Cannes 2014 - Jimmy's Hall de Ken Loach
La prime aux bons sentiments ? Jimmy's Hall est un Ken Loach tout doux, exagérément classique (et peut-être pas très mémorable) mais qui tient une place singulière et sans doute un peu salutaire dans la sélection de cette année.
À priori, l'habitué des grands festivals de cinéma a la rétine endurcie. Les violences physiques et morales sont nombreuses à l'écran et cette année n'a pas fait exception à la règle. On a pu voir entre autre une sodomie incestueuse et toutes autres sortes de sévices dans Loin de mon père, un couple caillassé dans Timbuktu, une variété de personnages défoncés au marteau dans Titli, des coups de couteau dans Relatos Salvajes et Lost River ou encore des tabassages en règle dans The Search, La Belle jeunesse ou The Tribe. Ce dernier contenant par ailleurs une scène de viol et une d'avortement artisanal chacune filmées en plan-séquence. On a pu voir du gore à la Quinzaine et à la Semaine, une jeune fille joliment déchiquetée dans It Follows ou des personnages s'adonnant au snuff movie dans Cold in July tandis que Tobe Hooper présentait la version restaurée de Massacre à la tronçonneuse. Et puis il y avait, pour compléter ce petit musée des horreurs, une vache, un rat, des chiens et des chèvres qui agonisent chez Sissako, Gosling, Bonello, Cronenberg et Kawase.
On s'étonne ainsi presque de tomber parfois sur un film qui vous accueille sans vous serrer la main trop fort. C'est le cas de Jimmy's Hall, le nouveau film de Ken Loach qui n'a pourtant, par le passé, pas été le dernier à filmer des scènes choc. Le film passe comme une friandise ou plus exactement une bonne pinte de bière fraiche. Début des années 30, de retour d'un exil de 10 ans aux Etats-Unis, Jimmy Gralton rentre dans une Irlande tout juste sortie de la guerre civile, pour aider sa mère à s'occuper de la ferme familiale. Encouragé par les jeunes gens du village, Jimmy décide de rouvrir le dancing, lieu de vie essentiel pour la communauté, où il est possible non seulement de danser mais aussi d'étudier et débattre. Les autorités politiques et religieuses vont vite s'opposer à la démarche progressiste de Jimmy et tout faire pour qu'il ferme boutique. Loach et Laverty sont ici dans leur jardin et signent un film modeste et assez optimiste montrant une jeunesse pleine d'espoir, des étoiles dans les yeux. Une respiration.
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Lyson25 mai 2014 Voir la discussion...