2001, L'Odyssée de l'espace : le mystère enfin percé ?
Un enregistrement inédit révèle le sens que Stanley Kubrick attribuait à la scène finale de 2001. L'occasion de le découvrir (si vous ne l'avez pas vu) et d'en discuter dans les commentaires.
Monolithe impénétrable et transfixiant pour les uns, cénotaphe mangé par la mousse pour les autres, 2001 trône sur le cinéma depuis un demi-siècle maintenant, sans arme, ni haine, ni violence : on vit, on disparaît et le mystère demeure, quelque lumière qu’on voudrait bien y apporter. Du moins c’est ce qu’on pensait jusqu’à aujourd’hui. Pas spécialement loquace de son vivant, mort avant même la sortie de son ultime chef-d’œuvre, il semblerait que Kubrick nous a joué un dernier tour du haut de l’infini, avec une révélation pour le moins spectaculaire. Pour mémoire, la plus célèbre des odyssées métaphysiques se terminait par un final merveilleursement sibyllin : une embardée psychédélique, une chambre au vert douteux, un vieillard sur son lit de mort, le doigt pointé vers un fœtus nimbé de lumière… Ainsi Parlait Zarathoustra. Rideau. Pour le service après vente, il fallait se débrouiller tout seul (attention, l'extrait dévoile la dernière scène du film) :
La Voix de son maître
Mais voilà que, surgi de nulle part, un document semble révéler les intentions du maître : chacun pensait le fin mot de l’histoire éternellement enfoui avec Kubrick au manoir de Childwickbury, mais un documentaire exceptionnel a mystérieusement reparu sur Youtube alors même qu’il n’avait jamais été distribué. On y voit (ou plutôt on y entend) le cinéaste s’expliquer sur la célèbre scène avec le documentariste Jun’ichi Yaoi :
“J’ai essayé d’éviter d’en parler depuis la sortie du film. Quand on les dit, les idées semblent stupides, alors que si on les montre à l’écran les gens les ressentent. Mais je vais essayer : il est enlevé par des entités semblables à des dieux, des créatures d’énergie et d’intelligence pures, sans contours ni forme. Ils le mettent dans ce qu’on pourrait décrire comme un zoo humain pour l’étudier, et toute sa vie se déroule par la suite dans cette pièce. Il ne ressent pas le passage du temps. De son point de vue, tout semble se dérouler tel que montré dans le film. Ils ont choisi cette pièce, une réplique (délibérément) inexacte de l’architecture française, parce qu’ils imaginaient que c’est ce qu’il pourrait trouver beau, sans en être certains. De la même façon que dans les zoos, nous ne sommes pas surs de la façon dont nous devrions reproduire l’environnement naturel des animaux. Quand ils en ont fini avec lui, comme c’est le cas dans tes tas de mythes de toutes les cultures à travers le monde, il est transformé en une sorte d’être supérieur et renvoyé sur Terre. Il est devenu une sorte de super-héros. On ne peut qu’imaginer ce qui se passera quand il rentrera. C’est le modèle de nombreuses histoires mythologiques, et c’est qu’on tentait de suggérer.”
Malin génie
De fait, l’hypothèse du « malin génie » chère à Descartes est séduisante intellectuellement (et par ailleurs, assez proche du livre), mais faut-il s’y restreindre ? En plaçant le film du côté de la pure science-fiction et du mythe (et des extra-terrestres), la parabole métaphysique et existentielle ne s'en trouve-t-elle pas ternie ?
Sans doute devrions-nous plutôt y voir un simple élargissement du champ des (déjà) nombreuses hypothèses. Après tout, cette soudaine révélation a tout pour provoquer de multiples questionnements : pourquoi le bien secret Kubrick se résoudrait-il à faire cette déclaration ? Et pourquoi encore en publier l'enregistrement aujourd’hui seulement, quelques quarante ans après ? Et d'abord, est-ce bien sa voix au téléphone ? De quoi nourrir une belle petite paranoïa, de celle qui faisait notre joie en 2013, rappelez-vous, ça s’appelait Room 237.
Et vous, quelle importance accordez-vous à cette "révélation" ?
D'ailleurs mon vrai sentiment à ce propos, c'est que HAL est plus vraisemblablement Kubrick lui-même ou en tout cas un observateur affligé