Jack Black : « Tous mes personnages sont basés sur Orson Welles »
Ils sont nombreux ceux qui étaient enfants ou jeunes ados dans les années 90 à avoir encore dans leur bibliothèque ou au fond d'un tiroir un bouquin de la collection Chair de poule, créée par R.L. Stine. Cette série américaine de livres fantastiques et horrifiques pour la jeunesse s'est vendue à plus de 350 millions d'exemplaires dans le monde et a été déclinée en série télévisée et en jeux vidéo. C'est au tour du cinéma de s'en emparer : Chair de Poule de Rob Letterman relate les aventures de l'écrivain R.L. Stine, obligé de faire face aux différents monstres qu'il a créés lorsque ceux-ci s'échappent de ses livres et se mettent à saccager sa ville. L'acteur qui interprètre notre héros, c'est Jack Black, rencontré à Paris à l'occasion de la promotion du film. Et sa source d'inspiration pour cette performance n'est autre que le réalisateur de Citizen Kane. Explications de l'intéressé.
« Mon nom devrait être moins présent sur l'affiche du film, afin de laisser plus de place à celui de Danny Elfman ». Soit Jack Black est fan du compositeur des musiques du Batman de Tim Burton ou du thème des Simpson (et donc de la bande-originale de Chair de poule), soit il est trop modeste. Dans les deux cas, il se pose d'emblée comme une personnalité éminemment sympathique, qui avoue sans mal n'avoir jamais entendu parler des livres de R.L. Stine avant d'avoir le script du film entre les mains. Ce n'est qu'en se préparant à son rôle qu'il a découvert deux des fameux bouquins, La Nuit des pantins et L'Abominable homme des neiges de Pasadena.
Le plus « lovable » des « lovable losers »
Jack Black a toujours parfaitement incarné ce qu'il appelle le « lovable loser », le perdant attachant, que ce soit dans L'Amour extra-large des frères Farelly, dans Rock Academy de Richard Linklater avec son rôle phare de Dewey Finn, prof remplaçant aux méthodes inhabituelles, ou tout simplement quand il joue son propre rôle dans Tenacious D, du nom du duo rock qu'il forme avec Kyle Gass (ce n'est pas pour rien qu'il joue un vendeur s'imposant comme un véritable ayatollah de la bonne musique dans High Fidelity). L'acteur ne peut cependant pas être réduit à ses rôles de trublions marginaux tant sa filmographie est hétéroclite. Il incarne Carl Denham dans le King Kong de Peter Jackson mais aussi Jerry, le propriétaire d'un vidéo-club qui tente tant bien que mal de ne pas mettre la clé sous la porte après l'apparition du DVD dans Soyez Sympas, Rembobinez. « Je ne réfléchis pas préalablement aux projets auxquels je vais m'attaquer. Je ne prévois pas de jouer dans une comédie ou dans un drame, je suis simplement mon inspiration et si quelqu'un me propose un super projet, je le fais peu importe le registre et l'âge du public ciblé ». « J'ai actuellement quelques projets qui se trouvent du côté sombre du spectre comique, poursuit le comédien. J'aime m'essayer à des choses que je n'ai pas faites auparavant ». C'est ce qui a poussé Jack Black a prêter sa voix au personnage de Po dans les trois Kung Fu Panda ainsi qu'au protagoniste du jeu vidéo Brütal Legend dont le visage a été modélisé à partir de celui de l'acteur.
La réincarnation... d'Orson Welles ?
Black affirme avoir une source d'inspiration, plutôt inattendue, pour composer certains de ses rôles : Orson Welles. « Quand j'ai lu le scénario de Chair de Poule, je savais que le personnage devait avoir une certaine gravitas. Quand je dois jouer un personnage qui ne me ressemble pas, je le recaste dans ma tête et me demande quel serait le meilleur acteur pour l'incarner » explique Jack Black. « J'ai immédiatement pensé à Orson Welles pour le rôle de Robert Lawrence Stine. J'ai regardé plein de films d'Orson Welles, dont Citizen Kane de nombreuses fois, pour me préparer ». Et ce n'est pas la première fois que l'acteur tente de s'inspirer du charisme d'Orson Welles afin de le retranscrire à l'écran: « Quand je jouais Carl Denham dans King Kong, j'essayais aussi d'imiter Orson Welles. Tous mes personnages sont basés sur Orson Welles. Je commence d'ailleurs à ressembler physiquement à Orson Welles ». Mais pas forcément au Welles de Citizen Kane et Jack Black en a conscience : il conseille d'ailleurs à toute personne n'ayant jamais vu la publicité pour le vin faite par Welles de la découvrir au plus vite.
Tenacious D : la série animée
Si Jack Black a un point commun irréfutable avec Orson Welles, c'est ce côté touche-à-tout et polyvalent. Welles est connu aussi bien pour ses talents de réalisateur avec Citizen Kane - pour ne citer que lui -, de metteur en scène pour la radio avec son adaptation célèbre de La Guerre des mondes d'H.G. Wells, mais aussi de prestidigitateur avec Vérités et Mensonges. Black, quant à lui, s'illustre dans la musique avec son groupe de rock satyrique Tenacious D, formé en 1994, avec lequel il prépare actuellement un nouvel album, ainsi qu'une série d'animation qu'il présente comme « une sorte d'aventure post-apocalyptique ». Dont il espère forcément qu'elle plaira au public français, vu son attachement évident à celui-ci : « Une demi-heure après la fin de notre concert au Trianon - c'était en décembre 2013 - on était dans les loges et quelqu'un est venu nous chercher en nous ordonnant : « Vous devez revenir ! Ils vous rappellent ! ». Cela ne nous était jamais arrivé auparavant ! On est revenu sur scène et on a joué quelques morceaux. C'était magique. J'adore jouer à Paris ». Visiblement, il s'éclate aussi pas mal en Corée du Sud, mais différemment. Comme Orson Welles, avec des chamallows à la place du vin.