les filles de nos rêves

Les nouvelles reines de la comédie US

Dossier | Par Hugues Derolez | Le 5 juillet 2011 à 10h49

Bridesmaids, ou Mes Meilleures amies, connaît une carrière aussi honorable que surprenante aux Etats-Unis. Gageons que sa date de sortie, le 10 août, et la communication biaisée autour de la sortie du film (vendu comme un film exclusivement pour les filles alors qu'il s'agit simplement d'un film sur les filles) risque d'empêcher Bridesmaids d'avoir un destin aussi brillant en France. Paris Cinéma proposant de voir le film le mardi 5 juillet en avant-première, l'occasion semble toute choisie pour étudier à la loupe le casting féminin du film. Ainsi que leurs consoeurs qui, depuis quelques années, font trembler le giron très masculin des comédies américaines.

De ses débuts un peu chaotiques et crapoteux dans la saga Scary Movie, Anna Faris n'a gardé que le meilleur : ses expressions hallucinées, son regard de chien battu, son petite sourire en coin séducteur. S'essayant, par exemple avec May ou Brokeback Mountain, à des films plus durs, plus froids, Anna Faris possède cependant un goût piquant et hyper-actif pour l'humour potache, s'amusant à loisir de son statut de belle potiche.

Dans Observe and Report elle campe une jolie poupée dézinguée et déprimée, totalement ivre au moment de son flirt avec le personnage de Seth Rogen. Tantôt gentille idiote, tantôt folle furieuse, la naïveté des personnages d'Anna Faris l'enferme dans une bulle d'où elle ne peut voir le mal qui l'entoure. Pantin droguée et sidérante dans Smiley Face, l'actrice dévoile l'un de ses talents comiques les plus admirables, proche du burlesque et du cinéma muet, où une simple posture et un sourire élargi suffisent à provoquer le rire. Dans Super Blonde elle reprend ce côté gauche et insouciant, devenue playmate en charge d'une fraternité d'étudiantes dont elle devra révéler les charmes, et trouve le compromis parfait entre frivolité et bouffonnerie.


Marilyne de comptoir extrait de Super Blonde

Transfuge de la télévision, comme beaucoup de ses petites camarades, Tina Fey s'est fait connaître par son imitation mordante de Sarah Palin. Star de la série 30 rock dans laquelle elle incarne son troublant reflet, une scénariste de télévision espiègle et nerveuse, elle s'épanouit hors du carcan télévisuel en 2004, tout d'abord, en écrivant et participant à Lolita malgré moi, comédie sur les moeurs lycéennes où brille la jeune Lindsay Lohan.

Elle enchaîne les rôles depuis 2008, tout d'abord dans Baby Mama, de Michael McCullers, puis The Invention of Lying du géant de la comédie anglaise Ricky Gervais (le créateur de la série originale The Office). Elle retrouve d'ailleurs l'acteur principal de The Office version américaine, Steve Carell, pour Crazy Night. Duo rêvé d'acteurs les plus awkards de la nouvelle comédie américaine des années 2000, Steve Carell et Tina Fey incarnent à merveille l'étendard comique d'une nouvelle génération maladroite et à fleur de peau, enfermée dans son image d'inadaptée social.


C'est Will.I.Am. De Fergie. extrait de Crazy Night

Autre débauchée du Saturday Night Live, Amy Poehler, compagne de Will Arnett qu'elle accompagne dans des films comme Les Rois du patin, a une assurance et un franc-parler détonnant. Actrice principale de la série Parks and Recreations depuis trois saisons, les apparitions d'Amy Poehler se résument encore à de petits rôles, comme dans Southland Tales par exemple.

On pouvait la retrouver en 2008 dans l'un de ses rôles les plus importants, aux côtés de Tina Fey justement, pour Baby Mama. Tina Fey y incarnait encore une fois une business-woman accaparée par son travail et rattrapée par la vie, espérant devenir mère mais se découvrant stérile. Amy Poehler est elle terriblement directe en mère porteuse rustre, agressive, acerbe, dans une constante et tordante provocation.


Chewing-gum extrait de Baby mama

Le cas qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui est celui de Kristen Wiig, elle aussi actrice renommée du Saturday Night Live, habituée des productions Apatow pour des apparitions fugaces mais marquantes. Elle apparaît dans Sans Sarah rien ne va ! ou encore Adventureland, où elle incarne la directrice du parc d'attractions aux côtés de Bill Hader, ainsi que dans Paul dernièrement, où sa rencontre avec l'extraterrestre susnommé va bouleverser sa vie de pieté et d'abstinence.

Produit par Judd Apatow et réalisé par son comparse Paul Feig, avec qui il avait créé Freaks and Geeks, Bridesmaids se targue d'être une comédie féminine pionnière, aussi drôle et insolente que ses grands frères, mais d'une douceur et d'une perspicacité, d'une nervosité parfois aussi, toute féminine. Comme le Superbad d'autrefois, écrit par Seth Rogen et Evan Goldberg durant leur prime jeunesse, c'est Kristen Wiig qui officie à l'écriture de Bridesmaids aux côtés de son amie Annie Mumolo.


T'as un truc coincé dans les dents extrait de Mes meilleures amies

Alors que son amie de toujours Liliane (Maya Rudolph) doit se marier, Annie (Kristen Wiig donc) se voit confier la tâche la plus difficile qui soit : organiser un mariage parfait, de l'enterrement de vie de jeune fille à la cérémonie, et rendre l'événement inoubliable. C'était sans compter sur le personnage de Rose Byrne (Insidious ou encore American Trip), nouvelle meilleure amie auto-déclarée de Liliane, guindée et perfectionniste, qui fera tout pour qu'Annie n'intervienne pas dans l'élaboration du mariage. Un casting de haute-volée complété par Ellie Kemper, croisée dans The Office, mais aussi Wendi McLendon-Covey et la tonitruante Melissa McCarthy. Sans oublier les quelques rôles masculins : Chris O'Dowd, en flic moustachu et maladroit, mais également le Jon Hamm de Mad Men, en beau crétin suffisant.

Bridesmaids renoue avec les premières productions Apatow, 40 ans toujours puceau, parce que se détournant de la mélancolie parfois atone d'un Funny People pour entrer les deux pieds dans l'humour vache, parfois vulgaire, mais toujours distillé avec la précaution nécessaire. Plus que l'épopée d'une bande de filles réunies par une quête impossible, Bridesmaids s'attarde avec amertume sur le parcours de deux amies inévitablement séparées par la vie, inquiètes à l'idée de vieillir dans des directions différentes. Retravaillant cette thématique adolescente (on ne peut pas ne pas avoir Superbad en tête) avec minutie, Bridesmaids sait jouer de sa plastique mais aussi de son verbe haut pour se hisser au-dessus de la masse des comédies, quels que soient leur genre ou leur sexe.

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5 commentaires
  • juliendg
    commentaire modéré Je suis tellement nul en comédies que je n'ai vu aucun des films mentionnés dans tout cette article. Such a shame.
    5 juillet 2011 Voir la discussion...
  • IMtheRookie
    commentaire modéré @juliendg OK alors Superbad ce soir c'est une urgence !
    5 juillet 2011 Voir la discussion...
  • bonnemort
    commentaire modéré C'est impératif oui.
    5 juillet 2011 Voir la discussion...
  • mariep
    commentaire modéré Non mais au moins les apatow quoi...
    5 juillet 2011 Voir la discussion...
  • Brazilover
    commentaire modéré J'ai du voir toutes les productions Apatow,j'attends avec impatience Bridesmaids et très bon dossier:
    5 juillet 2011 Voir la discussion...
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