De Gold à Lone Ranger, l'extrême diversité du western des années 2000
Les sorties rapprochées de Gold de l'Allemand Thomas Arslan (mercredi 24 juillet) et Lone Ranger de Gore Verbinski (mercredi 7 aout) permettent d'entrevoir l'extrême diversité du western des années 2000.
Le fait que Gold et Lone Ranger sortent à deux semaines d'intervalle seulement et s'opposent en tout au-delà de leur appartenance à un même genre devenu "marginal" invite à se questionner sur celui-ci. Le western semble être d'une part sujet à une réflexion sur la nature humaine poussée dans ses derniers retranchements. Profitant des vastes paysages en toile de fond, le film de Thomas Arslan se consacre avant tout à l'évolution fâcheuse de ses personnages et à la mise en valeur de sa figure féminine principale (autre tendance récente, observable avec Les Disparues, Bandidas ou encore La dernière Piste). Son budget est près de cent fois inférieur à celui de Lone Ranger, où le genre glisse jusqu'à l'hybridité vers le blockbuster d'action, avec explosions à gogo.
Ce dernier cas, comme celui de Cowboys & Envahisseurs (2011), montre que le western peut fournir un imaginaire populaire à déconstruire voire à malmener en en faisant un nouveau terrain de jeu pour le grand spectacle hollywoodien. Pour autant, la démarche montre une nouvelle fois ses limites, près de quinze ans après la première expérience en la matière qu'était Wild Wild West (1999) : les recettes de ces trois superproductions sur leur territoire national n'atteignent pas leur budget, et l'écart entre les deux est même si grand pour Lone Ranger qu'il en devient l'échec américain de la saison.
Même des productions hollywoodiennes plus modestes du genre, telles que Rédemption de Michael Winterbottom (2001), Les Disparues de Ron Howard (2004) ou encore 3h10 pour Yuma de James Mangold (2008) ont été de relatifs échecs au box-office, laissant penser que le genre était véritablement condamné. Depuis, Django unchained a démenti la chose en offrant à Tarantino son plus grand succès à ce jour. Reste que le cinéaste est un vrai spécialiste du western, auquel il s'était déjà livré à de nombreux renvois dans ses précédents opus. Son passage à un pur western était une échéance attendue par les cinéphiles du monde entier...
Le graphique ci-dessus le montre impitoyablement : le western a été en proie depuis les années 1970 (période crépusculaire du genre, avec principalement Sam Peckinpah) à un recul qu'aucune autre typologie de films n'a connu. Reste que plusieurs de ses représentants récents esquissent des approches si diversifiées (on en évoquait déjà beaucoup il y a deux ans) que celui-ci semble conserver un réel potentiel : ésotérisme halluciné pour Blueberry de Jan Kounen (2004), hommage barré au western spaghetti pour 800 Balles de l'Espagnol Alex de la Iglesia (2004) et Le Bon, la Brute et le Cinglé du Coréen Kim Jee-woon (2008), modernité australienne avec The Proposition de John Hillcoat (2009) et Red Hill de Patrick Hughes (2011), réalisme épuré pour La dernière Piste de Keilly Reichardt (2011), etc.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le western peut même se prêter aux micro-budgets : l'exemple unique des Colts de l'Or noir du Français Pierre Romanello (2010), tourné dans les Landes avec son budget de 8.000?, devient d'autant plus frappant une fois mis en perspective avec l'hypertrophie financière de Lone Ranger. Dans l'infographie qui suit, nous avons disposé l'ensemble des westerns tournés depuis 2000 en fonction de leur réalisme d'une part et du niveau de violence d'autre part. La taille des cercles est quant à elle proportionnelle au budget engagé :
(Cliquez sur l'image pour la voir en grand)
Le western des années 2000, ainsi cartographié s'avère donc particulièrement divers. Notons qu'il y aura dès la rentrée un nouveau film à placer sur ce graphique avec la sortie le 9 octobre prochain de Shérif Jackson, un western américain qui sera présenté en septembre au festival de Deauville avec notamment Ed Harris et January Jones.
J'ai beaucoup aimé ce film
Par contre, oui, je te rejoins sur le fait que c'est tout à fait encourageant de voir que ce genre resurgit petit à petit...
In Western we trust !
;-)
Pour lire la critique de l'affiche de Lone Ranger, c'est par ici http://www.lecritiqu...-pirate-de-louest-2/