Marlon Brando

Acteur, réalisateur
Né à Omaha le 3 avril 1924, mort le 1 juillet 2004
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Biographie de Marlon Brando

Marlon Brando naît dans une famille modeste du Nebraska, ayant des ascendances françaises, allemandes (le nom de famille s'écrivait à l'origine "Brandau", américanisé/italianisé "Brando"), hollandaises, irlandaises et anglaises, au sein de laquelle il est élevé en compagnie de ses deux soeurs aînées, Jocelyn et Frances, d'une mère alcoolique et bohème, l'actrice Dorothy Pennebaker et d'un père coureur de jupons. Mauvais élève, il est envoyé dans une école militaire où il découvre sa vocation pour le théâtre.
Sa carrière débute sur les planches de Broadway en 1944 avec la pièce I Remember Mama. Il connaît son premier succès d'estime avec la pièce Truckline Café mais sa carrière d'acteur est véritablement lancée par Elia Kazan qui lui offre, en 1951, le rôle de Stanley Kowalski dans Un tramway nommé Désir. Brando avait cherché à joindre Kazan au téléphone pendant trois jours pour refuser le rôle, mais lorsque celui-ci le rappelle, il n'ose pas dire non.
Au cours d'une des représentations de cette pièce, un machiniste lui casse le nez alors qu'ils boxent entre deux scènes dans les coulisses du théâtre. Il termine pourtant la pièce, le nez ensanglanté. Il gardera de cet incident un nez légèrement « déformé ».
Il suit la formation d'acteur de Stella Adler et la méthode de Constantin Stanislavski. Marlon Brando développe une nouvelle façon d'interpréter les rôles, fondée sur l'improvisation et l'oubli du scénario originel pour un approfondissement psychologique du personnage jusqu'à l'excès. Il ne fait pas semblant d'être un autre, mais incarne un personnage, physiquement et mentalement. « Marlon n'a jamais réellement eu besoin d'apprendre à jouer. Il savait », a un jour déclaré Stella Adler, l'une des enseignantes de l'Actors Studio.
En 1951, Elia Kazan adapte Un tramway nommé Désir au cinéma. Le film est tiré de la pièce de Tennessee Williams et le rôle de Blanche Dubois est campé par Vivien Leigh qui recevra l'Oscar de la meilleure interprétation féminine. Marquant une nette rupture avec la tradition anglo-saxonne, ce film est un brasier malséant qui mélange dans un contexte social hyperréaliste, les névroses et les pulsions sexuelles. Le choix de Brando est un trait de génie. Le film fait exploser Brando qui devient une star hollywoodienne du jour au lendemain (ce n'est que son deuxième film après The Men de Fred Zinnemann en 1950). En plus de son jeu d'acteur révolutionnaire et de sa prestation époustouflante dans le rôle du vulgaire Stanley Kowalski, Marlon Brando crève l'écran et s'impose comme un sex-symbol incontournable, en redéfinissant les critères de beauté masculine pour la seconde moitié du XXe siècle à venir, allant plus loin que Tyrone Power ou Montgomery Clift et étant plus jeune que les Clark Gable, John Wayne et autres Humphrey Bogart qui le précédaient. C'est d'ailleurs ce dernier qui remportera l'Oscar du meilleur acteur en 1951 (pour The African Queen), malgré la nomination de Brando.
Comme l'écrit Truman Capote, il est alors l'image idéale de la jeunesse américaine : cheveux blonds foncés, yeux gris-bleu, teint basané, démarche athlétique. La carte des Etas-Unis est gravée sur son visage. Son rôle dans Viva Zapata! en 1952 lui vaut un prix d'interprétation à Cannes.
Après la pièce "Hamlet" de Tennessee Williams, en 1953 il enchaîne avec un film qui rendra célèbres le jeans et le blouson de cuir Perfecto : L'Équipée sauvage de Laslo Benedek. Dans ce film, il exprime toute la révolte d'une génération en devenant Johnny, un motard rebelle sur sa propre moto Triumph Thunderbird 6T qui prend d'assaut une petite ville avec sa bande de jeunes bruyants. Encore une fois, son interprétation va avoir un grand retentissement. Même chez la marque Triumph qui voit d'un très mauvais oeil l'image que renvoie le film sur l'image de la marque. Le film et le jeu d'acteur de Brando ne sont pas aussi extraordinaires que dans Un tramway nommé Désir mais c'est le personnage qu'il joue à l'écran (celui de Johnny) qui va lancer une mode et avoir un impact considérable sur la « culture rock ». En effet, James Dean voudra la même moto que celle du film, et on se souvient de la photo d'Elvis Presley mimant à la perfection la posture de Brando sur sa Triumph. En effet, les images de Brando posant avec sa moto deviendront emblématiques et sera la base du mannequin de cire au Musée de Madame Tussauds à Londres. Son personnage Johnny, chef d'un gang de motards, dans le film, prononce cette réplique devenue célèbre :
-- Une fille : Hey Johnny, what are you rebeling against? (Hé Johnny, tu te rebelles contre quoi ?) -- Johnny : What have you got? (Qu'est-ce que tu m'proposes ?)
À cette époque, certains critiques lui reprochent sa façon de parler assez nonchalante et son manque d'articulation. Frank Sinatra le surnomme d'ailleurs à cet égard « Mister Mumbles »(« Monsieur bredouillage »). Mais Brando va les prendre à défaut en jouant un rôle shakespearien dans le Jules César de Joseph Mankiewicz en 1954. On y trouvera une scène où Marc Antoine (Brando) fait un réquisitoire plus que saisissant.
C'est Frank Sinatra qui doit jouer le rôle de Terry Malloy dans le prochain film d'Elia Kazan : Sur les quais (1954). Au dernier moment, Brando accepte, bien qu'il fût en désaccord avec Kazan qui avait dénoncé ses collègues communistes lors de la chasse aux sorcières de McCarthy. La délation est justement le thème central de ce film qui vaudra à Brando son premier Oscar du meilleur acteur en 1955. On y trouve plusieurs scènes fameuses dont celle dite « du taxi » où Brando fera pleurer des techniciens du plateau par son simple monologue. La même année, il incarne Napoléon Bonaparte à l'écran dans Désirée d'Henry Coster avec Jean Simmons.
Marlon Brando est alors la plus grande star masculine hollywoodienne, il n'a peur de rien et va donc s'essayer à la comédie musicale avec comme partenaire Frank Sinatra. Dans la vie, les deux acteurs se détestent . Le film s'intitule Guys And Dolls (Blanches colombes et vilains messieurs), on y voit Sinatra interpréter pour la première fois The Lady Is A Tramp. Gene Kelly était pressenti pour le premier rôle mais la MGM n'ayant voulu le libérer, c'est Brando qui l'obtient et joue pour la première fois dans une comédie musicale. En 1956, il joue avec Glenn Ford dans The Teahouse Of The August Moon où il interprète un Asiatique. Il poursuit dans la même veine de manière plus sérieuse avec Sayonara où il joue le rôle d'un soldat américain dont l'amour avec une Japonaise est impossible, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1958, il interprète son plus grand rôle depuis Sur les quais, dans le film d'Edward Dmytryk The Young Lions (Le Bal des maudits) où il joue le rôle d'un officier allemand, aux côtés de Dean Martin et Montgomery Clift. L'année suivante, il joue dans The Fugitive Kind (L'Homme à la peau de serpent) le rôle d'un musicien solitaire à la veste en peau de serpent, avec Anna Magnani et Joanne Woodward. Le film, adapté d'une pièce de Tennessee Williams écrite spécialement pour Brando, ne connait pas de succès mais a acquis le statut de « film culte ».
En cette année 1960, Brando travaille sur un western avec Sam Peckinpah puis Stanley Kubrick intitulé La Vengeance aux deux visages. Après d'innombrables querelles sur le scénario et la direction, Marlon Brando lui-même finira par réaliser le film en 1961, dans lequel il joue en compagnie de Karl Malden. Après de gros retards pris pendant le tournage et un fort dépassement de budget, les producteurs décidèrent de ne pas lui confier le montage final. Méconnu, le film distille une atmosphère particulière pour un western et sera le seul film réalisé par Brando.
En 1962, il joue dans Les Révoltés du Bounty de Lewis Milestone, La Poursuite impitoyable d'Arthur Penn en 1966 et les Reflets dans un oeil d'or de John Huston en 1967 où il joue un officier de l'armée qui réprime son homosexualité. En 1968, il joue aussi un gourou dans la comédie graveleuse Candy de Christian Marquand. En 1969, il tourne dans Queimada. Plus tard, il déclarera à son sujet qu'il est son film préféré malgré son échec commercial. À la fin de la décennie, sa carriére ralentie grandement du fait qu'il commence à avoir la réputation d'être difficile sur les plateaux de tournage.
En 1972, la prestation de Brando dans Le Parrain marque une étape et relance sa carriére alors à mi-parcours. Le réalisateur, Francis Ford Coppola, parvient à convaincre Brando à faire des tests de maquillage. Brando se prend au jeu et crée le sien à partir de boules de coton qu'il se met dans le menton et les joues. En faisant cela, il se crée un look de Bouledogue avec un visage dur et impitoyable. Aux essais, Coppola est trés emballé par la prestation de Brando en tant que parrain d'une famille du crime organisé, la famille Corleone faisant partie de Cosa Nostra. Coppola doit se battre contre l'avis des studios Paramount pour imposer Brando au casting du film. Les dirigeants de la Paramount veulent donner le rôle à Danny Thomas. Thomas décline le rôle et Coppola presse les studios à engager Brando avec l'aide des témoignages des personnes qui avaient assisté à ses essais.
Pour son rôle dans Le Parrain, il reçoit un nouvel Oscar du meilleur acteur en 1973, qu'il refuse pour marquer son opposition à la façon dont le cinéma américain traite les Indiens dans les films,. À la place, il y envoya l'activiste pour la défense des droits civiques des indiens, Sacheen Littlefeather, qui vient en costume traditionnel Apache.
En 1972 sort Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, qui constitue une des meilleures prestations de l'acteur. Ce film provoque un scandale pour les rapports intimes entre un homme mûr et une très jeune femme et pour certaines scénes érotiques comme la fameuse scéne du beurre. En dépit de la controverse du film et de l'acteur lui-même, Brando est encore une fois nominé pour l'Oscar du meilleur acteur.
En 1974, Brando comme James Caan sont programmés pour apparaître dans la scéne finale du Le Parrain 2. Mais suite à une dispute entre l'acteur et les studios, Brando refusa de venir une seule journée pour tourner la scéne. À ce point que les scénaristes durent reécrire la scène finale où son personnage est juste évoqué.
Pour Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, Brando interprète le torturé Colonel Kurtz, héros de l'armée américaine, promis au plus haut poste mais brisé par son expérience de la guerre du Cambodge. Il s'enfuit alors au fond de la jungle avec des déserteurs, assujettis les indigènes et fait appliquer ses propres règles de guerre. Il développe autour de lui un culte mystique de sa personnalité en commettant des actes d'une atroce sauvagerie sur ceux qui s'opposent à lui.
Ce film est en développement depuis 1975. Coppola propose le rôle de Kurtz à Brando qui, après bien des hésitations, finit par accepter en février 1976 pour une somme de 3,5 millions $. Le tournage commence en mars 1976. Mais Coppola connait des difficultés financières et des retards, notamment à cause de Brando qui veut un intéressement sur les entrées du film. Lorsque Coppola arrive sur le lieu de tournage aux Philippines, Brando a énormément grossi et pèse plus de 110 kilos. Pour compenser son physique, Coppola décide de le filmer dans la semi-obscurité et en contre-plongée. Cela a pour effet d'accroître l'aura mystique du personnage et sa folie. Le film reçoit la Palme d'or du Festival de Cannes 1979. Les critiques voit dans le rôle du colonel Kurtz un parallèle à la carrière de Brando et de ce qu'il est devenu, un personnage solitaire et perdu.
En 1978, Brando joue le rôle du père de Superman (film), Jor-El dans le film du même nom. Il accepte d'apparaître à l'écran si les producteurs lui garantissent qu'il aura un petit rôle trés bien payé. Pour deux semaines de travail, Brando est payé 3,7 millions $. Même ayant un petit rôle, il ne prendra pas la peine d'apprendre son texte et se contentera de le lire posé sur un support posé hors caméra. Cette anecdote est révélée dans le documentaire sur le tournage du film de la version DVD sortie en 2001. Pour Superman II, Brando reprend le rôle de Jor-El mais se fâche avec les producteurs à cause de son salaire. Il refuse que ses scènes apparaissent à l'écran. Aprés sa mort, en 2004, ses héritiers acceptent que les scènes soient utilisés dans le film Superman, Returns sorti en 2006.
De 1980 à 1989, il se désintéresse du cinéma. En 1989, il joue le rôle d'un avocat dans Une saison blanche et sèche, un film sur les discriminations en Afrique du Sud. Son salaire sera reversé à des associations luttant contre l'apartheid. Toujours attaché à défendre la cause des Indiens, il tourne en 1997 dans The Brave, un film de Johnny Depp. La relation entre les deux hommes sera plus que cordiale, Brando appréciant que Depp, en tant que réalisateur, lui fasse confiance pour son rôle.
En 2001, il apparaît pour la dernière fois au cinéma dans le film The Score avec Robert de Niro et Edward Norton. La même année, on le voit aussi dans le clip de la chanson You Rock My World de Michael Jackson, dont il était un ami proche.
Il est décédé le 1er juillet 2004 à Los Angeles, en Californie, d'une fibrose pulmonaire. Ses cendres furent dispersées en partie à Tahiti et en partie dans la vallée de la Mort.
L'American Film Institute l'a classé quatrième acteur de légende.

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