Quels biopics pour les personnalités préférées des Français ?
Ne laissons pas aux Etats-Unis le monopole du biopic, genre encore sous-exploité en France alors que les personnalités dignes d’intérêt ne manquent pas ! Elles sont là, à portée de main, dans le classement annuel publié par le Journal du Dimanche. Un producteur, sous couvert d'anonymat - il est très important - a sorti de ses cartons ses projets les plus prometteurs et répond, sans langue de bois, à notre question : qui parmi les chouchous des Français donneraient naissance aux meilleurs films et sur la base de quoi ? Ce qu'il dit va vous choquer.
Yannick Noah
Les dents du bonheur. « Noah, il faut le mettre en scène comme le Mohammed Ali français : du talent sportif, de la présence quand il ouvre sa gueule, une conscience politique prononcée qui fait qu’il n’hésite pas à menacer de s’installer à New-York en cas de sarkozysme prolongé. C'est un homme à femmes – comme Ali – et une star, bigger than life, sur le court et sur la scène d’un zénith. Pour le film, je vois bien un début à la Walk The Line, quand Joaquin Phoenix attend de monter sur scène, pendant que les détenus de la prison de Folsom exultent. Il faut faire pareil, sauf qu’on ne sait pas si Yannick s’apprête à entrer sur le court pour remporter Roland Garros ou à faire un concert. Suspense... Attention, il faut éviter l’hagiographie, et mettre du piquant. De la liberté. Quitte à choquer. Tu as écouté Saga Africa récemment ? Une chanson qui commence par « Hey là, le type-là / Oui oui, petit blanc » ne peut pas être innocente. « Attention les secousses » : tu ne peux pas dire que le mec n’annonce pas la couleur.
Le casting. « Vanessa Paradis. On peut pas faire Les dents du bonheur, sans dents du bonheur : c'est dans le titre ! T'as pas de dents, t'as pas de film ! Et qui d'autre que Paradis pour ça ? Ce sera son Tchao Pantin, son Tonnerre sous les tropiques, son Agathe Cléry, son Ali par Michael Mann parce qu’il lui faudra se muscler. Et Guillaume Gallienne en Henri Leconte ».
Jean-Pierre Pernaut
Personne ne court après l'homme-tronc. « Tu as vu son coup de gueule sur Twitter au moment de la tuerie à Charlie, quand il a envoyé chier un type qui se moquait de lui ? Le mec est en souffrance, une souffrance d’autant plus belle qu’elle est tue. Elle est dans les jambes, sous le bureau, hors-champ. A 13h, tous les jours, il est là pour dire qu’il y a encore de la beauté en France, alors que lui-même n’y croit pas forcément. Mais il s’accroche. C’est ça que le public doit découvrir : cette face cachée, entre deux reportages sur l’Opinel et sur les raboteurs du Jura. Pernaut a siégé au conseil d’administration de TF1 en tant que représentant CFTC, il a co-écrit pour le théâtre ce brûlot qu’est Piège à Matignon, il fait un rallye sur glace chaque année : c’est un enragé. On doit voir que vingt ans de muselière ne l’empêche pas de mordre ».
Le casting. « Gilles Lellouche. Tu le rases, tu lui mets des lunettes : c'est Pernaut. Pas entièrement, mais au moins, le costume lui va bien. Et sur ce film, le costard fait le personnage. En plus, Lellouche, il peut t'en coller une à n'importe quel moment, ça bouillonne et c'est franchouillard, mi frères Dardenne-mi Fabien Onteniente. Et Guillaume Gallienne en PPDA ».
Francis Cabrel
L’homme d’Astaffort. « Tu sais quoi de Cabrel ? Rien ? Moi non plus. Shakira reprend ses chansons et le gars, on ne sait rien de lui ! Le seul truc dont on est sûr, c’est qu’il vit à Astaffort, dans le Lot-et-Garonne. Et c’est de là qu’il faut partir. On fait le portrait de Francis à travers ceux qui le croisent tous les jours, quand il descend en chaussons pour aller chercher son pain. Je rêve de kaléidoscopique, d'un truc quelque part entre Etre et avoir, le docu de Philibert, pour la campagne et la rusticité, et I’m Not There, le biopic chelou sur Bob Dylan. On part sur de l’arty : Un Certain Regard à Cannes et un ou deux César, une couv’ de Télérama, mais un passage sur le canapé de Michel Drucker est envisageable ».
Le casting. « C’est pas un acteur qu’il nous faut, c’est un réalisateur : Werner Herzog. S’il peut filmer des ours à Pétaouchnok, il peut aller filmer dans le Lot-et-Garonne ! En plus, dans sa tête, Cabrel reste moustachu, comme Gérard Jugnot, Michel Blanc ou Werner Herzog, justement. Qui peut jouer Cabrel pour certaines prises. Et Guillaume Gallienne en guitare acoustique ».
Stéphane Bern
C'est Versailles dans ma tête. « Stéphane Bern, tu le vois, tu te dis qu’il est doux comme un mouton. Tu as envie de passer ta main dans ses cheveux et de le faire glousser. Dans son film, il faut de la candeur, du chic et une petite langue de vipère qui sort de temps à autre. Et des étoiles dans les yeux. Stéphane, c’est l’ado qui était hôte d’accueil au château de Versailles, le premier à écraser une larme au mariage de Guillaume de Luxembourg et de Stéphanie de Lannoy. Ce n’est pas l’homme qui voulut être roi, mais l’homme qui rêvait des rois. Et vu que la série avec les dragons tout nus cartonne, on peut faire pareil et ajouter des intrigues de cour à son histoire. Impossible que Bern n’ait pas étouffé un scandale, au moins une fois dans sa vie. Aux scénaristes de trouver lequel. Ou de l’inventer. Mais pas en cherchant du côté de Monaco, parce que depuis Grace, c’est mort là-bas ».
Le casting. « On est en plein dans le cheveu. Davantage, on serait chez Jean-Claude Biguine. Il nous faut du moutonneux, du réconfortant, du distingué : Guillaume Gallienne. Et aussi Guillaume Gallienne dans le rôle de Guillaume Gallienne qui serait invité à l’émission radio de Bern. Mise en abyme, vertige de l’interprétation et des médias : on laissera Les Cahiers du Cinéma se démerder avec ça ».
Nolween Leroy
Kenavo, étoile de mer !. « Le régionalisme, ça marche. Un disque de marins du Plabénec ? Banco. Un film sur les ch’tis ? Banco. Un biopic sur Nolween, c’est double banco : de la bretonnitude et un beau portrait de femme. En plus, c’est une citoyenne du monde : elle a fait le Mali, les Etats-Unis, mais toujours elle est revenue à sa Bretagne natale. Son film doit être un voyage intérieur : elle parcourt le monde pour mieux se trouver. J’imagine le film comme une échappé belle : loin des feux de la rampe, Nolween s’échappe pour faire de la pêche à pieds, un jour de marée basse, et elle rencontre un vieil homme qui ne sait rien d’elle. Et à un moment, elle trouverait dans son sac un exemplaire du Vieil homme et la mer, pour montrer aux spectateurs qu’on a saisi le truc et qu’on les prend pas pour des cons… Le temps d’un week-end, se noue entre eux une belle relation, quasiment père-fille, qui nous permet de découvrir Nolween au naturel, telle qu’elle est, une enfant toujours en quête de cette figure paternelle qui préféra les terrains de foot, à la vie de famille (son père a été champion de D2 avec le Stade Brestois) ».
Le casting. « Astrid Bergès-Frisbey. Nolween Leroy joue le rôle d'une sirène dans son clip Sixième continent ; Astrid a le même rôle dans Pirates des Caraïbes 4 : ça crée des liens. Elles sont en phase. Je suis sûr qu’elles pourraient devenir amies dans la vie. Et Guillaume Gallienne dans le rôle du vieil homme».
Mylène Farmer
Redhead Everywhere. « Impossible de le faire sans coproduction européenne. Mylène Farmer, c’est du spectaculaire. Si on ne peut pas montrer Bercy bondé pour un grand spectacle son et lumière, avec un hélicoptère, 50 danseuses et un lama, c’est pas la peine, on fait un biopic sur Maurane à la place. Je veux du strass, de la paillette, et rien d’autre ou presque. C’est comme si on faisait un biopic d’Anna Wintour ou du personnage de Meryl Streep dans Le diable s’habille en Prada : il faut jouer sur la fascination exercée par une femme qui jamais ne sort de son rôle, au point que tu ne peux même pas l’imaginer en train de manger un kebab tellement c’est un truc commun. Ca transformera les zones d’ombres en véritables trous noirs qui aspireront la pensée du spectateur et les petite fêlures, en failles sismiques ».
Le casting. « Madonna. Seule une star qui sait comme c'est douloureux et humiliant de se casser la figure peut jouer une star qui a connu la douleur et l'humiliation de se casser la figure. Pour la convaincre, on lui dira que c'est la suite d'Evita. Et Guillaume Gallienne en Alizée ».
Nicolas Hulot
Petit homme vert. « Moins polémique que Brigitte Bardot et plus célèbre qu’Alain Bougrain-Dubourg : c’est le seul défenseur de la nature dont on peut faire le biopic en France. Mais il faut jouer sur le côté risque-tout. Les tournages d’Ushuaïa, c'était l'enfer. Morsure de murène, ULM en panne en plein ciel, attaque de lapins sauvages, chiure de pigeons : Hulot a tout traversé, au péril de sa vie. On doit voir l’aventurier, puis l’homme engagé. Un film en deux temps. Voire deux films, comme pour Mesrine. Avec une course-poursuite après des braconniers, dans la savane, en point d’orgue ».
Le casting. « Le Dr Spock. Pas Leonard Nimoy - c'est trop tard malheureusement - le Dr Spock. Il faut le mettre en scène comme un extraterrestre, un "téléphone maison" qui vient d'ailleurs et se montre capable, plus que nous, de célébrer la beauté de la Terre. C'est pas pour rien que son grand-père a inspiré à Tati son lunaire M. Hulot. Et Guillaume Gallienne en léopard des neiges ».
Florent Pagny
Y a pas de larmes dans mes yeux. « Florent, c’est le bad boy de la chanson française. Il sent le souffre, mais sous le souffre, il y a du sucre. Et sous ce sucre, encore du souffre. Et sous ce souffre, je sais pas. C’est dire s’il y a à creuser... Les gens regardent The Voice. Ils connaissent le professionnel rigoureux, mais pas l’homme. Tu l’as vu pleurer dans la dernière émission ? Hé ben non, tu vois rien. Il est comme ça, Florent. Il garde tout pour lui. C’est à l’intérieur, pour se protéger. Chanter du Luis Mariano sur des podiums à 13 ans, galérer seul à Paris à même pas 16 ans, rompre avec Vanessa Paradis à 20 piges, chanter contre la drogue, contre la presse à scandale, contre l’URSSAF, contre les barytons, contre la vieillesse : c’est un cabossé de la vie Pagny, mais toujours en mode Stéphane Hessel ».
Le casting. « Nicolas Cage. Et pas seulement pour le délire capillaire. Il faut du dark, du mystère, du tourmenté, du sex appeal aussi et de l’exotisme. Cage vit aux States, Pagny en Argentine : c’est pareil, c’est de l’autre côté de l’océan. Et Guillaume Gallienne en Vanessa Paradis ».
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Tonymarques9 mars 2015 Voir la discussion...
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cath449 mars 2015 Voir la discussion...
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ProfilSupprime27 mai 2020 Voir la discussion...
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wham19789 mars 2015 Voir la discussion...
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PatateMasquee10 mars 2015 Voir la discussion...