Ce weekend, une récompense pour Grace de Monaco ?

Quelles seront les stars des Emmy Awards 2015 ?

Festival / Récompenses | Par Chris Beney | Le 18 septembre 2015 à 16h55

Qui succèdera à Breaking Bad, Modern Family et Sherlock au palmarès des Emmy Awards, les récompenses de la télé américaine ? Grace de Monaco va-t-il enfin gagner quelque chose ? HBO sera-t-elle plus forte que tout ? Réponses dans la nuit de dimanche à lundi, et au petit matin sur notre site. La 67ème cérémonie du genre commence par le tapis rouge peu après minuit, avant l’entrée en scène de son présentateur, Andy Samberg (Brooklyn Nine-Nine), très bon dernièrement sur la scène des Oscars lors du numéro musical de La Grande aventure Lego. On s’attend à voir Mad Men consacré pour son ultime saison, mais la plupart des catégories restent ouvertes. La preuve : il n’y a plus six concurrentes en lice pour les prix des meilleures séries dramatique ou comique, comme chaque année, mais sept, afin de répondre à la hausse quantitative et qualitative de la production.

Le Microsoft Theater de Los Angeles accueille dimanche soir la 67ème cérémonie des Primetime Emmy Awards (les artistes et séries en lice sont là), censée célébrer les meilleurs programmes vus à la télévision américaine (networks, chaînes payantes, mais aussi Netflix ou Amazon) entre le 1er juin 2014 et le 31 mai 2015. Avec deux nouveautés : une augmentation du nombre de nommés dans les deux catégories reines (meilleure série comique et meilleure série dramatique) et un distinguo claire entre les deux. L’édition 2014 avait été marquée par une petite polémique quant aux critères supposés différencier la comédie de la tragédie (notamment parce que Orange Is The New Black s’était retrouvée dans la première). Pas de triage subjectif cette année, que de l’objectif : si vos épisodes font plus de 30 minutes, vous êtes une série dramatique ; si vos épisodes font moins, vous êtes comique. On vous laisse le soin de juger la pertinence de ce critère qui a le mérite de ne souffrir aucune discussion. Enfin, presque : des recours ont été déposés et acceptés, afin de permettre à Glee et Shameless d’être dans les rigolos plutôt qu’au milieu des tristounets.

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Parmi les récompensés, il y aura forcément des nouveaux. Au rayon des séries célébrées depuis quelques années mais n’ayant pas été récompensées à leur hauteur, Mad Men devrait sans mal succéder à Breaking Bad et offrir à Jon Hamm et Christina Hendricks des adieux à leurs personnages dignes de leurs noms. Pour Elisabeth Moss, ça s’annonce compliqué. Pour sa sixième citation à l'Emmy de la meilleure actrice dans une série dramatique (les 5 précédentes ont été autant d’échecs), l’interprète de Peggy Olson se mesure à deux grandes favorites : Viola Davis pour Murder, série aux qualités peu évidentes sauf concernant son actrice principale, et Taraji P. Henson pour Empire, programme largement boudé lors des nominations (seulement 3) et qui trouverait là une belle occasion d’être fêtée.

Jon Hamm devrait se féliciter de ne pas être un acteur de comédie, parce que dans cette catégorie figure un archi-favori : Jeffrey Tambor, déjà lauréat d’un Golden Globe pour son rôle de transexuel dans Transparent. C’est un boulevard pour lui, d’autant que pour la première fois depuis une éternité – plus précisément depuis 5 ans, vu qu’il a gagné quatre fois consécutives – Jim Parsons n’est pas nommé pour son rôle de Sheldon Cooper dans The Big Bang Theory. Chez les femmes, il y a davantage de suspense, notamment entre Amy Poehler pour Parks and Recreation et Julia Louis-Dreyfus pour Veep qui, elle, tentera de faire la passe de quatre et d’égaler ainsi Jim Parsons. 

HBO triomphera, mais en coulisses

Il reste encore un peu de place pour certains chouchous. Du côté de Bloodline, les chances de voir Kyle « Coach Taylor » Chandler l’emporter sont très faibles, mais celles de Ben Mendelsohn, poisseux à souhait en mouton noir de la famille Rayburn, sont réelles. Il lui faut toutefois se mesurer à Jonathan Banks dans Better Call Saul, qui reprend son rôle de Mike Ehrmantraut (Breaking Bad), et à Peter Dinklage de Game of Thrones, même si on peut supposer que GoT devra attendre elle aussi son ultime saison – comme Breaking Bad et Mad Men a priori – pour triompher sans partage sur les Emmy Awards. La production HBO permet d’ailleurs à son diffuseur de cumuler 126 citations, dont 24 pour Game of Thrones (et d’ores et déjà 29 Creative Arts Emmy Awards dont 8 pour Game of Thrones ; les récompenses remises le 12 septembre, essentiellement techniques, mais pas seulement puisqu’on y trouve le Between Two Ferns with Zach Galifianakis avec Brad Pitt) : 126 citations grâce aux très nombreuses et fastidieuses catégories, quasiment autant que toutes les citations additionnées des autres diffuseurs.

Concernant les mini-séries ou téléfilms, il serait beau de voir enfin Olive Kitteridge gagner, après avoir été barrée des derniers Golden Globes par True Detective et Fargo (qui reviendra peut-être au Emmy Awards l’année prochaine, si elle est mieux reçue que True Detective 2). Frances McDormand peut être récompensée dans le rôle-titre, même si Maggie Gyllenhaal ne volerait pas le prix si elle l’emportait pour The Honourable Woman. Bill Murray, lui aussi, a des chances de recevoir un Emmy du meilleur second rôle malgré son temps de présence plus que limité dans Olive Kitteridge. Par contre, pour Richard Jenkins, très émouvant dans le rôle de l’époux d’Olive, ça sent le sapin. Face à lui se trouve David Oyelowo, célébré par la critique américaine pour sa performance dans Nightingale, où il est seul en scène du début à la fin, à se débattre avec la folie de son personnage et ses confessions filmées pour Internet. L’acteur pourrait bénéficier en plus de l’aura donné par son rôle dans Selma, si les votants regardent autre chose que la télévision.

CocoriMonaco

Et les Français ? Où sont les Français ? Ils sont bien là. Enfin, pas tout à fait, mais presque. Grace de Monaco, film d’ouverture du Festival de Cannes 2014, faut-il le rappeler, et diffusé aux USA sur Lifetime le 25 mai dernier (six jours avant la date-limite pour les Emmy Awards), concourt dans la catégorie du meilleur téléfilm. Pas la version de son réalisateur Olivier Dahan, en conflit avec les Weinstein au sujet du montage final, mais une nouvelle, meilleure si l’on en croit les tweets blasés du scénariste de Grace, dont la presse spécialisée avait fait ses choux gras, le lendemain de la diffusion américaine :

Rappelons tout de même que Grace de Monaco n’est pas citée par les pronostiqueurs qui misent apparemment toutes leurs économies sur Nightingale, mais surtout sur Bessie, une autre production HBO, consacrée à l’histoire vraie de la chanteuse Bessie Smith, interprétée ici par Queen Latifah.

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