Johnny Depp, poulet à roulettes et Faye Dunaway en cougar affamée

Demain sortira sur les écrans Poulet aux prunes. Alors que le poulet est habituellement une volaille dotée d'un bec et de plumes, nous vous présentons dans le sexy mardi du jour un spécimen d'un tout autre type : Johnny Depp. Leur point commun ? Ils font côt-côt.

Arizona Dream est un film un peu pété et au ton difficilement définissable, qui est généralement considéré ou comme très poétique, ou comme complètement foireux. Rare escapade étasunienne de Kusturica, le film met en scène l'improbable romance entre Axel (Johnny Depp) et Elaine (Faye Dunaway), de 20 ans son aînée, autour desquels gravite une galerie d'improbables personnages dont Grace, la fille d'Elaine. Il est aussi question d'imitations de Cary Grant, de Cadillacs, d'igloos, de poissons volants et de réincarnations en tortue, mais c'est une autre histoire.

Dans la scène du jour, on peut voir Axel et Elaine vivre pleinement leur passion l'un pour l'autre : lui vient de quitter New-York pour l'Arizona et vit son quotidien comme plongé dans la torpeur d'un songe éveillé ; elle, excentrique éperdue, s'abandonne corps et âme à l'accomplissement de ses rêves et voit sa relation avec un charmant jeunot comme une bravade de plus au temps qui passe. Bien entendu, leur relation est folle, excessive, hystérique. Ils refusent la routine et craignent le silence, de peur se voir s'effondrer leur monde si fragile.

Et c'est bien pour ça que Johnny fait la poule : pour nier la réalité, pour pondre sur le bitume de la médiocrité des oeufs de folie qui, en se brisant, répandront autour d'eux des taches de spontanéité qui rendront Faye hilare - mais comment ne pas l'être ? En pareille circonstances, il suffit d'un rien pour transformer un fou rire en excitation sexuelle. La cougar le sait bien, et le jeune cock (c'est plus rigolo en anglais) aussi, d'ailleurs l'effet de surprise joue en sa faveur, et de toute manière sa proie est déjà conquise par sa capacité toute juvénile à être là où on ne l'attend pas. Il ne faut que peu de temps pour que la situation dégénère?

Evidemment, Grace, la fille, elle, s'en fout, ou du moins elle cherche à s'en convaincre, et à nous en convaincre par la même occasion. L'air blasé, le look débraillé, elle joue négligemment de l'accordéon (l'european touch de notre cher capitaine Kustu) et commente d'un air dédaigneux : "It's disgusting". Dans une relation aussi fougueuse et intense que celle que vit sa mère, elle n'est plus qu'une figurante, une silhouette vague dans le décor, qui n'est digne d'intérêt ni pour sa génitrice ni même pour ce mâle qui a pourtant le même âge qu'elle. Elle en a conscience, et manifeste sa rage contenue et sa frustration inavouée par un artificiel mépris ostentatoire.

Mais sous le bonheur et l'épanouissement apparent, un oeil pessimiste pourra voir se dessiner les prémisses d'une descente de trip imminente? Axel est en sueur, consumé par un rythme effréné qu'il ne pourra pas tenir éternellement ; dans l'insouciance de sa fuite en avant, il se paye un mur, avant d'infliger le même sort à sa partenaire dans l'élan de leurs ébats, comme pour souligner le fait que leur bonheur n'est que momentané et qu'il ne les mènera nulle part. Mais a-t-il moins de valeur pour autant ? Nenni, et c'est là tout ce qui fait la beauté de cette scène à la fois déprimée et jouisseuse, qui hurle dans un coït que seul compte la passion présente, et pas sa destination. C'est pas sexy ça ?

A la semaine prochaine pour des nouvelles folles aventures !