Le Hobbit peut-il avoir plus de succès que Le Seigneur des Anneaux ?
A moins de vivre en ermite dans un bunker à stocker des boites de conserves en vue de la fin imminente du monde (vite, il reste encore des places à Moscou !), impossible d'avoir échappé à la déferlante The Hobbit. Événement cinématographique planétaire sorti mercredi dernier dans nos contrées verdoyantes, le film de Peter Jackson fait d'ores et déjà pleuvoir les records et les billets verts. Si d'aucun ne doutait de son succès cousu de fil d'or, la nouvelle épopée tirée de l'univers de JRR Tolkien fait face à une concurrence féroce : la trilogie du Seigneur des Anneaux, dont il est le prequel.
Appelons-ça le syndrome Star Wars, ou comment ouvrir son (massif) bouquin à la dernière page et dérouler l'histoire à l'envers. Question de logique ou de point de vue. Bon certes, Star Wars n'est nullement l'adaptation d'une oeuvre titanesque qui porte sur ses épaules un genre à lui tout seul comme Le Seigneur des Anneaux, mais tout de même. Une double trilogie cinématographique, une immersion grandiose dans un univers frappant l'imaginaire des spectateurs, un certain don pour le manichéisme et deux réalisateurs avec une barbe démentielle : trop de coïncidences pour ne pas rapprocher deux des sagas les plus populaires du 7ème art.
Comme George Lucas, Peter Jackson a donc doublé la mise en signant une prélogie, onze ans après le début de son épopée en Terre du Milieu. Et comme lui, la comparaison est inévitable entre les 3 premiers films et les suivants. Le Hobbit a-t-il les armes nécessaires pour supplanter le Seigneur des Anneaux dans le coeur et le porte-monnaie des fans ?
Un anneau pour les enrichir tous
The Hobbit a connu une genèse compliquée, aussi sombre et torturée que le périple de la communauté pour détruire l'anneau. En 1995, Peter Jackson envisageait déjà d'adapter le livre de Tolkien au cinéma. Son projet, sans arrêt interrompu par des problèmes judiciaires ou de tournage, aura mis plus de quinze ans à voir le jour, d'où sa réputation de film « maudit ».
A ce titre, et avec les millions de dollars injectés dans le vorace projet, Warner Bros n'a pas lésiné sur les moyens pour promouvoir son hit de l'année. Depuis un an, un gigantesque marketing virale s'est chargée d'attirer la curiosité du public jusqu'au D-Day. On se souvient, par exemple, de la station de métro Auber à Paris rhabillée en Hobbitebourg. En plus de diffuser pléiade de bandes-annonces, photos promotionnelles et spots TV, le site web officiel proposait en permanence des contenus exclusifs, des mini-jeux concours, des quizz sur Tolkien flattant l'âme des mordus d'heroic-fantasy et surtout, ces making-of du tournage réalisés par Peter Jackson himself. De véritables pépites pour les accrocs à la saga, où le cinéaste néo-zélandais invitait à découvrir l'envers passionnant du décor, avec visites des plateaux, rencontres avec les maquilleurs, les costumiers et bien sûr les acteurs principaux du Hobbit.
Car c'est là l'un des points forts de la nouvelle trilogie : l'ancienne est déjà passée par-là ! Et dans son sillon, elle a ravi le coeur de millions de spectateurs, raflé 17 oscars et créé un véritable culte parmi les fans d'heroic fantasy. C'est donc en terrain conquis d'avance que s'avancent le casanier Bilbon et ses pieds poilus pour son voyage très (trop ?) attendu.
La machine est savamment huilée et les premiers chiffres du box-office sont unanimes : Bilbo est un succès en or massif. Pour son premier week-end, le film a engendré 223 M$ dans le monde, soit le quatrième meilleur démarrage de l'année, derrière Avengers, Twilight 5 et The Dark Knight Rises. Sur le parc américain, il a récolté 37,5 M$ le vendredi de sa sortie, soit le record du meilleur jour de démarrage pour le mois de décembre. Sur trois jours, il a gagné 84,7M$, soit le meilleur week-end de démarrage de décembre, devant Je suis une légende. Il double ainsi le score de la Communauté de l'anneau, qui avait démarré à 47,2 M$ en décembre 2001. Et surclasse Le Retour du roi et son démarrage à 72,6 M$ en décembre 2003. Soit le meilleur démarrage de la franchise du Seigneur des Anneaux...
Sans se soucier du bouche à oreille, la solide fanbase s'est ruée dans les salles. Suffisant pour égaler les 1 milliard et 119 millions de dollars cumulés par du Retour du roi en fin de parcours ? Pas inenvisageable, puisque le Hobbit possède un autre atout dans sa manche : la 3D. Le relief est utilisé pour la toute première fois dans la saga de Peter Jackson et pourrait ainsi permettre à ce nouveau volet d'atteindre les sommets du box-office (qui intègre sans ses comptes le prix des lunettes). Sur les 5 plus gros succès de tous les temps, tous sont sortis en relief (même si la ressortie 3D de Titanic est plutôt marginale dans son succès). Un signe qui ne trompe pas sur le potentiel économique d'un procédé que beaucoup considèrent pourtant comme accessoire, peut-être à tort.
Un anneau pour les faire rêver tous
La vraie force du Hobbit réside dans son essence même, l'oeuvre de Tolkien. The Hobbit est un conte pour enfants. Un voyage initiatique et enchanteur sur un trésor gardé par un dragon, écrit par un père pour son fils, de quelques 300 pages qui font pâle figure face aux 1500 feuilles denses du Seigneur des anneaux. Clairement, cet aspect grand public émane à travers le premier segment du voyage de Bilbo. The Hobbit est un pur divertissement, magique, tourbillonnant, mais aux accents plus chaleureux comme le terrier bien douillet de Cul-de-Sac. Les 13 nains sont les principaux artisans des effusions d'humour qui parsèment une grande partie du film, et le filtre bleuté utilisé pour mieux soutenir la tonalité dramatique de La Communauté de l'anneau s'est évaporé au profit de décors chatoyants et lumineux, comme une frontière graphique entre les deux trilogies. Définitivement, The Hobbit n'est pas Le Seigneur des anneaux.
Dans les séquences souterraines, la Communauté de l'anneau (vignette du haut) utilise des tons sombres et des lumières désaturées là où le Hobbit (vignette du bas) privilégie les teintes vives et chaleureuses.
La nouvelle trilogie s'offre ainsi une cible plus large pour asseoir son triomphe. Il s'adresse aux petits ébaubis devant tant de féerie visuelle, à l'enfant qui sommeille en nous et à l'adulte, cinéphile ou passionné de fantasy, désireux de replonger dans une épopée majestueuse. Il s'adresse aussi aux curieux, prêt à tenter la nouvelle expérience des 48 images par seconde (le débat sur le HFR, c'est ici).
Reste à savoir si le succès économique certain du film se conjuguera à l'estime et à la reconnaissance de ces mêmes spectateurs. Car au vu du support original, et si l'on reconnaît volontiers la virtuosité de Peter Jackson, les appréhensions subsistent. Comment le réalisateur néo-zélandais réussira-t-il à assurer trois films à partir d'une histoire qui tient dans un roman relativement peu épais sans sacrifier le récit de Tolkien à de pénibles longueurs ?
Du côté des puristes, l'aménagement de certains arcs narratifs (Galadriel présente dans Un voyage inattendu pour apporter une touche féminine, la future intrigue pioché des tomes du Seigneur des anneaux autour d'Evangeline Lilly aka l'elfe Tauriel) risquent d'être difficiles à avaler. Pour les fans de la première trilogie, le cadre enfantin et le manque de maturité se fera sentir. The Hobbit est magique, épique et tient ses promesses d'aventure, mais l'on frise parfois la désagréable sensation de déjà vu, la faute à un goût du nostalgique trop prononcé à base de schéma identique (un hobbit choisi par Gandalf pour une quête dangereuse, tiens tiens) et copier-collers de plans aériens. Même les somptueux paysages de Nouvelle-Zélande offrent peu de surprise. Contrairement au premier opus où chaque personnage apportait sa propre légende et composait cette curieuse mais ô combien passionnante communauté, c'est à peine si l'on connaît ici le nom de trois des treize nains.
Alors certes, une partie des défauts formulés ci-dessus est à mettre sur le compte de l'oeuvre littéraire. Il n'est du reste jamais aisé de lancer une trilogie cinématographique avec un premier épisode irréprochable (qui a crié Menace fantôme dans l'assistance ?). Toutefois, en comparant les notes Vodkaster, la lutte est serré entre les premiers épisodes de chaque trilogie, mais tourne légèrement à l'avantage de La Communauté de l'anneau.
Du côté du box-office en revanche, la saga Hobbit part plutôt très bien pour faire mieux que sa grande soeur. Avant de siffler le match nul, il faudra juger les deux suites à venir - La Désolation de Smaug en décembre 2013 puis Histoire d'un aller et retour en juillet 2014 - pour opérer une approche exhaustive des deux trilogies.
Bref, pour un tel budget, il fallait forcément un idée mercantile derrière la tête. Et je pense que si tout le monde transformait aussi bien chaque dollar en idée artistique à l'écran, il n'y aurait plus de place dans les salles.
P. Jackson ou JJ. Abrams (puisque tu le cites) ne dénaturent pas, ils transforment une histoire/univers/genre en un film avec toutes les restrictions et le changement de rythme que celà entraine. Le fait est qu'à mes yeux, le Star Trek de JJ. Abrams contient tout l'essence de l'univers de Star Trek, mais en concentré, et surtout en un bon film (que penser des vieilles "Séries Z" Star Trek alors?).
Le fait est que pour le moment, le film est bien meilleur que le bouquin. Car faudrait pas oublier que le bouquin est chiant mais surtout dénué pendant un bon moment de ce sentiment d'aventure que le film pourtant retranscrit avec brio.
Je prendrai si tu veux plusieurs exemples, le passage sur les trolls notamment, totalement fumeux dans le bouquin, bien meilleur en substance dans le film. J'ose à peine parler de l'humour, tellement c'est mal écrit dans le livre (avec l'intervention de Gandalf qui se fait passer pour les trolls et sème la zizanie). Il y'a aussi l'anticharisme (néologisme? lol) de Thorin dans le bouquin comparé à ce qu'on a dans le film... Ou encore, Azog, la scène de la reprise de la Moria... Enfin bref, c'est devant nos yeux, c'est du grand spectacle, on trépigne, on s'éclate.
Pitié, c'est une évidence que l'aspect vague du bouquin est utilisé à bon escient pour renforcer le côté épique dans le film et non pas pour pouvoir en rajouter pendant trois films. Y'a nettement plus de contenu dans le film que dans les mêmes passages du bouquin (sans oublier que Tolkien fait des raccourcis parfois farfelus, comme par exemple à Fondcombe).
Je pense sincèrement que P. Jackson est en train de dépoussiérer le monstre, sans le dénaturer mais en l'améliorant au contraire, et d'en faire du coup une meilleure oeuvre qu'à l'origine (j'avouerai à qui veut l'entendre que j'ai pas une grande estime de l'original).
Enfin, avec cette nouvelle trilogie, Jackson ouvre la porte à une adaptation tirée de la bible qu'est le Silmarillion, et surtout à adapter l'univers tout entier dans de nouvelles histoires sans l'ombre d'un Tolkien malade (et mort, enfin je crois... non? c'est une blague hein :D), peu enclin à finir ses oeuvres.
The Hobbit est pour moi (et ça reste mon avis) un énorme massacre, une prise de liberté qui va bien au delà de l'adaptation... adapter ne veut pas dire trahir et ce qu'à fait P. Jackson et son chiantissime film de 2h45, c'est une trahison, transformer un livre pour enfant qui oui possède des défauts mais qui n'est en rien chiant à lire en un gros blockbuster sans fantaisies, sans magie, sans véritable amour.
Le seul amour qu'il y a dans le film, c'est celui de la technique, mais pas du récit.
Pour ce qui est de Star Trek, avant de vouloir (surtout à moi) donner une leçon, regardez bien les séries et les films. De Star Trek, il n'y a que les noms des personnages et des lieux dans le film du tacheron qu'est JJ Abrams.
Star Trek, c'est de l'exploration, de l'aventure, des messages de paix, c'est la quête de la perfection, de la paix, en gros tout l'opposé du film d'Abrams qui n'est qu'une accumulation de tout ce qu'il y a de plus détestable dans le cinéma sf actuel, trop de cgi, des blagues/punchlines douteuses, un casting uniquement composé de bo'gosses et des explosions toute les 3 minutes.
Puis lol, "des vieilles séries Z" en parlant des vieux Star Trek, que ce soit TNG, DS9, Voyager ou encore Star Trek: the movie, First Contact ou Nemesis sont d'une qualité 1.000 fois supérieure à l'étron d'Abrams.
J'espère que le 25 décembre au matin vous trouverez de l'humilité et d bon gout au bas de votre sapin...
Ensuite, je ne comprends toujours pas les critiques qui émanent des fans d'oeuvres originales sur la fidélité ou non d'une adaptation, c'est lourd à la fin. Sur Star Trek, il est vrai que l'oeuvre d'Abrams n'a plus rien a voir avec les origines de la saga, on peut le critiquer, mais sur Le Hobbit, l'adaptation semble être fidèle.