Eva Mendes se caresse sur Blondie dans La Nuit nous appartient de James Gray
Il est certains films qui réussissent à imposer leur atmosphère et leur délicatesse dès leurs premières minutes. La nuit nous appartient est de ceux-là. Dès son ouverture nous découvrons, par les yeux de Joaquin Phoenix, le corps lascif et envoûtant d'Eva Mendes. Elle se met à sa merci, se donne à son regard.
Dans cet impeccable polar familial, Joaquin Phoenix ne veut pas suivre la destiné qui lui est déjà toute tracée par sa famille. En effet son père, Robert Duvall, est chef de la police. Et son frère, incarné par Mark Wahlberg, semble suivre la même voie. Le personnage de Joaquin Phoenix, Bobby, gérant de boîte de nuit, compte bien vivre sa vie comme il l'entend, entre drogue, débauche et pluie de billets verts. Mais certaines de ses accointances, lorsqu'ils vont mettre la vie de sa famille en péril, vont devoir affronter sa colère. Et Bobby, alors à un carrefour de sa vie, devra s'interroger sur ses priorités. Tout comme dans Little Odessa et The Yards, James Gray s'encanaille dans le Brooklyn de sa jeunesse, capte son atmosphère nocturne comme personne. Alors que Bobby entre dans son bureau, il découvre Amada, sa petite amie, prête à attiser son désir, à s'offrir complètement à lui.
Coupé en plein élan extrait de La Nuit nous appartient
Alors que retentit le tube de 1978 Heart of glass, de Blondie, Amada se comporte comme si elle n'avait pas remarqué l'entrée de Bobby. En voyeur, il s'approche doucement, la considère avec envie, hésite presque à la toucher. Lorsqu'elle croise son regard, elle l'embrasse avec fougue, l'invite à partager son corps et ses caresses. Quelques échanges et oeillades suffisent pour que leur complicité soit consommée ; le ballet des mains peut commencer. Une sensualité à fleur de peau qui ne manquera pas de troubler Joaquin Phoenix, tout comme le spectateur, surtout lorsque les amants se voient interrompus dans l'ébauche de leurs ébats. Et même si Bobby doit la quitter Amada restera là, sur le canapé, à l'attendre. Et Bobby de lui lancer : « si je devais mourir maintenant je serais heureux ». Comme on le comprend.
Eva Mendes a tout pour elle. Depuis ses débuts dans Une nuit au Roxbury jusqu'à Very Bad Cops cette année, elle n'a cessé de gagner en volupté, en présence physique, charnelle, mais aussi en franche douceur. Elle est l'amie espiègle et toujours présente, dans Deux en un, la femme apprivoisée dans Very Bad Cops, donc, ou encore une femme fatale et puissante dans The Spirit. Son aura sexuelle est indéniable ; il suffit qu'elle entre dans une pièce pour que tous les hommes se jettent à ses pieds. Mais plutôt que de dompter elle préférera couver, rester un peu en retrait, pour réussir, comme toute femme forte, à se rendre indispensable. L'alliance parfaite entre la noblesse du corps et la générosité de l'âme.
Sans jamais tomber dans la vulgarité, James Gray est capable de transcender son sujet, féminin comme masculin, et de rendre compte d'ébats amoureux avec beaucoup de respect, de tendresse. De capturer une intimité d'un troublant réalisme. Joaquin Phoenix, son héraut retrouvé dans Two Lovers, s'offrait sans limite à Gwyneth Paltrow, au petit matin sur le toit d'un immeuble. L'amour toujours consommé comme un laisser-aller, un moment de confiance dans lequel les personnages pourront se réfugier. Et s'y réconforter.
-
QuarterPounder23 mars 2011 Voir la discussion...