Bac Philo 2012 : corrigés cinéphiles

Les sujets du bac de philo 2012 sont tombés ce matin et nous avons planché pour vous. Découvrez les références cinéphiles idéales pour illustrer les meilleures dissertations...

Il est 8h et la sonnerie retentit. Plus personne ne bouge, pas une mouche ne vole et les stylos ne sont pas encore en main qu'ils commencent déjà à trembler. Les professeurs traversent les salles et sujets tombent comme un couperet : l'emblématique épreuve de philosophie peut commencer. Tout va bien : on a le cinéma avec nous.

Pour aborder avec bon sens une épreuve qui demande du raisonnement , nous vous avons confectionnées, chers lycéens en larmes, des réponses cinématographiques à vos préoccupations intellectuelles. A chaque sujet, et quelque soit votre parcours, voilà ce qu'aurait pu vous souffler le cinéma.

Le Bac L

Que gagne-t-on en travaillant ?
A cette question, Joachim Lafosse répond par Ça rend heureux, un film complètement barré qui raconte la création d'un film. Fabrizio, un cinéaste sans emploi, interroge ses connaissances face caméra. L'un d'eux lui balance : « Je vais travailler, vendre des légumes, juste avoir l'impression de me rendre utile, faire quelque chose, être dans le truc quoi ». Ici, on peut retenir le terme "utilité".

Mais c'est David Fincher, maître incontesté des films travaillés, qui donne une réponse claire et net, attaquant de front la société consumériste par l'entremise de Brad Pitt, dans Fight Club : « La pub nous fait courir après des voitures et des fringues. On fait des boulots qu'on deteste, pour se payer des merdes qui servent à rien ». Une réponse simple, mais pas simpliste.

Toute croyance est-elle contraire à la raison ?
Indiana Jones, est-il un chrétien intégriste ? Au regard de sa prestation dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, Steven Spielberg répond par la négative, tout en nuançant. En quête du Saint Graal, le célèbre aventurier incarné par Harrison Ford n 'en démord pas : l'objet, soumis aux contes et légendes, existe. Mais lorsque, au cours de son périple, il doit traverser un ravin par la force de l'esprit, il hésite (il n'est pas fou) puis met le pied. Un peu comme s'il décidait de rentrer dans une église et de finir curé jusqu'à la fin de ses jours. Moralité made in Spielberg : entre la croyance et la raison, il n'y a parfois qu'un pas à franchir.

N.B : Il faut tout de même rappeler que Steven Spielberg est un sacré taré qui pense que les extraterrestres existent, que la Terre va être envahi par des machines grises et que les dinosaures ont subsisté. Niveau ?raison?, on a connu mieux.

Le Bac ES

Peut-il exister des désirs naturels ?
Comment ne pas penser à La Grande Bouffe lorsqu'il s'agit de traiter un sujet sur le "désir naturel" ? Car selon Marco Ferreri, en racontant l'histoire de quatre hommes qui se réunissent pour manger jusqu'à ce que mort s'ensuive, le désir naturel, ici celui de prendre ses trois repas par jour, n'existe plus : il est enterré sous une tonne de purée, de pets, de merdes et autres déjections réjouissantes. N'en jetez plus - ou plutôt mangez tout, Michel Piccoli ou Phillippe Noiret auraient pu vous rendre une fière chandelle si vous aviez pensé à eux ! Et l'extrait ci-dessous, « On décongestionne et on recommence », porte bien son nom :

Travailler est-ce seulement être utile ?
Et à nouveau la question du travail ! Alors que le réalisateur belge Joachim Lafosse aurait rendu copie blanche avec écrit un énorme "oui" (cf. sujets du Bac L), il suffit parfois de traverser la Manche pour répondre à une problématique. Dans Trainspotting, Danny Boyle use, dès les premières minutes, d'une anaphore calibrée et devenue culte au fil des années.

En effet, Mark Renton (Ewan McGregor), junkie d'Edimbourg, ne veut pas travailler ou choisir ?la vie? et ?une carrière?. A la question de savoir si le travail peut être utile, il y répond par une autre question et une once de drogue : « Pourquoi je ferais une chose pareil ? J'ai choisi de pas choisir la vie. J'ai choisi autre chose. Les raisons ? Y a pas de raisons : y a pas besoin de raisons quand on choisi l'héroïne ».

Le Bac S

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?
Non, non et non selon OSS 117 ! Agent secret au service de l'Etat français alors que l'histoire se déroule sous les débuts de la Cinquième République, OSS 117 ne comprend rien à rien. Qu'est-ce qu'une dictature selon lui ? « C'est quand les gens sont communistes, quand il ont un froid avec des chapeaux gris et des chaussures à fermeture éclair ». Et un pays qui a pour président un militaire avec les pleins pouvoirs, une police secrète, une seule chaîne de télévision, et dont toute l'information est contrôlée par l'Etat ?

« J'appelle ça la France, et pas n'importe laquelle : la France du général de Gaulle » explique t-il, sans broncher. Ainsi, si OSS 117 avait été votre voisin de table, il vous aurait conseillé une confiance sans faille dans le pouvoir en place, quelles que soient ses pratiques anti-démocratiques. Et il vous aurait aussi obligé à traiter les communistes de « vils rouges mangeurs d'enfants ».

Avons-nous le droit de chercher la vérité ?
Lorsqu'il s'agit de vérité, on pense directement à Jim Carrey dans Menteur Menteur, une comédie sympathique mais sans aucune portée philosophique. Plus sérieusement, Matrix peut vous ouvrir des portes : faut-il choisir la pilule bleue ou bien la pilule rouge ? La vérité ou l'illusion d'être en vie ? Telle est la question posée par Laurence Fishburne à Keanu Reeves. A défaut de chercher la vérité, c'est la curiosité et l'ennui qui auront amené le personnage de Néo dans cet appartement miteux.