Débuts
Debralee Griffin quitte le Colorado très jeune pour s'installer à Los Angeles car sa mère envisage une carrière à Hollywood pour ses enfants. Elle prendra alors le nom de Paget en référence à ses ancêtres, Lord et Lady Paget.
La jeune Debra travaille dès huit ans. En 1946 elle fait partie de la distribution de la pièce Les Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare.
Découverte en 1949 par Robert Siodmak, un des maîtres du film noir, elle s'illustre dans le genre à ses débuts (La Maison des étrangers de Mankiewicz, où elle joue le rôle de la jeune fiancée italienne, et 14 Heures de Henry Hathaway), éclipsée chaque fois par des comédiennes confirmées (Susan Hayward et Barbara Bel Geddes).
Emplois exotiques
Sa spectaculaire beauté brune (et quelque peu impavide lorsque l'actrice s'ennuie) la destine aux emplois exotiques, comme la plupart des belles brunes de Hollywood : Gene Tierney, Linda Darnell, Hedy Lamarr, Yvonne De Carlo ou même Elizabeth Taylor... Elle s'illustre en Indienne (La Flèche brisée avec James Stewart la sacre vedette) ou en Hawaïenne promise au volcan dans les films pacifistes de Delmer Daves et plus tard de Richard Brooks, dans le film d'aventures historiques (La Flibustière des Antilles dont l'héroïne est jouée par Jean Peters, Prince Vaillant où elle tient le second rôle féminin derrière la blonde Janet Leigh), le péplum (La Princesse du Nil,
Les Gladiateurs où Susan Hayward s'impose encore au premier plan, Les Dix Commandements avec Anne Baxter et Yvonne De Carlo, La Vallée des Pharaons en Italie) et l'aventure exotique (Omar Khayyam et surtout les deux films de Fritz Lang qui couronnent sa carrière).
Emouvante et sensuelle
Si la jeune Debra a fort à faire avec la concurrence dans les années 1950 - Hollywood met les bouchées doubles pour contrer la télévision et les beautés fleurissent à l'écran -, très vite elle s'impose comme une des plus émouvantes interprètes de sa génération, idéale victime de toutes sortes de sévices, un peu comme Fay Wray dans les années 1930, à la fois juvénile et lointaine à la manière de Gene Tierney. Elle prête ainsi ses traits à la célèbre Cosette de Victor Hugo et, dans Les Dix Commandements, elle est harcelée par l'infâme Egyptien joué par Edward G. Robinson. Le sommet de ce parcours est évidemment l'héroïne du Tigre du Bengale et du Tombeau hindou, dans lesquels elle impose définitivement sa beauté gracieuse et touchante. Cependant ces deux chefs d'oeuvre précèdent de peu le déclin de l'actrice.
La star revient périodiquement au western, un de ses genres favoris (elle est la partenaire de Elvis Presley dans Le Cavalier du crépuscule) mais, selon Michael Henry, "beaucoup plus charnelles et perverses sont ses créations dans les paraboles d'Allan Dwan". Debra Paget s'illustre ensuite dans la science-fiction (De la terre à la lune) et dans l'horreur (ses deux derniers films sont signés Roger Corman d'après Edgar Allan Poe et Lovecraft).
Radio et télévision
Parallèlement à sa carrière devant les caméras, Paget participe de 1950 à 1956 à six pièces radiophoniques pour le Family Theater ainsi qu'à quatre épisodes de la série Lux Radio Theater ; Burt Lancaster, Tyrone Power, Cesar Romero, Ronald Colman ou Robert Stack lui donnent la réplique ; elle participe ainsi aux adaptations de deux de ses films, La Flèche brisée et Les Misérables d'après Hugo - une pratique courante à l'époque.
La belle Debra se tourne dès les années 1950 vers la télévision, apparaissant notamment dans La Grande Caravane, Rawhide (avec le débutant Clint Eastwood) et L'Homme à la Rolls (son dernier rôle en 1965). En 1955, elle postule d'ailleurs, affublée d'une perruque blonde, pour le rôle titre de Sheena, reine de la jungle - parmi ses rivales, il y a Anita Ekberg mais aucune des deux ne décroche le rôle convoité.
Une carrière inégale
Malgré une poignée de cinéastes prestigieux et d'indéniables réussites, Paget a trop souvent été cantonnée dans des rôles de second plan et dans des productions de second ordre. Partenaire de Louis Jourdan, Jeffrey Hunter ou Robert Wagner, elle est souvent menacée par une certaine fadeur, même si elle se confronte également à des pointures - elle est courtisée par Stewart Granger et Robert Taylor dans le western La Dernière Chasse de Brooks, et joue au côté de George Sanders, Joseph Cotten, Ray Milland... Dans un premier temps, elle a pu être reléguée à l'arrière plan par la "vague blonde" (Betty Grable, Marilyn Monroe) au sein de son propre studio. En effet elle quitte la
Fox en 1955. Surtout les ravageuses années 1960 vont la balayer comme la plupart de ses consoeurs apparues dès les années 1940 - les acteurs eux s'en tireront mieux, bien entendu.
En 1987 Debra Paget a reçu un Golden Boot Award qui rend hommage à sa contribution au développement et au maintien du western à l'écran.
Vie privée
Côté vie privée, la douce Debra a connu pas mal d'aléas : son mariage avec l'acteur et chanteur David Street en 1958 a duré quatre mois ; en 1960 son mariage avec Budd Boetticher, prestigieux réalisateur (de westerns notamment), a duré 22 jours. Paget quitte le monde du spectacle après son mariage en 1964 avec Louis C. Kung, neveu de Madame Chiang Kai-Shek qui a fait fortune dans l'industrie pétrolière. Ils ont eu un fils, Greg, et se sont séparés en 1980.
Sources : Dictionnaire du cinéma américain, références Larousse ; http://en.wikipedia.org ; http://www.allocine.fr/