Triste nouvelle : Jean-François Stévenin est mort hier à l’hôpital de Neuilly, selon sa famille à l’AFP. Il avait 77 ans. Toujours un peu dans l’orbite des plus grands que lui - second rôle ou assistant ; il évitera d’ailleurs autant que faire se peut les lignes droites lorsqu’il passera lui-même derrière la caméra, pour trois films (édité en coffret par Le Pacte) : les libres et fabuleux Passe montagne (sorte de virée jurassienne sous haut patronage cassavetien, avec Jacques Villeret), Double messieurs ; et Mischka, moins inoubliable. D’abord comédien et assistant de Rivette (Out 1) ou Truffaut, auprès de qui il jouera son propre rôle (La Nuit américaine) ou celui d’un fameux instituteur (L’Argent de poche), Stévenin n’a presque jamais cessé de jouer jusqu’à cette année, où il sera à l’affiche de quatre films (dont Illusions perdues de Xavier Giannoli, en compétition à Venise). Du même bois que ses compatriotes jurassiens (il est né à Lons-le-Saunier), il y avait chez lui quelques chose de trapu, de terrien et de modeste, qui en faisait un fantastique francs-comtois (son ami Johnny le surnommait “le petit ours”), en même temps qu’il affichait une fantaisie et un anticonformisme si volontaire qu’on le rangeait assez facilement du côté des “inclassables”. Son visage familier, rond mais aux regard franc avait quelque chose de discret et entêtant, regard qu’on pourra encore trouver dans les yeux sans doute baignés de larmes de ses quatre enfants (Sagamore, Robinson, Salomé et Pierre), tous brillants comédiens eux-aussi.
Dans un entretien accordé à Télérama en 2014, il racontait avec émotion ses relations de tournage avec François Truffaut.