Réalisateur italien, Gianni Amelio aime par dessus tout raconter les histoires. Il suit à l'université une formation en philosophie en Sicile et entre ensuite au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome. Assistant de Liliana Cavani, Vittorio De Seta et d'autres réalisateurs dans les années 60, il devient réalisateur pour le petit écran et pendant plusieurs années tourne des téléfilms remarqués par la critique pour leur engagement et la qualité artistique. Le septième art l'appelle enfin et il commence d'emblée avec les plus grands. En 1982, son premier long métrage Droit au coeur, interprété par
Jean-Louis Trintignant est récompensé du David di Donatello de la meilleure réalisation et obtient le Prix ACI du Festival International de Venise. Suivent I ragazzi di via Panisperna (1988), qui traite des implications de la recherche scientifique, et Portes ouvertes (1990) qui se penche sur la peine de mort (nommé à l’Oscar du meilleur film étranger). Il suffit de voir les titres de sa filmographie pour comprendre que Gianni Amelio est un cinéaste qui laisse « portes ouvertes » et nous invite dès l’entrée à aller « droit au cœur ». Issu d’une famille d’émigrants, où les pères abandonnent les fils, la recherche du père hante tous ses films où il ne cesse de revenir sur l’absence. L’absence du père obsède Les enfants volés, chef-d’œuvre réaliste de sensibilité et de retenue (récompensé par le Grand Prix du jury et le Prix du jury œcuménique au Festival de Cannes en 1992), un road movie sur la solidarité entre "exclus", qui l'impose définitivement comme un cinéaste qui s'inscrit dans la grande tradition du cinéma politique italien. Ce film reprend tous les thèmes privilégiés de l’auteur, tels que la misère, l’enfance, la délinquance et le Sud. A travers cette histoire de deux jeunes orphelins, Rosetta et son frère, pris en affection par un jeune carabinier, on peut mesurer toute la profondeur du manque paternel, et du transfert qui en découle. Dans Lamerica (prix spécial de la mise en scène au Festival International de Venise en 1994),Gianni Amelio s’interroge sur les rapports entre l’Occident et le reste du monde et dénonce le capitalisme sauvage et colonialiste qui sévit en Albanie à travers l’histoire de deux italiens partis à la conquête du nouveau monde après la chute du communisme, en 1991. Cette réflexion sur des personnes déplacées et sur les problèmes de l’émigration recoupe, comme l’explique Gianni Amelio, une interrogation personnelle, car il appartient à une famille d'émigrés « Ce film est un voyage à la découverte de la véritable Albanie mais aussi de nos racines communes. C’est la découverte du fait que, derrière chaque peuple, il y a des duretés et des fatigues, et des parcours douloureux, des aventures, des rêves et des échecs, et des reprises. » Pour le réalisateur, le singulier rejoint toujours l’universel, et il ne cesse de prôner la tolérance, « la ressemblance entre les peuples », la fraternité, même si elle n’est pas évidente et souvent même conflictuelle. Dans Mon frère (Lion d’or au Festival International de Venise en 1998), le rapport fraternel passionnel est le lieu de prédilection d’une affectivité pathologique et douloureuse. Mais le message final est celui de l’amour. Dans tous ses films, plus psychologiques que politiques, Gianni Amelio a conscience des influences des grands maîtres ou pères du cinéma italien, à savoir Rossellini, Vittorio De Sica ou Visconti. Il partage la vision de ce dernier qui insiste sur la notion d’humanité : « L’expérience m’a enseigné que le poids de l’être humain, sa présence sont les seules choses qui comptent sur l’écran. » Au-delà donc de son propre questionnement affectif, familial ou social, le cinéaste met toujours en scène le thème de l’altérité dans sa vérité, comme dans Les Clefs de la maison (en sélection officielle au Festival International de Venise en 2003) aussi beau que dérangeant, où il narre la découverte mutuelle d’un père et de son fils handicapé. Son dernier film, L' Etoile imaginaire (2005) a été également sélectionné pour le festival de Venise.