Cannes 2014 - Les Nouveaux Sauvages de Damian Szifron

Des rires. Ils ne sont pas si fréquents à Cannes et encore moins en Compétition Officielle, alors il est bon de les signaler. Relatos Salvajes de Damian Szifron, qui doit peut-être sa présence ici à son producteur (Pedro Almodovar), a fait marrer la presse et c'est déjà une belle performance.

Comédie à sketchs autour de la thématique de la vengeance, le film commence très fort avec une séquence prégénérique complètement dingue (applaudie lors de la projection presse) mais finit par s'épuiser comme si l'empilement des situations neutralisait leur effet. Lors de la présentation de la Sélection, Thierry Frémaux s'était amusé du poncif selon lequel les films à sketchs sont généralement jugés inégaux, ce n'est ici pas vraiment le cas. En effet, à part peut-être le segment avec Ricardo Darin un brin au dessus des autres – on pense d'ailleurs, dans une veine plus burlesque le sujet de Très bien, merci (2007) d'Emmanuelle Cuau – les différents courts-métrages qui composent le film (parce qu'il s'agit finalement de cela) sont d'un niveau assez équivalent.

Ce qui manque à Relatos Salvajes, c'est une cohésion et une dynamique générale. Jia Zhang Ke, qui va découvrir le film en tant que juré, avait ainsi présenté l'année dernière, avec A Touch of Sin, une forme de film à sketch autrement plus aboutie. Pour autant Szifron maitrise plutôt bien son rythme et ses effets et produit ainsi une comédie efficace. Car si le film a les attributs d'une mise en scène suffisamment (trop ?) ostentatoire pour signaler la présence d'un auteur (Vas-y que je filme depuis le coffre à bagages... Regarde comme je fixe ma caméra sur la porte...), c'est surtout par la grâce du montage qu'il suscite les rires. Un petit bout de réplique en plus par ici, un plan furtif par là, un léger recadrage au bon moment... la comédie est aussi une affaire de cinéma et il est bon de trouver à Cannes l'occasion de le rappeler.