Le Bon Plan : Die Hard, la mort selon McTiernan
Chaque semaine, Le Bon Plan décrypte en vidéo les bonnes idées de cinéma. Dans cet épisode, un grand classique du cinéma d'action...
Nous sommes au moment du film où l'un des otages, Ellis, persuadé de pouvoir s'attirer les bonnes faveurs de Hans, le chef des terroristes, vient lui révéler l'identité de John McClane et tente de parlementer avec lui afin de le convaincre de se rendre. Comme John refuse de collaborer, Hans abat Ellis. Là, McTiernan utilise un procédé classique de suspens, en ne nous montrant pas le coup de feu lui-même, mais juste le son, relayé par le talkie-walkie de John. Remarquons tout de même au passage la précision du montage son, et notamment le dernier bruit avant le silence qui précède le coup de feu : celui de la gorgée de Coca-cola bue par Ellis. Ce petit détail montre toute l'ironie du réalisateur : Ellis, l'homme d'affaire arriviste, est prêt à pactiser avec l'ennemi pour une simple canette de Coca-cola, qui s'avérera mortelle.
Mais passons à la suite de la scène. Dans un film classique, on s'attendrait à trouver un plan nous montrant le corps d'Ellis après coup, réduisant ainsi l'effet précédent à un simple artifice, ou à de la fausse pudeur. Comme s'il fallait quand même, en fin de compte, satisfaire le regard voyeur du spectateur ; ici, McTiernan n'en fait rien. Ce n'est que plus d'une minute plus tard, alors qu'Hans s'entretient avec un officier de police, que l'on va enfin découvrir le corps. Non pas de façon nette et frontale, mais de dos, flou, en amorce au premier plan. Grâce à ce lent travelling latéral, la mort passe littéralement devant nos yeux. A cause du sang, on n'a aucun doute que cette tête est bien celle d'Ellis, mais, au lieu du simple effet visuel qu'un classique gros plan aurait créé, le réalisateur installe ici un sentiment de malaise bien plus diffus et profond.
Tout d'abord, au début du plan, Hans fixe un point hors champ, comme s'il avait le regard dans le vague ; on découvre en fait qu'il regarde impassiblement le corps sans vie d'Ellis, assis dans le fauteuil en face de lui. C'est là qu'on prend la mesure de la dangerosité et de la détermination de ce personnage, sur lequel nous avions jusqu'ici peu d'informations. Par ailleurs, la lenteur confortable du mouvement de caméra, le décor chaleureux, la voix calme et paisible d'Hans lui-même contrastent avec la violence d'un corps sans vie ; montrer ce corps de façon abrupte aurait créé une véritable rupture, plus tape à l'oeil – alors que l'intégrer comme cela, de façon douce et subtile, ne fait que rajouter au côté anodin de la chose, et donc à son horreur.
McTiernan nous rappelle donc que ce n'est pas parce que l'on fait du cinéma d'action qu'il ne faut pas faire preuve de finesse.
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Fujee30 septembre 2014 Voir la discussion...
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mask19930 septembre 2014 Voir la discussion...
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Cheshire30 septembre 2014 Voir la discussion...
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bargeot1 octobre 2014 Voir la discussion...
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bargeot1 octobre 2014 Voir la discussion...
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MaxiPatate1 octobre 2014 Voir la discussion...
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Wed6 octobre 2014 Voir la discussion...
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bargeot4 janvier 2016 Voir la discussion...
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Lusz7 janvier 2016 Voir la discussion...
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bargeot3 mai 2016 Voir la discussion...