Come quietly or there will be... trouble.

Robocop : pourquoi ce n'est plus de la science-fiction

Dossier | Par Arnaud Desfontaines | Le 5 février 2014 à 17h38

Tandis que Robocop sort aujourd'hui 5 février dans les salles hexagonales, un comparatif avec le film original de Paul Verhoeven s'impose. Force est de constater que le contexte a sensiblement évolué. Si en 1987, Robocop pouvait se vanter d'être technologiquement avant-gardiste, plus d'un quart de siècle plus tard ce n'est plus la même affaire. La technologie à l'oeuvre dans Robocop est-elle aujourd'hui à notre portée ?

Faire son propre Robocop ? Mais bien sûr ! De la colle, de la tôle froissée et le tour est joué ! L'idée peut paraître saugrenue mais allez, soyons fous. Alors regardons de quoi nous aurions besoin pour créer notre Robocop.

Les prothèses de bras, mains et doigts

Il y a fort à parier que la plupart des muscles d'Alex Murphy ont été brûlés ou détruits dans son accident. Robocop, lui, doit pouvoir marcher et se servir de ses bras d'une façon un minimum fluide et précise. Il n'est pas difficile de donner l'illusion que quelqu'un dispose d'un bras alors qu'il est amputé. C'est assez simple et relativement peu coûteux. Cependant, la science a rapidement cherché à rendre les prothèses fonctionnelles pour qu'elles puissent réellement remplacer les fonctions des doigts, mains et bras.

Aujourd'hui, où en est-on ? Ces prothèses fonctionnelles des mains, des doigts ou des bras, puisque ce sont les prothèses qui se doivent d'être les plus précises, peuvent être activées par exemple par une commande ou un clavier. Mais pas seulement. Depuis quelques années maintenant, les chercheurs branchent directement les capteurs sensitifs de la prothèse sur les muscles et les terminaisons nerveuses. Ce qui permet de reproduire les mouvements du quotidien : les patients peuvent taper à l'ordinateur, prendre un verre, s'habiller... uniquement par la pensée. On appelle cela les prothèses myoélectriques. Leur prix peut aller de 10 000 dollars jusqu'à 80 ou 100 000 dollars. C'est cher mais de plus en plus de solutions existent et la démocratisation de l'imprimante 3D permet de faire baisser les prix de façon drastique pour un résultat similaire. Ainsi, certaines options pourraient permettre d'obtenir une prothèse myoélectrique ou fonctionnelle pour un prix aux alentours de 150 dollars. La précision et l'amélioration des mouvements évoluent elles aussi très vite et des découvertes sont faites très régulièrement.

Ce qui est déjà sûr c'est qu'en terme de possibilités et de précision des mouvements, nous avons déjà dépassé le Robocop de Paul Verhoeven...

Les prothèses de jambes

Les amputés des jambes souffrent de problème différents mais pas moindre pour autant. Il était déjà possible dans les années 90 de faire marcher un amputé de la guerre du Vietnam comme le montre le film Forrest Gump avec le Lieutenant Dan Taylor. Robocop aurait donc probablement déjà pu marcher, certes lentement et difficilement dans les années 90.

Aujourd'hui, les choses ont grandement évolué. Durant les JO de 2012, et pour la première fois, un amputé des deux jambes a participé au 400 mètres et au relais 4 fois 400 mètres. Attention, on ne parle pas des jeux paralympiques, mais bien des jeux olympiques. Oscar Pistorius, puisque c'est son nom, dispose de deux prothèses en fibre de carbone qui lui ont permis de concourir et Oscar leur doit son surnom de Blade Runner. Comme quoi la science fiction n'a jamais été aussi proche ! Pour la première fois aussi, l'Association Internationale des fédérations d'athlétisme s'est posé la question des performances de ces prothèses. Ainsi, l'idée que ces prothèses ne puissent pas seulement avoir une utilité thérapeutique mais augmentent aussi notablement les performances d'Oscar a été envisagé. Vous ne nous croyez pas ? Eh ! C'est France Culture qui le dit.

Un Robocop de 2014 pourrait alors courir plus vite, plus longtemps qu'un être humain normal ? Eh bien très probablement, oui !

Les organes artificiels

Ce qui risque le plus directement de tuer notre Alex Murphy après un tel traumatisme (il a quand même survécu à l'explosion de sa voiture), c'est en premier lieu l'hémorragie et en second lieu, le dysfonctionnement de ses organes vitaux. Les hôpitaux disposent aujourd'hui de grandes quantités de sang même si certains groupes sanguins posent parfois problème. Mais si un coeur, un foie ou un poumon sont endommagés, le problème devient encore plus compliqué. Bien sûr, il y a les greffes mais Alex ne pourra sans doute pas attendre plusieurs mois qu'un autre accident de la route puisse lui permettre de disposer d'un nouveau coeur. Les choses iront d'ailleurs plutôt dans l'autre sens. Voyant que son coeur est en bouillie, les médecins demanderont probablement à sa femme s'il peuvent prélever ses organes pour sauver d'autres vies.

Les organes artificiels sont aujourd'hui utilisés principalement comme solution temporaire en attente d'une greffe et sont la plupart du temps situé hors du corps. C'est le cas du dialyseur ou du coeur-poumon artificiel. De la même façon, les pacemaker sont des stimulateurs cardiaques cette fois à l'intérieur du corps.

Seulement, dans certains cas, et les applications commencent tout juste, un organe artificiel peut totalement se substituer à un organe originel. Ainsi, une trentaine de personnes vivent aujourd'hui avec des vessies bio-artificielles, cultivées à partir des cellules des patients eux-mêmes. Des scientifiques de Caroline du Nord ont aussi pu créer un morceau de foie humain parfaitement fonctionnel en laboratoire. Dans les labos de l'université du Minnesota, on a pu recréer un coeur de rat capable de battre et dans le Michigan, des tests sur des moutons avec des reins artificiels ont été couronnés de succès. Quelqu'un a demandé la source ?

Enfin, il est à noter que le premier coeur artificiel de la société Carmat a été greffé à un patient le 18 décembre dernier. Ce coeur se substitue totalement au coeur d'origine et remplace ses fonctions. Même si son prix est aujourd'hui énorme (250 000 euros), les investisseurs s'estiment satisfaits et les économies faites en terme de traitement du malade sont conséquentes. Check that !

Dans cette discipline là, nous serions donc encore un peu en retard par rapport au futur imaginé par Paul Verhoeven. Nous n'en sommes pas si loin pour autant.

Robocop ou pas cop ?

Résultats des courses. Eh bien, hormis quelques retards qui seront très probablement corrigés d'ici un ou deux ans, nous serions tout à fait capables aujourd'hui de créer Robocop. On peut donc se poser la question : est-il vraiment légitime de faire un nouveau film Robocop, si celui-ci traite de quelque chose qui n'est justement plus de la science fiction ?


Campagne pour "Sarif Industries" par LeNouvelObservateur

Et surtout, la science fiction d'il y a 27 ans est aujourd'hui d'actualité. Paul Verhoeven avouait lui même qu'il situait son histoire dans un futur proche, quelles autres chimères de science-fiction aurons-nous atteint d'ici un autre quart de siècle ? Le jeu vidéo Deus Ex Human Revolution traite des problèmes hypothétiques que nous pourrions rencontrer à ce sujet. Il se situe en 2027 où l'augmentation humaine, le fait d'améliorer les performances du corps humain, est la préoccupation centrale. Problèmes sociaux, philosophiques et droits des entreprises sur le corps humain sont engendrés par cette technologie pourtant à l'origine destinée à soigner des handicaps. Son game director, Jean François Dugas, n'hésite d'ailleurs pas à dire ?J'ai hâte d'être en 2027 pour voir à quel point nous ne sommes pas allés assez loin avec Deus Ex.?


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2 commentaires
  • LaGrandeIllusion
    commentaire modéré Pour garder le côté SF et artificiel, le Robocop moderne devrait peut-être être l'intégration de la conscience humaine de Murphy dans un ordinateur! Un humain ayant la puissance de contrôler instantanément tout le réseau informatique... Great Cop and Very Dangerous Bad Guy
    5 février 2014 Voir la discussion...
  • Maxim
    commentaire modéré Je croyais que vous alliez parler de l'évolution du processus de contrôle policier, et en quoi ce n'est plus de la science fiction de surbooster technologiquement et biologiquement le dispositif répressif.
    11 février 2014 Voir la discussion...
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