine ou une impératrice. Avec par ordre d’apparition et de règne :

    - la reine Elisabeth Ier d’Angletere dans Le seigneur de l'aventure
    - la reine Christine de Suède dans la reine Christine
    - l’impératrice Catherine II de Russie dans l’impératrice rouge
    - la reine Marie-Antoinette dans l'Autrichienne
    - la reine Victoria dans La dame de Windsor
    - l’impératrice Eugènie et l’impératrice Charlotte du Mexique dans Juarez
    - l’impératrice Elisabeth d’Autriche (Sissi) dans Ludwig ou le crépuscule des dieux

    J’en connais certaines mieux que d’autres et c’est grâce au cinéma que j’ai pu m’intéresser à l’histoire. Du plus loin que je me souvienne c’est Sissi qui me revient en mémoire et mon interrogation après le troisième volet : que se passe t-il pour elle après ? Romy Schneider ayant refusée catégoriquement d’en faire un quatrième il fallait bien trouver une solution et donc direction la bibliothèque pour une plongée dans une biographie de l’impératrice. Et c’est ce va et vient permanent entre l’histoire et le cinéma qui m’a toujours profondément plu, ému et même parfois fais rire et surtout réfléchir. Au détour d’une ligne découvrir un personnage intriguant et un jour le voir prendre vie sur un écran et découvrir la vision que s’en fait le réalisateur. Je ne suis ni Franck Ferrand, ni Stéphane Bern donc j’espère pouvoir vous intéresser à quelques unes de ses souveraines qui peuplent mon imaginaire.

    LE SEIGNEUR DE L’AVENTURE - 1955 - HENRY KOSTER (La tunique)

    http://www.vodkaster...de-l-aventure/234349

    Pour cette première présentation nous partons en Angleterre sous le règne d’Elisabeth Ier. Voici en introduction un court portrait de cette souveraine mais qui permettra de la situer dans le temps.

    Fille d’Henri VIII et d’Anne Boleyn, Elisabeth Ier est reine d’Angleterre de 1558 à 1603. Surnommée parfois « la reine vierge » elle a longtemps bénéficié d’une image positive, étant considérée comme la plus grande reine de l’histoire de l’Angleterre, et l’un de ses plus grands souverains. Elle a régné à une période charnière, tant sur le plan politique que religieux, ce qui la rend passionnante. Au cours de ses longues années de règne, le royaume devient une grande puissance maritime et connait en littérature un essor qui marquera pour toujours la culture anglaise. Le mystère de cette reine continue à fasciner encore aujourd’hui. Une grande partie de son mythe est celui de sa virginité. Elle ne se maria jamais et n’eu aucun enfant. Plusieurs débats existent pour savoir si elle a eu, ou non, des amants. Elle mourra sans nommer de successeur.

    Pour plus de détails sur sa vie https://fr.wikipedia...reine_d%27Angleterre)

    Sa bande-annonce https://www.youtube.com/watch?v=96Xzh9pqE84

    Et le film complet en vo st anglais ou espagnol https://www.youtube.com/watch?v=tkM0qhGsh-E

    Le film relate les efforts de Walter Raleigh pour convaincre Elisabeth de financer son exploration du Nouveau Monde, l’amour non partagé de la reine pour Raleigh (joué par Richard Todd) ainsi que sa jalousie envers l’une de ses dames de compagnie (Joan Collins) qui finit par épouser l’explorateur.

    Dans Le seigneur de l’aventure, Elisabeth Ier est âgée de 48 ans. Bette Davis allait en avoir 47 en mars 1955 au moment du tournage. Elle endosse pour la seconde fois le rôle de la souveraine car elle avait joué la reine Elisabeth à 60 ans dans La vie privée d’Elisabeth d’Angleterre (avec Errol Flynn) alors qu’elle en avait 31. Cela faisait trois ans que Bette Davis ne s’était pas trouvée devant une caméra et elle n’était sûre de rien. Et surtout pas d’elle. Et encore une fois elle n’hésita pas à s’enlaidir et elle domine nettement tout le film.

    Bette Davis donne une interprétation tout en retenue et en profondeur à l’exception d’un point qui fut relevé par plusieurs critiques. En effet Bette Davis interprète la souveraine avec une démarche déhanchée et fut comparée par un critique à celle de Groucho Marx. Un autre farceur la vit « marcher, non à l’aide d’une jambe artificielle, mais de trois », tandis que deux autres la comparèrent à un « jockey au fessier douloureux » et à « un exubérant capitaine de jeu de la crosse en perruque rouge ».

    Malgré une reconstitution soignée et des costumes grandioses le film manque d’étincelles, d’un peu de panache et pour être honnête je ne me suis intéressé à ce film que pour la présence de Bette Davis dans ce rôle.

    Pour ma part je trouve que le film a des longueurs, que Richard Todd et Joan Collins sont d’une grande platitude. J’aimerais pouvoir faire un mix entre ce film et La vie privée d’Elisabeth d’Angleterre. Mais il ne faut pas bouder son plaisir devant ce qui reste un tout de même un bon film d’aventures.

    Pour ceux qui seraient intéressé par cette période je peux vous proposer une liste qui comporte quelques films basés sur la Maison Tudor

    http://www.vodkaster...maison-tudor/1276516

    LA REINE CHRISTINE - 1933 - ROUBEN MAMOULIAN

    http://www.vodkaster...eine-christine/76755


    Bien que l’on la surnomme la reine Christine, c’est avec le titre de roi que Kristina Vasa monte sur le trône de Suède en 1632, à l’âge de six ans. Elevée comme un garçon, elle choquera toujours son monde à l’âge adulte, s’habillant en homme et fumant la pipe.

    Férue d’arts et de littérature, parlant plusieurs langues, dont le français, elle correspond avec les plus grands intellectuels de son époque : Pascal, Spinoza, Descartes. Et, surtout, refuse obstinément de se marier. Autant dire que tout cela fait jaser : de nombreux pamphlets lui prêtent une multitude d’aventures amoureuses, tant masculines que féminines, réelles ou supposées.

    Sans doute fatiguée du pouvoir et nullement désireuse de créer une descendance, elle abdique en 1654, à 28 ans, en faveur de son cousin Charles-Gustave. Elle achève en même temps un chemin spirituel qui l’amène, bien que fille de protestant pur et dur, à se reconvertir au catholicisme. La « reine ambulante » parcourt l’Europe, où sa liberté continue de choquer. Elle meurt à 63 ans et bénéficie du rare honneur d’être inhumée dans la basilique Saint-Pierre.

    Pour plus de détails sur sa vie https://fr.wikipedia.org/wiki/Christine_de_Suède

    Sa bande-annonce https://www.youtube.com/watch?v=6hNKXY6Xq5E

    Et le film complet en vo http://www.dailymoti...eta-garbo_shortfilms

    Evocation romancée de la reine Christine de Suède, souveraine au 17ème siècle

    L’histoire revue par Hollywood peut souvent laisser dubitatif mais ici le fond reste véridique. Greta Garbo, superbe et divine, illumine chaque plan, subjuguant par sa présence, sa voix. Elle vampirise totalement l’écran et semble continuellement dans la mélancolie, la tristesse et les songes. Un rôle sur mesure pour l’actrice qui a toujours porté en elle le charme et la froideur scandinave. Les gros plans qui parcourent le film et le splendide final axé sur les yeux de l’ex reine est tout simplement un pur émerveillement. Mamoulian livre une reconstitution d’une grande sobriété, et assez fidèle à l’histoire, mais avec toutefois une grande exagération de la romance et de la passion amoureuse. Sa caméra semble toujours à fleur de peau. Le tout offre de purs moments d’émotion et encore une fois Garbo transforme la vision purement romanesque de Christine de Suède pour saisir la douleur du renoncement.

    Etant dans une ambiance avant pré-code, le côté lesbien de la souveraine est abordée dans une scène en compagnie de sa dame d’honneur. Un baiser échangé, chaste, mais baiser entre deux femmes tout de même. Et son côté garçonne reste toujours bien ancré car même vêtue d’une robe, elle demeurera continuellement ce garçon manqué.

    Pour l’anecdote, pour incarner son amant, Greta Garbo a imposé une de ses propres conquêtes, John Gilbert, star déchue du muet avec qui elle avait déjà partagé plusieurs affiches. Il fait pâle figure à côté de la Divine et il ne retrouvera jamais la célébrité et sombrera dans l’alcoolisme.

    L’IMPERATRICE ROUGE - 1934 - JOSEF VON STERNBERG

    http://www.vodkaster...eratrice-rouge/70219

    Après l’Angleterre et la Suède direction la Russie pour découvrir Catherine II.


    La riche vie amoureuse de Catherine II de Russie fit qu’on lui a prêté bien des extravagances, souvent invraisemblables (on raconte qu’elle aurait passé en revue sa garde prétorienne en érection… ) On parle aussi d’un cabinet secret disposant de mobilier aux sculptures érotiques et de murs couverts de peintures pornographiques.

    On lui accorde tout de même une vingtaine d’amants bien réels. Les deux plus notables sont Grigori Orlov, qui l’aida à se débarasser de son mari, le tsar Pierre III, pour régner à sa place ; et et Grigori Potemkine, un officier de sa garde, qui resta toute sa vie un conseiller politique avisé et lui fournit d’autres amants.

    Toutes ces frasques, qui amuseraient chez un homme, on fait scandale parce qu’elles étaient l’oeuvre d’une femme. Elles ne doivent pas faire oublier que la Grande Catherine fut l’un des plus grands monarques du XVIIIème siècle, modèle du despote éclairé pour les philosophes français des Lumières. Elle entretient notamment une correspondance fournie avec Voltaire et Diderot, qu’elle reçut pendant 5 mois et, toute sa vie resta une dévoreuse de livres, plus encore que d’hommes.

    Pour en savoir plus https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_II

    La bande-annoce http://www.tcm.com/m...come-The-Bride-.html

    Et le film complet http://www.dailymoti...e-scarlet-empress_tv


    L’impératrice rouge est la 6ème des 7 collaborations entre Sternberg et Marlène Dietrich et la réponse de la Paramount à la MGM qui vient de sortir « La reine Christine » . Il raconte les débuts de « la grande Catherine » (pas celle de Vodkaster mais celle de Russie) qui fut en premier lieu une princesse prussienne qui va épouser l’héritier du trône de Russie. Le début du film commence comme un film classique ou la jeune et belle princesse va épouser un empereur mais la gentille histoire va très vite se transformer lors de la découverte des perversions du tsar. Là aussi l’histoire se voit simplifiée mais si parfois le scénario peut sembler passer au second plan c’est pour mieux être absorbé par la mise en scène virtuose, inventive, inspirée et même démentielle de Sternberg. Un film esthétique, luxuriant et d’un baroque flamboyant avec des décors imposants et des costumes somptueux. Une démesure totale où la liberté du réalisateur se ressent à chaque plan. Il est intéressant de noter que le code Hays venait d’être mis en place et que le libertinage, ni la torture, ne sont alléger.


    Le jeu de Marlène Dietrich va gagner en nuance au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Elle incarne une Catherine II fascinante, un subtil mélange de séduction et de fausse innocence. Une Dietrich renversante et magnifique (même si son jeu aurait tendance à m’agacer durant la première partie du film trop de naïveté sans doute).
    Apparemment leurs relations étaient assez conflictuels sur le tournage de l'impératrice : "Les tensions / réconciliations furent nombreuses au cours du tournage, entre le pygmalion et sa muse. Pour exemple, lors du tournage de la dernière scène (plan final de la Grande Catherine), « Dietrich et von Sternberg arrivèrent furieux sur le plateau et se houspillèrent mutuellement. (...) Von Sternberg était un "tyran", un "Hitler juif", un "sale petit américain", un "monstre sadique !" : telle était la version de Dietrich. Quant à elle, elle "était incapable de faire quoi que ce soit correctement", "les scènes les plus simples étaient au-dessus de ses moyens", et elle "hurlait dès que quelque chose ne lui convenait pas !" : telle était la version de von Sternberg. »

    L’AUTRICHIENNE - 1989 - PIERRE GRANIER-DEFERRE

    http://www.vodkaster...-autrichienne/234559

    Tout commence par une jeunesse heureuse à Vienne, un 2 novembre 1755, Marie-Antoinette est la quinzième enfant de la puissante impératrice Marie-Thérèse d’Autriche qui a patiemment négocié son mariage avec le futur roi de France. Une princesse de conte de fées qui se transforme en jeune reine de 20 ans, insouciante, trop rieuse, peu instruite qui tenta d’oublier une ombre à ce beau tableau : la non consommation de son mariage avec le Dauphin, le malheureux Louis XVI. Il fallut 7 ans pour que la reine devienne enfin mère de son premier enfant. Elle se consola de ses difficultés conjugales par des fêtes sans fin, de folles dépenses en toilettes et bijoux, par un entourage sans scrupules et une passion pour le Suédois Axel de Fersen, amoureux d’elle, qui tenta tout pour la sauver. Face aux servitutes écrasantes qui sont le lot d’une reine de France, elle se rebelle, refuse de se sacrifier à sa fonction, prétend mener une vie indépendante, conforme à ses gouts. Maladroite, elle multiplia les imprudences d’étiquettes et financières qui alimentèrent la rumeur et les pamphlets injurieux et obscènes. L’affaire du collier, sombre escroquerie, marqua le tournant fatal. Puis la révolution éclate. L’exécution du roi. L’enfermement à la Conciergerie où elle ne revit plus jamais ses enfants. La reine changea, se transformant en femme digne dans l’adversité. Elle fut guillotinée alors qu’elle n’avait que 38 ans.

    Pour en savoir d’avantage https://fr.wikipedia...oinette_d%27Autriche

    Sa bande-annonce https://www.youtube.com/watch?v=zg-z13i0jN0

    Le fim complet https://www.youtube.com/watch?v=zg-z13i0jN0

    La liste des films où la reine apparait http://www.vodkaster...ie-antoinette/953874

    Très loin des ors de Versailles ou des jardins du hameau et du domaine du petit Trianon la retranscription du procés est parfaite. Cela peut rebuter certains car la mise en scène est d’une grande sobriété.

    Retraçant les trois derniers jours de Marie-Antoinette le film retranscrit admirablement les deux jours de son procès. Le dossier étant totalement vide l’accusation inventa des témoignages dont le plus odieux fut l’accusation d’inceste entre la reine et son fils. Sur un scénario d’Alain Decaux et d’André Castelot le film est d’une fidélité exemplaire à l’histoire. Quelques petites séquences en flash-back viennent parsemés ce huis-clos. La prestation d’Ute Lemper, allemande de naissance, est admirable. La sobriété de son jeu redonne une vérité à cette femme blessée et humiliée. Très loin des ors de Versailles ou des jardins du hameau la retranscription du procès est parfaite. La mise en scène d’une grande sobriété peut rebuter car Pierre Granier Deferre se veut humble face aux dernières heures de la reine et ne s’encombre pas d’effets cinématographique. Bien loin aussi des différents films consacrés à la souveraine il donne l’image d’une femme digne. « je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien"

    LA DAME DE WINDSOR - 1998 - JOHN MADDEN

    http://www.vodkaster...dame-de-windsor/7975

    Retour en Angleterre avec celle qui vient de se faire ravir le record de longévité de règne (63 ans et 7 mois) : la reine Victoria

    La reine du plus grand empire depuis la Rome antique, la grand-mère de l’Europe, la souveraine de la révolution industrielle était aussi une femme sensuelle qui aimait les hommes beaux, les soldats en uniforme, les Ecossais en kilt, les Indiens en turban. Meilleure danseuse du royaume, elle raffolait des bals qui ne se terminaient qu’à l’aube, elle ajoutait du whisky à son thé, apprenait l’italien en chantant du bel canto.

    Passionnée, elle a aimé à la folie son mari, le prince Albert. Veuve à 42 ans, elle a respecté aveuglément les principes luthériens de son époux allemand. De là vient peut-être la rigidité morale caractéristique de la période victorienne. Avec neuf enfants (et 34 petits-enfants), le couple donne une image de famille unie et harmonieuse, loin des excès des deux rois précédents. Une image dans laquelle se reconnait en particulier la bourgeoisie, en plein essor grâce à la Révolution industrielle dont l’Angleterre est la championne, tant sur le plan économique qu’idéologique, avec le triomphe du libéralisme.

    La perte de son époux bien-aimée après 22 ans de mariage, et principal conseiller, laissera la souveraine désemparée. Son chagrin est immense. Jusqu’à la fin de sa vie, elle ne s’habillera plus qu’en noir. Délaissant Londres, elle s’enferme dans ses différents châteaux. Durant dix ans ses apparitions en public sont rares. Cette désaffection apparente pour les affaires de l’Etat affaiblit sa popularité et renforce le camp républicain. L’importance que prend auprès d’elle son serviteur écossais John Brown suscite même des rumeurs calomnieuses. Elle s’éteint le 22 janvier 1901 à la tête d’un empire sur lequel, comme sur celui de Charles Quint, le soleil ne se couchait jamais.

    Pour en savoir davantage https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_(reine)

    La bande-annonce https://www.youtube.com/watch?v=uzuFp-m5m1Q

    Film complet (en anglais sous titres en anglais) https://www.youtube.com/watch?v=aM6kfsdY4g0

    Liste de films où apparait la reine Victoria http://www.vodkaster...lms/victoria/1271420


    Profondément affectée depuis la mort de son mari, le prince consort Albert, la reine porte le deuil, évite les apparitions publiques et se désintéresse de la vie politique. Le secrétaire fait venir au château de Windsor un palefrenier de feu le prince, dont le dévouement vis-à-vis de ce dernier est connu de la reine. Très vite, le franc-parler et la rudesse de John Brown plaisent à Victoria, peu habituée à ces entorses au protocole. De son côté, le serviteur est sensible à l'amitié que lui témoigne la souveraine. Peu à peu, Brown s'investit au-delà de sa charge et veille personnellement à la sécurité de la reine. L'influence qu'il a sur elle fait naître la rumeur, au point qu'on la surnomme « Mrs. Brown ».


    L’intérêt principal du film est le très beau duo que forme Judi Dench (royale comme à son habitude) et Billy Connolly en valet ours qui porte l’histoire et volerait presque la vedette à sa royale maitresse. La relation ambigue entre ces deux personnages est traité avec finesse et humour. La petite histoire faisant la grande. On trouve également beaucoup de finesse et de délicatesse dans la description des différents personnages qui entourent ce couple (des hommes politiques au serviteurs (Un petit Downton abbey avant l’heure). Au fur et à mesure de l’histoire c’est essentiellement le retour à la joie de vivre de la reine par cet homme, en bousculant l’étiquette, qui est plaisant à découvrir.

    JUAREZ - 1939 - WILLIAM DIETERLE

    http://www.vodkaster.com/films/juarez/98306

    Pour Juarez ce n’est pas une mais deux impératrices dont je vais vous parler. J’aurais aimé pouvoir montrer un film centré sur l’impératrice Eugénie mais cette dernière n’a jamais eu les honneurs de son propre biopic. Elle apparait de temps en temps en personnage secondaire. Le seul où elle joue un rôle central est dans « Violettes impériales » opérette avec Luis Mariano.

    Eugénie

    Née en 1826 à Grenade elle a, petite fille, sauté sur les genoux de Stendhal et écouté les fascinantes histoires de Mérimée. Sportive et fière, elle enflamme Napoléon III. Louis-Napoléon tombe amoureux de la ravissante Eugénie de Guzman, comtesse de Montijo. L’empereur se résout à demander sa main car celle-ci refuse de devenir sa maitresse. Elle sut donner au trône et à la Cour un lustre et un rayonnement exceptionnels. Elle rassembla autour d’elle bon nombre des meilleurs esprits du temps. Même si il est éperdument amoureux, et après la naissance du prince impériale, Napoléon ne reste pas longtemps fidèle. Humiliée, l’impératrice Eugénie tente de garder son influence mais son sens politique lui faisait défaut. Ses interventions en faveur de l’expédition au Mexique et sa régence pendant la guerre de 1870 furent mauvaises (toutefois mal aidé par les ministres).

    La chute du Second Empire et l’exil en Angleterre marquent le début d’une existence modeste, mais non sans grandeur. Après la mort de Napoléon III, en 1873, Eugénie reporte son amour et ses espoirs sur le Prince impérial, qui meurt en 1879, transpercé par les sagaies des Zoulous. Commence alors pour Eugénie une grande solitude affective, courant les mers et les continents pour apaiser sa douleur, aspirant au dépouillement tout en gardant le souci de son rang. Elle fut d’une grande générosité, pionnière du féminisme, lectrice favorable à Flaubert, femme éclairée qui encourage Pasteur. Une grande dame parfois maladroite mais toujours digne et d’un courage unanimement reconnu. Elle mourut à Madrid à plus de 94 ans…

    Pour en connaitre davantage : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eugénie_de_Montijo


    Charlotte de Belgique

    Charlotte, fille de Léopold Ier de Belgique, est mariée à Ferdinand Maximilian Joseph, frère de l’empereur François-Joseph d’Autriche. Elle se verrait bien en impératrice. Elle insiste. Napoléon III aussi. Son plan : installer à la frontière des Etats-Unis un empire concurrent, catholique, stable et allié de la France. Depuis 1862, ses troupes occupent le pays et les conservateurs mexicains, ralliés, ont proclamé l’empire. Il ne manque que l’empereur ! « Le peuple est-il d’accord ? » s’enquit Maximilien. Bien sûr, lui assurent les notables, lui présentant un plébiscite truqué.

    Rassurés Maximilien et Charlotte débarquent à Veracruz le 28 mai 1864. Et doivent vite déchanter : ils ne sont pas les bienvenus. Les soldats de l’ancien président Juarez harcèlent les troupes françaises. Mais Napoléon III porte le coup de grâce. Inquiet des menées prussiennes en Europe, il rapatrie ses troupes à partir de 1866. Maximilien refuse d’abdiquer. Traqué par les hommes de Juarez, il est arrêté à Querétaro, et s’attends à être rembarqué illico pour l’Europe. C’est sa dernière erreur : il est jugé, condamné à mort et fusillé le 19 juin 1867.

    Avant cela Charlotte était revenue en France pour supplier Napoléon de poursuivre l’aide militaire à son mari, mais elle se heurte à un refus et sombre dans une folie qui ne la quittera plus jusqu’à sa mort, 60 ans plus tard.

    Pour en connaitre davantage : https://fr.wikipedia...harlotte_de_Belgique

    Liste de films avec Napoléon III et Eugénie http://www.vodkaster...napoleon-iii/1221050

    Sa bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=_sZbfHQCQXY

    Désolé impossible de trouver un lien pour le film complet


    Ce film revêtait une grande importance aux yeux des studios de la Warner. Il avait fallu deux ans pour achever le scénario après la consultation de 372 sources. Anton Grot, le directeur artistique, et son équipe dessinèrent 3643 esquisses et produisirent 7360 dessins pour 54 décors. D’après les dires des publicistes des studios, 14 femmes auraient fait don de leurs cheveux bruns pour fabriquer la perruque de Bette Davis qui coûta 2500 dollars. (propos repris dans une biographie de Bette Davis)

    Il semble que le titre véritable du film soit « Juarez et Maximilien ». En effet celui-ci a une importance capital dans le déroulement de l’histoire et se trouve au coeur du film. L’ensemble reste intéressant historiquement et se laisse suivre avec attention. Le style de Dieterle est vif et il arrive parfaitement à donner du rythme à son sujet. On peut voir dans ce récit une double lecture avec l’influence que prenait alors l’Allemagne nazie sur le reste de l’Europe. Dietse voit aidé par un bon casting où l’on croise une Bette Davis prenante et je garde toujours en mémoire cette scène où elle avance doucement vers une fenêtre ouverte, dans une nuit sombre symbolisant la folie qu’elle va peu à peu rencontrée.

    Eugénie est peu présente mais lorsqu’elle est présente on ne voit qu’elle avec ses immenses robes à panier. Mais face à Bette Davis, folle à lier, elle ne peut pas lutter.

    LUDWIG OU LE CREPUSCULE DES DIEUX - 1972 - LUCHINO VISCONTI

    http://www.vodkaster.com/films/ludwig/62095


    Elisabeth d’Autriche 1854-1898


    Elle garde pour de nombreuses personnes le visage de Romy Schneider. Pourtant, si le modèle était aussi beau que son interprète, la trilogie des Sissi ne reflète guère la réalité de la vie de l’impératrice.

    Certes Elisabeth de Wittelsbach a bel et bien fait tourner la tête de l’empereur d’Autriche François-Joseph. Elle a 15 ans, accompagne sa soeur Hélène venue à Vienne pour se fiancer avec lui… et c’est qu’il choisit.

    Mais l’austère cour des Habsbourg, l’impératrice souffre d’une étiquette trop rigide, d’une belle-mère omnipotente, d’une politique réactionnaire, opposée à ses idées libérales. Obsédée par la crainte de grossir, elle s’astreint tous les jours à des heures de gymnastique et d’équitation, ne mange quasiment rien et serre son corset pour conserver une taille de guêpe. A partir de 30 ans, se considérant trop vieille, elle refusera même d’être photographiée. Sa perpétuelle neurasthénie décourage son mari qui, bien que fou d’elle, se console avec ses maîtresses. Autant qu’elle le peut, Sissi fuit Vienne, et voyage. Le suicide de son fils Rodolphe, en 1889, finit d’anéantir l’impératrice. Ironie du sort, c’est comme symbole de l’absolutisme que Sissi, qui ne l’a jamais supporté, meurt poignardée à Genève, en 1898, par un anarchiste italien.

    Pour en savoir davantage : https://fr.wikipedia...lisabeth_en_Bavière

    Liste de films où apparait Elisabeth http://www.vodkaster...h-d-autriche/1271442

    Bande-annonce https://www.youtube.com/watch?v=o0Daj3kU15A

    Visconti sut seul retrouver une plausible image de la vraie Elisabeth. Son génie lui fit choisir Romy Schneider, plus belle encore dans sa maturité. Lorsque le réalisateur pense à réaliser ce film sur Louis II de Bavière il propose à l’actrice « un rôle dont elle a l’habitude »…

    - Je vois… Une putain ? lui répond-elle en éclatant de rire.

    Mais non, il s’agit de l’impératrice Elisabeth d’Autriche dont, décidément, le destin la poursuit. Visconti ne lui propose pas d’incarner Sissi mais, au contraire, Elisabeth, l’impératrice mûre et la femme désenchantée. En somme une Elisabeth qui a été meurtrie par les choses de la vie. Pour Romy Schneider cette rencontre avec Elisabeth est, dans l’évolution qu’est la maturité. Admirablement dirigée et photographiée, l’actrice est d’une grave beauté. On se dit qu’il était impossible de trouver actrice plus ressemblante à son modèle.

    Lorsque Romy Schneider, poursuivie elle aussi par une fatalité qui fera mourir son fils dans des conditions atroces, perdra goût à la vie, on ne manquera pas d’établir un sombre parallèle entre les deux femmes. Il ne faut donc pas oublier que l’actrice, grâce à ce quatrième et dernier film sur le sujet, a pu donner enfin la mesure d’un talent jadis occulté par l’eau de rose sur pellicule. Il ne faut pas oublier pourtant que le film s’appelle Ludwig et non pas Sissi IV. Romy Schneider n’y fait que quelques apparitions mais réussit à être continuellement présente dans la trame de l’histoire. Helmut Berger jouant Louis II c’est également une interprétation qui ressemble fort à de la réincarnation.
    31 décembre 2015 Voir la discussion...
  • Arch_Stanton
    commentaire modéré Semaine 10 : "Cycle Michel Deville" par @wham1978

    Qui connait Michel Deville? ou plus précisément: Qui se souvient de Michel Deville? Un tour rapide sur la fiche Vodkaster du cinéaste donne un élément de réponse: 1 seul film qui dépasse les 50 notes (environ 80 notes pour La Maladie de Sachs, pas un blockbuster non plus...), certains sans MC (même pas 10 au max). Absent totalement des ouvrages anthologiques sur les cinéastes (501 cinéastes...) Pas lourd... Deville est un grand inconnu du cinéma français. Et pourtant ce ne fut pas toujours le cas... Il est tant de rafraîchir la mémoire d'un cinéma qui fut novateur, populaire tout en étant intelligent et remarquablement construit.

    A partir de demain, je vais présenter 7 films (un par jour) qui, je l'espère, donnera une idée de son œuvre éclectique et exigeante. Bien que grand défenseur de Deville, je n'éviterai pas les faiblesses coupables qui lui ont fait rater certains films, notamment sur une fin de carrière chaotique qui contient quand même de beaux trésors cachés. Je précise tout de suite mes choix: j'ai tenté de faire découvrir certains films moins connus de lui aux dépens d'autres plus reconnus (La Maladie de Sachs, Le Mouton Enragé passé sur Arte il y a quelques mois ou Péril en la Demeure récompensé - j'y reviendrai...). Mais surtout j'ai choisi des films dont les sujets, les traitements, les appartenances à différents genres apportent la preuve de l'éclectisme du bonhomme. Bien sûr, j'y ai mis des coups de cœur personnel - en gardant pour la fin celui que je considère comme son chef d’œuvre: Le Dossier 51. Dans la liste, il y a donc pêle-mêle: un polar 50% Hitchcock, 50% Chabrol 100% Deville, un brûlant film en costumes, un film sans paroles pour enfants (petits et grands), un film d'espionnage en vues subjectives, une chronique chorale tout en drames et en sourire, une course-poursuite amoureuse et fantasmée et une intrigue policière ludique reprenant les codes du théâtre filmé transcendés par une caméra virtuose. Autant de facettes d'un cinéaste insaisissable, facétieux et mystérieux.

    Qui se souvient de lui? On en a vu au gré des diffusions télé des années 80 et 90. Mais il a été oublié, il est difficile de voir ses films aujourd'hui. Pour cela, il faut acheter les fantastiques coffrets DVD hors de prix ou, paraît-il être abonné à Netflix (ils auraient la majorité de ses films au kilo). A noter que j'ai trouvé, lors de mes recherches L'Ours et la Poupée sur le net, une comédie jubilatoire que j'ai hésité à présenter avec Bardot dans un de ses derniers rôles et un Jean-Pierre Cassel endiablé: https://youtu.be/vqjQela4QCw

    Je vous dis donc à demain pour le 1er film que je précèderai d'une présentation globale et introductive du cinéaste.

    Qui est Michel Deville? Petite présentation. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il est toujours vivant mais a disparu des écrans radars des salles obscures depuis Un fil à la patte en 2004. Sa filmographie est impressionnante d'un point de vue quantitatif: 30 longs-métrages en 46 ans. Son parcours est intéressant parce qu'il a gravi les échelons sur le tas. Grâce à un cinéaste: Henri Decoin dont il a été l'assistant sur une dizaine de films. Les différents emplois lui ont servi par la suite, lui apprenant notamment la rigueur des tournages. Touche à tout, Deville jongle, dans ses trente films, avec les genres (polars, espionnage, comédie, film choral, drames, vaudeville, films en costumes...) et les méthodes (adaptations de romans, scénarii originaux...). Accordant une vraie importance à l'écriture, il travaille ses scripts précisément, rarement seul. On note des périodes dans son oeuvre en fonction en fonction de ses coscénaristes (Companez, Gilles Perrault, Rosalinde Deville sont les plus marquants). Mais la forme n'est jamais en reste. Deville se lance des défis à chaque film en fonction de ses sujets. On passe ainsi d'un film tout en vues subjectives à un film sans paroles, mais aussi des comédies très découpées et dynamiques, du théâtre filmé ou des drames dans lesquels la caméra traduit le cheminement intérieur de ses personnages. Bourré d'humour, Deville insère jusque dans ses films les plus sombres (et il y en a...) des inventions visuelles, des jeux de mots et des jeux d'images qui ne fonctionnent qu'au cinéma. Mais j'y reviendrai lors des présentations des films du cycle.

    A noter que si l'on a tendance à l'oublier aujourd'hui, il a été un des cinéastes les plus respectés et reconnu. Il a obtenu le César du meilleur réalisateur pour Péril en la Demeure et 2 césars du meilleur scénario (pour 10 nominations en son nom propre au total). Excellent directeur d'acteurs, tous les grands comédiens français ont tourné avec lui. Retenons notre souffle: Piccoli, Bardot, Jean-Pierre Cassel, Trintignant (les 2), Romy Schneider, Jane Birkin, Dupontel, Ardant, Auteuil, Ronet, Ana Karina, Béart, Dussolier, Nicole Garcia, Anémone, Bruel, Dutronc, Anglade, Miou-Miou, Chesnais, Huppert, Sanda, Jean Yanne, Jeanne Moreau, Morgan, Deneuve, Claude Rich... et la liste n'est pas exhaustive. L'échec de ses derniers films ont un peu écorné sa réputation, les spectateurs n'étant plus au rendez-vous. Mais je assure qu'il y a de très belles choses à sauver.

    1 - EAUX PROFONDES (1981) Synopsis: Victor (Jean-Louis Trintignant) et Mélanie (Isabelle Huppert) sont un couple aux apparences harmonieux, intégré dans la bourgeoisie de l'île de Jersey. Sauf que celui-ci se délite. Elle, pour tromper son ennui, drague des jeunes gens ouvertement. Lui semble prendre un malin plaisir à observer le manège de son épouse et menace de mort les amants d'un jour, aimant passer pour dangereux malgré son apparence calme et souriante. Jusqu'au jour où l'un des amants est retrouvé mort, faisant de Victor un coupable parfait.
    Deville place son film d'emblée dans un genre codifié, le thriller psychologique. Adapté de Patricia Highsmith, il flirte avec le cinéma d'Hithcock et de Chabrol (à noter que Chabrol voulait l'adapter avec Lino Ventura qui refusa parce qu'il ne voulait pas jouer un mari cocu). L'intrigue policière n'est qu'un prétexte à une analyse perverse de la psychologie des personnages. La critique de la société bourgeoise est moins poussée que chez Chabrol mais la psychologie est plus complexe et plus ambigüe. La culpabilité de Trintignant est secondaire ici. Le regard d'Huppert sur son mari, le jeu complexe qui s'instaure entre les deux est au centre des attentions (sous le regard trop mature de leur fille). Les relations ne sont pas sans rappeler celles (en plus poussées) de La femme infidèle. Ca s'est pour le fond. Mais c'est sur la forme que Deville emporte le morceaux. Celui qui est classé comme un grand formaliste soigne sa réalisation et sa construction cinématographique. Jeux de montage, ellipses qui brouillent les cartes, gros plans ambigus sur un Trintignant mutique, associations d'images qui créent un mystère, tout est en place, évident et intelligent. Deville est un cinéaste ludique, il s'amuse avec son matériau sans le transformer en objet théorique. On est dans du cinéma d'ambiance, populaire et drôlement efficace. Les deux acteurs (soutenus par des 2nds rôles venant du théâtre) sont impressionnants et on n'imagine pas d'autres acteurs dans les rôles. Elle, femme enfant pourrie gâtée qui aime détester son mari. Lui, mari trompé, inquiétant dans son calme et son amabilité. Trintignant et son célèbre sourire carnassier, sa voix lente, est prodigieux (mais c'est une habitude). Si j'ai choisi ce film en ouverture du cycle Deville, c'est que je pense (mais mes contradicteurs sont les bienvenus...) qu'il s'agit d'un film parmi les plus accessibles de Deville, d'un de ses plus gros succès et qu'il contient les clés pour comprendre les bases du cinéma de Deville.
    Finissons par un petite anecdote: Kubrick (autre grand cinéaste formaliste) adorait le cinéma de Deville et lui demanda de s'occuper du doublage français de Shining et de Full Metal Jacket. Trintignant double Jack Torrance ce qui paraît une évidence tant le comédien est à l'aise dans le registre du type calme et angoissant que la folie guette.

    C'est justement pour faire redécouvrir ce cinéaste que je l'ai choisi. Il le mérite vraiment. Ce serait dommage d'attendre sa mort pour lui rendre l'hommage qu'il mérite. Je fais œuvre de militantisme.

    La sensualité, je suis absolument d'accord. Je ne pense pas avoir trop l'occasion d'en parler dans le choix de mes films. Mais c'est une part évidente de son oeuvre. Citons: Une nuit d'été en ville dans lequel Deville filme les deux corps nus de Marie Trintignant et Anglade pendant les 3/4 du film et, habillés, les rend plus sensuels encore. Il y a aussi La lectrice ou Péril en la demeure...

    2 - LE PALTOQUET (1986). Synopsis: Dans ce port, tous les jours, à la même heure, il pleut. Quelques rares clients se retrouvent dans le bar dirigé par le Paltoquet et la Tenancière. Ils jouent aux cartes et admirent mademoiselle Lotte. Un jour, un homme est tué dans un hôtel de passe... par un des habitués du café, affirme le commissaire.
    Adapté d'un roman policier de Franz-Rudolf Falk "On a tué pendant l'escale", ce film constitue le point d'orgue de l’œuvre de Deville, son film le plus fascinant et intriguant (et le plus agaçant pour ses détracteurs). C'est un polar bien sûr (très Agatha Christie) mais surtout une réflexion très habile sur le jeu et le point de vue au cinéma. Fuyant le réalisme, Deville place son film dans un lieu unique, théâtralisé, enveloppé par l'obscurité. La caméra sinueuse transforme, dans un seul et même mouvement, le bar du Paltoquet en chambre du crime ou en prison stylisée (voir le numéro du Bon Plan dessus:http://www.vodkaster...chie-chandor/1275685). Deville joue et manipule. L'apparition de chaque personnage est annoncée par un morceau de musique (Janácek, Dvorák), Fanny Ardant, sublime, change de tenue selon l'homme qui la regarde, le film se termine sur un twist qui remet en perspective tout ce qu'on vient de voir... Le cinéaste fait des spectateurs les vrais héros car, sans regard, les personnages n'existent pas.
    Le Paltoquet est animé par deux thèmes essentiels chez Deville, le désir et la manipulation. Et c'est probablement son film le plus abouti sur l'art de la manipulation que l'on retrouve ici partout, dans l'intrigue, dans les révélations et l'avancée de l'enquête, mais également dans le lieu et dans le rôle de ces personnages/acteurs. Manipulation dans le plan mais également du plan, car Deville prend plaisir par sa mise en scène à tromper le spectateur et en jouant avec son regard. Piccoli lit le roman que l'on voit sous nos yeux et l'on se demande s'il ne met pas lui-même en image ce qu'il imagine, travestissant la réalité. Dans le monde qu'il recrée il se donne le rôle, un peu bouffon, pas très bien défini, de l'observateur omniscient autant que du metteur en scène. On ne sait jamais s'il est le plus passif ou au contraire s'il tire les ficelles.
    A première vue le film fait immédiatement penser à une représentation théâtrale, pour son décor unique, pour le jeu accentué des acteurs et pour la prédominance du dialogue.
    D'abord très obscur et étouffant, on ne sait pas très bien où l'on se situe et qui sont ces gens, le film s'éclaircit peu à peu. C'est le cas de l'intrigue mais également du décor.
    Ce lieu plongé dans le noir total dans lequel sont uniquement éclairés le comptoir du bar, la table où se déroule la partie de cartes et le hamac, s'illumine petit à petit, on cerne les recoins et on l'on découvre que l'on est dans un entrepôt désaffecté. De l'abstraction totale, des corps, des sons, des voix, on passe à quelque chose de concret, une sorte de retour progressif au réel. Comme si l'on sortait d'un cauchemar.
    Les personnages ne sont que des fonctions autour du Paltoquet, les caricatures de ce qui pourrait définir la société actuelle : l'éducation, la médecine, la presse, la justice, le commerce. Mais également deux pivots : la maman et la putain (ensorcelante Fanny Ardant, objet de fantasme alanguie dans son hamac et qui porte ici bien son nom). Chaque comédien est excellent (mention à Claude Piéplu) et donne corps à ce film théorique, social, profondément immersif et jouissif si on l'accepte.
    Pour voir ce que ça donne en images, un extrait: https://www.youtube.com/watch?v=BzhXI74iK0A et la bande annonce: http://www.kinopoisk.ru/film/57273/video/

    3- La Femme en Bleu (1973) SYNOPSIS: Pierre (Michel Piccoli) croise par hasard une femme habillée entièrement en bleu (et qui conduit une voiture bleue). Il est immédiatement fasciné et se met en tête de la retrouver, la considérant comme la femme de ses rêves. Sa compagne (Léa Massari, lumineuse), follement amoureuse de lui, l'aide dans sa quête jugeant qu'elle préfère lutter contre une rivale que contre un fantasme.
    En 1971, Nina Companeez cesse d'être la scénariste de Michel Deville pour répondre à ses velléités de réalisation. Leur collaboration aura duré 10 ans et 12 films, s'achevant sur le magnifique Raphaël ou le Débauché. Deville décide d'écrire seul, s'octroyant un espace de liberté qui lui permet d'exprimer toutes ses idées et envies. Il crée une histoire originale dans laquelle ses thématiques personnelles ont le loisir de s'exprimer: l'obsession, le désir, les pulsions de mort. Autour de la quête intense de Piccoli, il déborde d'inventivité formelle et s'autorise toutes les audaces. Purement cinématographique, son film est le moyen de tenter des expériences fascinantes. Le montage tout en ellipses, le jeu sur les couleurs, l'utilisation intelligente de la musique (La jeune fille et la mort comme moteur de l'action, qu'elle soit utilisée de manière diégétique ou extra-diégétique), les jeux de mots et d'images, tout concourt à cerner la psychologie de cet homme qui perd à poursuivre un rêve sans s'apercevoir que la femme de sa vie est sous ses yeux et dans ses bras. Léa Massari est éblouissante, passant de la comédie au drame, de l'amoureuse à la colérique, impuissante à retenir un Piccoli froid, obsessionnel et incapable de la moindre concession. Deville parsème son film pourtant terriblement sombre de détails cocasses (exemple: un camion de police garé d'où sort une main qui égoutte une salade, le travelling final dans un appartement qui isole progressivement un panneau routier "Finlande" jusqu'à ce qu'on ne voit plus que "Fin"...) qui forme un jeu de piste pour le spectateur à la manière d'un Greenaway (en beaucoup moins cérébral).
    Mais surtout son film est bouleversant, grâce à ses acteurs et sa forme virtuose (à noter que Deville ose enchâsser 6 ou 7 flash-backs sans perdre le spectateur). Cette alliance de l'amour et de la mort, angoisses majeures de l'être humain, boulverse sur un mode mineur qui est la marque de fabrique de Deville. Une merveille je vous dis...
    Un extrait: https://www.youtube.com/watch?v=_aX1ocu-kaU pour se donner une idée du style.

    A suivre ... ;)
    31 décembre 2015 Voir la discussion...
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