La rentrée littéraire tire à sa fin et l’hiver à notre porte, l’occasion de vous conseiller deux livres aussi chauds que passionnants, deux livres qui abandonnent la pesanteur de l’essai pour inviter au glanage autant qu’au voyage. A mettre sous le sapin où à compulser égoïstement.
Movieland, le livre
Le premier est l’œuvre de l'un des fondateurs de ce site, David Honnorat aka @IMtheRookie, épaulé par l’éminent @Hugo et quelques fameux Vodkastos (confer la pétillante @lucyinthesky). Il est le guide du projet Movieland, carte imaginaire du cinéma sillonnée de route et de territoires (La Vallée de l’amour, Les Lacs de l’horreur, etc…) et dont nous vous parlions ici. Cartographier c’est bien, mais voyager, c’est mieux. D’où l’idée de tracer “cinquante itinéraires thématiques détaillés, comme autant de propositions de balades cinéphiliques.” On pourra ainsi naviguer de Citizen Kane à L’Empire contre-attaque (attention spoilers) ou de La Jetée au Retour vers le futur, si on préfère s’abandonner aux paradoxes temporels. Cerise sur le gâteau pour nos amis parisiens : le livre (accompagné d’une carte) sort aujourd’hui et sera présenté par son auteur à la Librairie l'Imagigraphe, ce soir dès 18h.
Le Cinéma des animaux
Le second, sorti il y a une semaine, est tout aussi fascinant puisqu’il propose de plonger au cœur des images et de ce qu’elles nous disent de notre rapport aux animaux. C’est une compilation des textes de Camille Brunel, journaliste pour Usbek & Rica, défenseur de la cause animale et contributeur pour Télérama-Vodkaster à ses heures. Construire un pont entre l’antispécisme et la cinéphilie, voilà la tâche qu’il s’est confiée : “L’humanité se comporte en Saint-Thomas : elle exige de voir avant de croire. Si une libération animale devait avoir lieu, c’est en cela que le cinéma y tiendrait certainement le premier rôle.” On pensait un peu la même chose en sortant de BlacKkKlansman, alors on acquiesce. Pour autant, pas besoin d’être antispéciste pour apprécier. Derrière chaque film, aussi divers que Petit Paysan (2017), L’Odyssée de Pi (2012) ou Les Désaxés (1961), un seul plaisir : enquêter, chercher les signes et les traduire. Toutes choses, au fond, qui participent du principe premier du cinéphile : l’exégèse. Avec comme pire résultat de se laisser convaincre. On a connu moins joyeux.
“Movieland, le livre”, Hachette Pratique, 24,95 €
“Le Cinéma des animaux”, UV Editions, 22 €
Qu'on le dise antispécismo-centré, ça je ne peux pas le nier, mais americano-centré, certainement pas. Il a écrit un bouquin sur Lautréamont, déjà.
Ensuite, ses articles évoquent Albert Serra, Verhoeven, Wang Bing, les Frères Dardenne, Karim Dridi, Gianfranco Rosi, Laurent Teyssier, Guiraudie, Maud Alpi, Bunuel, etc., etc.
Il y a assez peu de cinéphilies aussi hétéroclites. Après évidemment, j'imagine que devant un auditoire dont on ne connaît pas la culture cinéphilique, on tape dans les grands succès, pour parler au plus grand nombre et éviter d'en perdre en route.
Enfin, s'il était américano-centré, ça ne changerait pas grand chose à la qualité de l’exégèse :)