Cannes 2013 : Le meilleur et le pire de mon premier festival

Je me suis déjà bien assez épanché sur mon ex-virginité cannoise, désormais déflorée à coup de bourrasques dans la tronche, de Martinis tièdes dans le gosier et de files d'attentes longues comme l'A10 dans les jambes. Autant entrer dans le vif du sujet, via une de ces énièmes listes dont l'Internet a le secret.

Abdellatif Kechiche, Léa Seydoux et Adele Exarchopoulos

La récompense du palmarès que personne n'aime sauf moi
Bruce Dern dans Nebraska semble attirer la haine de bon nombre de mes pairs festivaliers, qui auraient préféré voir la Prix d'interprétation revenir aux Renato et Albin de l'an 2013, Douglas et Damon. Et bien qu'ils aillent se faire mettre : dans le genre vieux totalement mité, j'échangerais pas un Bruce Dern en galère avec son dentier contre un Trintignant à la chasse au pigeon.

La récompense du palmarès qui ravit tout le monde mais moi je m'en fous
Le prix du scénario à Jia Zhang Ke pour A Touch of Sin. Non mais si ça se trouve c'est bien, hein, mais je l'ai pas vu en fait.

La plus belle scène de sexe
Les cunnis passionnés de La vie d'Adèle, soit, de dois l'avouer, la raison qui m'a initialement poussé à aller voir ce film, comme un gros beauf. Un film dont je n'attendais rien et qui m'a enchanté bien au-delà de mes espérances.

La plus immonde scène de sexe
Le cunni sanglant de Cabin Fever 3 : Patient Zero, soit la raison qui ne m'a pas fait haïr ce film. Un film dont je n'attendais rien et qui m'a par intermittence faire rire comme une otarie.

La plus belle photo que j'ai prise avec mon smartphone

Depardieu, Tarantino, Delon, et plein d'autres (dont Woody Allen qui joue visiblement de la clarinette en lâchant des caisses) = la plus belle peinture murale depuis celle de Lascaux 2. Et encore, là, on en voit que 20%, de cette oeuvre au moins aussi enivrante que le rosé de la pizzeria qui l'héberge.

La pire photo que j'ai prise avec mon smartphone

On distingue bien Steven Spielberg caché derrière Kate Capshaw ici prise de dos, non ? Le regard de son bodyguard hante encore mes nuits, au moins autant que le nageur moustachu de L'Inconnu du Lac.

La soirée la plus cool que j'ai faite
Celle du film de Serge Bozon, Tip Top, où ledit Bozon mixait lui-même des vinyles rock'n'roll très 50's. Si c'est ma soirée (au sens teuf cannoise sur invitation) préférée, c'est surtout parce que c'était ma première, je crois.

La soirée la plus affligeante que j'ai faite
Celle du samedi 18 durant laquelle, découragé par la pluie battante, je me suis couché à 21h15 en lançant le divx du dernier Uwe Boll, Assault on Wall Street, tellement pourri que je me suis endormi avant même que le massacre des banquiers ne commence.

L'émission web sur le festival (hors Cannes Inside) qui m'a fait plaisir
Cannes Cocktail était bien frais. Si vous aimez Ricky Gervais, la danse des mots et l'alcool, cette émission est faite pour vous.

L'émission web sur le festival (hors Cannes Inside) qui m'a mis mal à l'aise
Cannes you tweet it, de Canal+. Et je ne dis même pas ça à cause de la bourde homophobe de leur community manager.

Le film que j'ai raté et que j'ai foutrement hâte de voir
The Immigrant, ex-aequo avec Inside Llewin Davis, deux films d'obscurs ricains qu'on m'a décrits comme prometteurs.

Le film que j'ai vu mais que j'aurais préféré rater
Michael Kohlhaas, soit Game of Thrones si Victor Lanoux l'avait réalisé.

Bilan global
J'avais peur de haïr ce festival après l'avoir trop idéalisé pendant mes jeunes années puis conspué, non sans jalousie, depuis son omni-médiatisation twitteresque. In fine, j'ai plutôt kiffé, avec une nette préférence pour l'ambiance feutrée des cinémas locaux accueillant le Marché du film (Olympia et Arcades, vous me manquez tant) que pour son immense palais. Après, faut pas se leurrer : le côté über-blindé-de-monde ajouté aux kilomètres à faire pour circuler en fait un équivalent ciné de Rock en Seine. Moi perso, je préfère la Route du Rock.

Image : © AFP