Palmes d’Or 2023: résultat
Merve Dizdar : Interprètation féminine pour « Les herbes sèches » Koji Yakusho: Interprétation masculine pour « Perfect Days » Scénario : Sakamoto Yuji pour « Monster » Jury: « Les Feuilles mortes » Aki Kaurismaki Mise en scène :Tran Anh Hung pour «La passion de Dodin Bouffant Grand Prix Jonathan Glazer : « The Zone of Interest » Palme d’Or: Justine Triet pour «Anatomie d’une chute »
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(2023)3h17Synopsis : Dans un village isolé d’Anatolie. Samet, jeune professeur célibataire, finit son service obligatoire en espérant être nommé à Istanbul. Son affectation manquée, il perd alors tout espoir d’échapper à la vie morose dans laquelle il semble embourbé. Mais sa rencontre avec Nuray, professeure comme lui, va peut-être lui permettre d’aller au-delà de ses idées noires et de ses appréhensions.
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(2023)2h06Synopsis : Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ...
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(2023)1h21cinephile54“ Film plus sombre et désespéré que ses précédents. Moins de poésie même si l'Amour reste la solution pour éviter de sombrer. Joli plan final. ” — cinephile54 30 septembre 2023
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(2023)2h14cinephile54“ Aimons donc! De l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons! Dégustation épicurienne, sensorielle, quasi olfactive de mets cuisinés avec amour. ” — cinephile54 7 mars 2024
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(2023)1h46cinephile54“ L’Eden du bourreau d’Auschwitz. Clinique et glaçant. L’indicible répulsion est d’autant plus prégnante car suggérée par la sonorité… ” — cinephile54 4 février 2024
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(2023)de Wim Wenders avec Kōji Yakusho, Tomokazu Miura, Yumi Asō2h03cinephile54“ Pas une once d’ennui à observer Hirayama dans son quotidien. Solitaire, taiseux, plein d’humilité, de bienveillance, ce perfect man irradie! ” — cinephile54 4 février 2024
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(2023)2h31Synopsis : Samuel est retrouvé mort dans la neige au pied du chalet isolé où il vit avec sa femme Sandra, écrivaine allemande, et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel. Une enquête conclut à une "mort suspecte" : impossible de savoir s'il s'est suicidé ou s’il a été assassiné. Sandra est mise en examen, et nous suivrons son procès, véritable dissection du couple. Daniel est tiraillé : du tribunal à la maison, le doute s’installe entre la mère et le fils.
COMPÉTITION − Pour son quatrième long métrage, la réalisatrice excelle avec un scénario diabolique sur la dissolution du couple. Un film ambitieux pour du grand cinéma. Justine Triet a remporté la Palme d’or.
« Anatomie d'une chute », de Justine Triet.
« Anatomie d'une chute », de Justine Triet. Les Films Pelleas - Les Films de Pierre
Par Jacques Morice
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Publié le 21 mai 2023 à 18h30
Mis à jour le 27 mai 2023 à 22h08
Dans un coin isolé de montagne, un homme a chuté du haut de sa maison. Il est retrouvé mort par son fils, 11 ans, malvoyant, revenu d’une promenade avec son chien. Que s’est-il passé ? Accident, suicide, homicide ? Une enquête est ouverte. Sa femme (fascinante Sandra Hüller, lumineuse et impénétrable), écrivaine, présente dans la maison au moment des faits, est suspectée. Arrive aussitôt un ami de confiance (Swann Arlaud), avocat de profession, qu’elle n’a pas vu depuis plusieurs années. Il lui demande de raconter en détail tout ce qu’elle a fait, ce qu’elle a entendu. Tout en laissant deviner que certains éléments peuvent l’accabler, il est clair qu’il ne doute pas de son innocence.
Et nous ? On ne cessera d’apprendre, de s’interroger, en se forgeant sa propre conviction. Il y a bien là tous les éléments concourant au suspense d’une véritable intrigue policière, mais rehaussée d’une approche intime des personnages. Dès le début, un sentiment de proximité s’est en effet instauré avec Sandra, cette héroïne complexe qu’on découvre dans son foyer, lieu d’ancrage et d’effondrement de l’histoire. Le décor, la vie matérielle, l’expertise des faits, d’un côté ; la chute, la verticalité de l’abîme, le puits sans fond de la vérité, de l’autre.
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Voilà de quoi est fait Anatomie d’une chute, le quatrième long métrage d’une réalisatrice qu’on a défendue depuis ses débuts. Mais Justine Triet franchit clairement un palier avec ce film ambitieux sur la défaite d’un couple, analysée et disséquée avec d’autant plus d’intérêt qu’il confronte deux fortes personnalités, ayant chacune la passion de l’écriture. Une passion quelque peu contrariée chez Samuel, le mari, professeur charismatique, qui avait décidé de faire classe à leur fils à la maison. Est-ce par manque de temps, d’énergie, de confiance en lui ? Il n’était pas parvenu au statut de reconnaissance littéraire de sa femme.
Bataille d’ego, désir, frustration, jalousie sont au cœur du film. Faire perdurer le couple n’est pas chose aisée, il faut que chacun y trouve sa place, son équilibre, son indépendance. C’est une construction fragile. Arthur Harari et Justine Triet, couple à la ville, le savent pertinemment. C’est ensemble qu’ils ont écrit ce scénario diabolique, manière qu’on imagine volontiers joyeuse pour eux d’évacuer le pire. La sagacité de ce scénario est d’aborder la faillite du couple à travers plusieurs angles – psychologique, politique, sexuel et finalement judiciaire. Pari fou, pleinement gagné. Le procès de Sandra offre un terrain idéal pour tout savoir d’elle, sachant que cette vie privée ainsi exposée n’est pas sans risque pour son fils meurtri, Daniel, un garçon vif, intense tout autant qu’émouvant. Il est rarissime de voir un enfant appréhendé ainsi, dans un conflit de loyauté, avec tant d’aplomb et de foi. Et c’est sans doute la hardiesse majeure du film : faire de Daniel, face à sa mère accusée du meurtre de son père, une sorte de voyant extralucide. Qui, par ses témoignages à la barre, laisse médusée la présidente du tribunal.
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Croire en la capacité d’écoute et de raisonnement de chacun. Voilà ce qui motive Justine Triet, si sensible dans sa mise en scène au son, à la parole – le recours à telle ou telle langue (l’anglais, le français, l’allemand) et à sa traduction constitue ici un enjeu de plus dans ce mille-feuille fictionnel. Voilà du cinéma qui veille en somme à toujours élever ses personnages vers le haut, quels que soient leur égoïsme, leur ingratitude ou leur cruauté. Tout le contraire d’une chute. À mi-festival, on peut déjà se lancer dans les pronostics. Il serait vraiment étonnant, pour ne pas dire rageant, que ce grand film ne soit pas récompensé, d’une manière ou d’une autre. Prix du scénario, Prix d’interprétation féminine, Prix de la mise en scène, Palme d’or, pourquoi pas. Dans toutes ces catégories, Anatomie d’une chute excelle.
s Anatomie d’une chute, de Justine Triet (2h30). Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Samuel Theis. En compétition. Sortie en salles le 23 août.
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