Il y a vingt ans, Bill Pullman faisait son discours dans Independence Day
La Maison Blanche éclate. Boom. Du feu tombe du ciel, la façade éclate, l’explosion aspire un hélicoptère, le chaos. Cet extrait d’Independence Day, diffusé pendant la mi-temps du 30ème Superbowl, excite la curiosité de millions d’Américains qui feront un triomphe au film à sa sortie le 3 juillet 1996. Vingt ans après, que reste-t-il du plus gros succès de Roland Emmerich ? Du fun et un discours : celui de Bill Pullman en président des Etats-Unis, qui harangue les rescapés autour de lui à la veille de la contre-attaque, à la veille du 4 juillet donc, fête nationale américaine sur le point de devenir une fête mondiale.
Le magazine Wired le classe premier de son top des meilleurs discours de présidents US au cinéma. Forbes fait de même et le place devant celui du Président et Miss Wade et de Air Force One. Mesquin sur ce coup, l’American Film Institute le met à la 2ème place, derrière celui de Patton, le héros éponyme du film de Schaffner. Mais le général a pour lui une histoire qui préexiste au film et un long monologue écrit par Francis Ford Coppola. Le président Whitmore, lui, n’a que 90 secondes, mis en scène de manière conventionnelle (à la Capra préfèrent dire les adorateurs du film) en shot/reaction shot, alternant les plans sur Pullman avec des images de visages attentifs dans la foule, et un speech écrit en 5 minutes sur le coin d’une table.
Whitmore et Henry V, même combat
Dean Devlin, coproducteur d’Independence Day et scénariste attitré de Roland Emmerich, s’en est chargé. Le scénario du film a été rédigé en 3 semaines, le plus vite possible afin de contrer la sortie annoncée de Mars Attacks!, du concurrent Warner Bros. Le temps accordé à la rédaction de la tribune de Whitmore est donc proportionnel. Avec l’assurance pour Devlin que, d’ici au tournage, il aura tout loisir de le changer et de l’améliorer. Evidemment, le jour J, il y aura bien un ajout, mais personne ne modifiera la teneur du premier jet, shakespearienne.
Devlin et Emmerich ont un modèle à l’esprit quand ils imaginent l’adresse du chef de la nation à ses compatriotes rescapés : le discours du roi, le jour de la Saint-Crépin, dans Henry V, quand le souverain s’apprête à plonger ses troupes débordées en nombre dans la bataille d’Azincourt.
« Et la Saint-Crépin ne reviendra jamais,
d’aujourd’hui à la fin du monde,
sans qu’on se souvienne de nous,
de notre petite bande, de notre heureuse petite bande de frères ! »
A l’amorce du 3ème acte d'Independence Day, il faut achever la transformation de Whitmore, président mou du temps de paix (la 1ère scène le montre en robe de chambre, le journal à la main) et homme de compromis, en chef de guerre prêt à se sacrifier comme n’importe quel soldat, donc comme n’importe quel Américain à ce moment de l’histoire. Il faut donc de l'intensité et un acteur à la hauteur. La chose paraît aujourd'hui ironique, après plusieurs saisons machiavéliques de House of Cards, mais Dean Devlin voulait de son ami Kevin Spacey pour interpréter le rôle de Whitmore. 20th Century Fox lui a refusé, arguant que Spacey n’avait ni la carrure pour être une star, ni celle pour jouer un président…
Whitmore et Robert Kennedy, même douleur
Independence Day ne perd pas au change avec Bill Pullman qui trouve une inspiration autre que shakespearienne pour son rôle : le discours de Robert Kennedy, s’adressant aux médias deux minutes seulement après avoir appris l’assassinat de Martin Luther King. Pas un discours conventionnel, où chaque mot aurait été pesé et soupesé, objet d’aller-retour entre l’orateur et ses conseillers, non : un discours de leader mais aussi d’homme dont le frère John a été tué dans des circonstances équivalentes à celle du révérend King, qui a une résonance personnelle donnant du poids à la parole (dans Independence Day, on le voit dans les yeux des hommes, femmes, jeunes, vieux, Noirs, Blancs, émus de la même manière). Un speech de reconquête, voire de conquête tout court ? Faire du 4 juillet une fête mondiale, car jour de victoire des humains sur les aliens, donc faire du monde un endroit exclusivement américain ? Ce ne sont pas les intentions, avouées, de Devlin et Emmerich.
Le speech du président fait l’objet d’une petite modification le jour du tournage. Un ajout de dernière minute, et pas des moindres : la référence explicite à la fête nationale américaine, au fameux « Independence Day ». Devlin n’était pas allé au bout de son idée shakespearienne et n’avait pas remplacé Saint-Crépin par le Jour de l’Indépendance. C’est désormais chose faite. « Today, we celebrate our Independence Day ! ». Par patriotisme ? Pas seulement. Rappelons que Independence Day n’a pas reçu le soutien logistique de l’armée américaine. Cette dernière a jugé le script « hautement fantaisiste », donc peu à même de célébrer de manière crédible ses valeurs. Petite provocation à l’égard de l’état-major : le discours de Whitmore, censé avoir lieu dans la fantasmatique Zone 51, est enregistré à Wendover Airfield dans l’Utah, base qui abrita un temps l’Enola Gay, le B-29 qui largua la 1ère bombe atomique sur Hiroshima. Soit un endroit tout relatif quant à la gloire des Etats-Unis, aux yeux du reste du monde en tous cas (à ce sujet, on recommande aux anglophones de lire Independence Day or How I Learned to Stop Worrying and Love the Enola Gay)…
Whitmore et la Fox, même marketing
Le réalisateur et son producteur-scénariste veulent absolument intituler leur film Independence Day, contre l’avis de 20th Century Fox. Le studio préfère l'appeller Doomsday et de toutes manières, Warner Bros a les droits d’Independence Day, titre d’un film de 1983. Devlin et Emmerich veulent donc mettre la Fox au pied du mur, avec un moment de bravoure tel, que leur titre va s’imposer comme une évidence.
Et ça marche : pour la 1ère fois dans l’histoire du cinéma – en attendant preuve du contraire – un personnage annonce de manière triomphale le titre du film dans lequel il est, et cette annonce reçoit un accueil dithyrambique de la foule à l'écran. 20th Century Fox se rend à l’évidence. Ce discours est non seulement un plaidoyer pour la pax americana, mais en plus une publicité pour le film à l’intérieur du film : le studio achète les droits sur le titre et décide une fois pour toute que son blockbuster de l’été 1996 s’appellera Independence Day. Pour faire du 4 juillet davantage qu’une fête nationale réelle, davantage qu'une fête mondiale fictive, mais le jour de la sortie de ce qui sera à l’époque son plus gros succès.
For the record, yes, I am a card-carrying member of the ACLU, but the more important question is "Why aren't you, Bob?" Now this is an organization whose sole purpose is to defend the Bill of Rights, so it naturally begs the question, why would a senator, his party's most powerful spokesman and a candidate for President, choose to reject upholding the constitution? Now if you can answer that question, folks, then you're smarter than I am, because I didn't understand it until a few hours ago.
America isn't easy. America is advanced citizenship. You've gotta want it bad, 'cause it's gonna put up a fight. It's gonna say, "You want free speech? Let's see you acknowledge a man whose words make your blood boil, who's standing center stage and advocating at the top of his lungs that which you would spend a lifetime opposing at the top of yours." You want to claim this land as the land of the free? Then the symbol of your country cannot just be a flag. The symbol also has to be one of its citizens exercising his right to burn that flag in protest. Now show me that, defend that, celebrate that in your classrooms.
Then you can stand up and sing about the land of the free.
I've known Bob Rumson for years. And I've been operating under the assumption that the reason Bob devotes so much time and energy to shouting at the rain was that he simply didn't get it. Well, I was wrong. Bob's problem isn't that he doesn't get it. Bob's problem is that he can't sell it!
We have serious problems to solve, and we need serious people to solve them. And whatever your particular problem is, I promise you Bob Rumson is not the least bit interested in solving it. He is interested in two things, and two things only: making you afraid of it, and telling you who's to blame for it. That, ladies and gentlemen, is how you win elections. You gather a group of middle age, middle class, middle income voters who remember with longing an easier time, and you talk to them about family, and American values and character, and you wave an old photo of the President's girlfriend and you scream about patriotism. You tell them she's to blame for their lot in life. And you go on television and you call her a whore.
Sydney Ellen Wade has done nothing to you, Bob. She has done nothing but put herself through school, represent the interests of public school teachers, and lobby for the safety of our natural resources. You want a character debate, Bob? You better stick with me, 'cause Sydney Ellen Wade is way out of your league.
I've loved two women in my life. I lost one to cancer. And I lost the other 'cause I was so busy keeping my job, I forgot to do my job. Well, that ends right now.
Tomorrow morning the White House is sending a bill to Congress for it's consideration. It's White House Resolution 455, an energy bill requiring a twenty percent reduction of the emission of fossil fuels over the next ten years. It is by far the most aggressive stride ever taken in the fight to reverse the effects of global warming. The other piece of legislation is the crime bill. As of today, it no longer exists. I'm throwing it out. I'm throwing it out and writing a law that makes sense. You cannot address crime prevention without getting rid of assault weapons and hand guns. I consider them a threat to national security, and I will go door to door if I have to, but I'm gonna convince Americans that I'm right, and I'm gonna get the guns.
We've got serious problems, and we need serious people. And if you want to talk about character, Bob, you'd better come at me with more than a burning flag and a membership card. If you want to talk about character and American values, fine. Just tell me where and when, and I'll show up. This a time for serious people, Bob, and your fifteen minutes are up."