Il a relancé la mode des héros costumés bien avant que le MCU inonde nos écrans, il a été un des plus grands pourvoyeurs de romanesque chez les jeunes millennials, il mettait encore aujourd’hui dans la bouche de quarantenaires fatigués un inéluctable “too old for this shit”... C’était donc son tour d’être trop vieux pour ces conneries : Richard Donner, papa des Goonies (1985), Superman (1978) ou encore L’Arme Fatale (1987), est mort hier à 91 ans. Pape jovial des eighties aux côtés de Spielberg, Joe Dante ou Zemeckis, il a participé à réenchanter l’imaginaire d’une génération grignotée par le néo-libéralisme, avec des billes et des chasses au trésor. Naïf sans doute ( “Cynoque aime Choco”), mais dans les 1980 de Reagan et Thatcher, les années de la réussite et du fric, c’était une douce petite révolte encourageant la rêverie, la camaraderie, l’amitié simple, les gens de peu, les marginaux. S’il s’est lui aussi laissé contaminer par la facilité de superproductions parfois bodybuildées, l’humour et la tendresse de son bestiaire emportait le tout. C’était ici un Superman trop candide pour être vrai, ailleurs un couple de flics métissés, hors des clous (l’un suicidaire, l’autre en bout de course), c’était des minots de banlieue s’emparant du fantastique pour faire la nique aux bâtisseurs, c’était enfin Dickens contre l’empire de la télé (Fantômes en fête, 1988). Naïf oui, mais diablement attachant : il n’y a pas cinq ans, on appelait encore à la rescousse son incroyable sens du merveilleux (en piochant allégrement dans les Goonies), pour s’évader d’un monde en proie au désastre écologique. C’était Stranger Things (2016-2019) et on avait là la preuve qu’on sera toujours assez jeune pour aimer le cinéma de Richard Donner.
Steven Spielberg reflects on the passing of Richard Donner, friend, and beloved director of THE GOONIES for Amblin Entertainment, who passed away today at 91.#RichardDonner #TheGoonies pic.twitter.com/6KSmKvWqVI
— Amblin (@amblin) July 5, 2021